Orientation et Réussite Étudiante - Pour le Sgen-CFDT, la réforme ne pourra réussir qu'à la condition de mettre un terme au sous-financement structurel de l'ESR qu'accentue par ailleurs la hausse des effectifs. Déclaration liminaire du Sgen-CFDT lors de la réunion du CNESER du 6 mars 2018.
Déclaration du Sgen-CFDT
Madame la Ministre,
Le Sgen-CFDT agit pour permettre aux élèves et aux étudiant·es de trouver les ressources indispensables à leur émancipation et à la construction de leur avenir au sein d’établissements leur offrant de bonnes conditions d’accueil et de bonnes conditions de travail pour les personnels. L’un ne va pas sans l’autre. Fort de ce principe, nous nous sommes toujours prononcés contre une procédure de tirage au sort qui pouvait restreindre de manière injuste l’accès à l’enseignement supérieur. Et nous nous mobilisons à tous les niveaux contre la « constante macabre » que constitue l’échec en licence.
C’est pour cela que nous avons soutenu le principe de cette réforme : elle réaffirme le droit à s’inscrire en premier cycle pour tous les titulaires du baccalauréat, et surtout, elle réaffirme un droit à l’accompagnement pour les étudiants les plus éloignés des attendus de la filière dans laquelle ils ont souhaité s’inscrire. C’est cela qui doit permettre de changer la réalité de l’université d’aujourd’hui où la part des enfants issus des familles populaires est encore trop faible, où les bacheliers qui sont les plus éloignés des codes scolaires et universitaires bénéficient du taux d’encadrement le plus faible de l’enseignement supérieur et font les frais de la différence inacceptable des moyens alloués entre les filières sélectives et les filières non sélectives.
Pour le Sgen-CFDT, le cœur de cette réforme repose donc sur une logique nouvelle et ambitieuse qui nous engage tous : celle qui consiste à personnaliser l’accès à l’enseignement supérieur en permettant notamment à celles et à ceux qui en ont besoin de bénéficier de dispositifs adaptés. Une telle logique n’a rien à voir avec un élitisme malthusien qui serait d’ailleurs préjudiciable à notre pays.
Nous n’ignorons pas que ces textes et la loi dont ils résultent répondent à des attentes divergentes voire contradictoires. Nous savons que certains ont tenté d’en faire un levier pour créer un système sélectif à l’université. Nous n’ignorons pas que certains ont voulu s’en servir pour promouvoir une logique adéquationniste tout à fait stérile. Nous nous sommes exprimés contre ces tentatives et nous les combattrons résolument si l’on tente d’instrumentaliser la réforme en ce sens. Par ailleurs, nous continuerons aussi de porter la demande d’une transformation ambitieuse du baccalauréat et du lycée pour mieux préparer les jeunes à leur entrée dans le supérieur.
Il faut plus de moyens pour permettre à tous les établissements de relever le défi de la démocratisation et de la réussite étudiante.
Les textes que vous nous soumettez aujourd’hui ne sont que le début d’un processus et ne prennent sens que dans un contexte plus large. Les établissements doivent recevoir les moyens de mettre en place un examen effectif des dossiers ou les dispositifs de remédiation nécessaires de manière durable. La détermination des capacités d’accueil ne doit pas se faire au prix d’une précarisation ou d’une fragilisation des personnels. Sinon, la réforme constituera un échec majeur obérant la politique de l’enseignement supérieur pour les années à venir. En effet, la réforme ne pourra réussir qu’à la condition de mettre un terme au sous-financement structurel de l’ESR qu’accentue par ailleurs la hausse des effectifs. Il faut plus de moyens pour permettre à tous les établissements de relever le défi de la démocratisation et de la réussite étudiante.
L’État doit prendre ses responsabilités en s’engageant fermement sur cette voie de manière claire et transparente. Cette transparence implique notamment une évaluation des politiques mises en place par les établissements, pour éviter de retrouver les errements du Plan Réussite en Licence, et pour faciliter la diffusion des pratiques efficaces.
À cet égard, pour le Sgen-CFDT, le budget 2019 sera déterminant. Il permettra, Madame la Ministre, de mesurer la réalité des intentions et des ambitions du gouvernement.
pour aller plus loin :
- Loi Orientation Réussite Étudiante (ORE) : quelle analyse ?
- Loir ORE : reconnaitre le rôle des personnels de scolarité
- La réforme du bac et du lycée : une équation à beaucoup trop d’inconnues.
- Loi ORE : lettre commune Sgen-CFDT, Fage, Sup-Recherche UNSA, FCPE et Syndicat Général des Lycéens pour la création d’un comité de suivi