Accompagnement social et scolaire des élèves, enseignement à distance, questions pratiques importantes encore sans réponse (situation des AED et des AESH, accueil des enfants prioritaires, ASA pour garde d'enfant, concours...), l'intervention liminaire du Sgen-CFDT lors du CTMEN du 7 avril 2021.
COMITÉ TECHNIQUE MINISTÉRIEL DU 7 AVRIL 2021
DÉCLARATION LIMINAIRE DU SGEN-CFDT
Accompagnement social et scolaire des élèves
La crise sanitaire qui affecte longuement notre société et tous les secteurs de notre économie a pour conséquence de fragiliser des pans entiers de notre société : maladie et angoisse liée, chômage, pertes de revenus. Les enfants et élèves ne sont pas à l’écart de tout cela. Le Sgen-CFDT porte des demandes depuis de nombreux mois sans réponse du ministère ni du gouvernement.
Cela suppose des investissements…
Reconstruire avec les élèves, les familles, éviter les renoncements, l’amoindrissement des ambitions suppose et supposera une capacité du système éducatif à renforcer l’accompagnement social et scolaire des élèves. Cela suppose des investissements. Investissements pour changer le schéma d’emploi afin d’améliorer l’encadrement : nous avons besoin de plus de personnels de service social, de plus de personnels de vie scolaire, de plus de personnels de santé, de plus de personnels d’enseignement. Investissements pour anticiper des besoins accrus en termes de bourses, de fonds sociaux.
Enseignement à distance
La nouvelle poussée épidémique, marquée par l’impact du variant anglais et par une circulation accrue du virus parmi les enfants, les adolescents et les adultes d’âge actif, a amené l’exécutif à décider d’un nouveau confinement et d’une phase de suspension de l’enseignement en présentiel.
L’outillage informatique, pourtant essentiel, n’est pas au rendez-vous…
L’école vient de repartir pour deux périodes de cours à distance. La journée du 6 avril était donc importante pour initier ce nouveau cycle. Les acteurs de terrain auront apprécié combien l’outillage informatique, pourtant essentiel, n’était pas au rendez-vous. Des remontées alarmantes nous ont permis de constater que les serveurs sans doute saturés n’ont pas permis aux ENT de fonctionner. Idem pour Pronote. Les établissements qui avaient préparé une communication sur les procédures de continuité pédagogique à destination des parents et des élèves ont été obligés de bricoler toute la journée pour pallier les insuffisances informatiques et donner de la visibilité aux élèves et aux familles.
L’accès aux outils informatiques est pourtant essentiel pour, outre l’enseignement proprement dit, les procédures comme Parcoursup. Dès l’an dernier, nous avions proposé qu’en plus des dotations en matériel informatique aux élèves, le gouvernement travaille avec les fournisseurs d’accès à internet pour que les élèves puissent tous accéder réellement à l’enseignement à distance.
Un parcours du combattant pour beaucoup d’élèves.
Qu’en aura-t-il été pour beaucoup d’enfants, dont ceux des secteurs les plus défavorisés, pour qui l’enseignement en ligne se sera avéré un parcours du combattant ? Quand le discours public confond parfois enseignement à distance et cours en visioconférence, cela devient parfois une injonction à réaliser tout l’emploi du temps en visioconférence, à exiger un contrôle de la présence des élèves comme si aucun n’avait objectivement d’impossibilité à se connecter.
Sur le terrain toujours, la débrouillardise l’aura sans doute emporté sur l’organisation réelle d’un service d’enseignement à distance vraiment respectueux des données RGPD, puisque chacun aura dû trouver ses propres moyens de communiquer avec les élèves et les parents.
Faute de bilan de l’expérience passée, le retour à la débrouillardise…
Que la bonne marche du service public repose à ce point sur la débrouillardise personnelle interroge sur le sérieux de l’ensemble alors que nous avions pourtant, déjà en principe, acquis une expérience dans ce domaine. Là encore, nous avions proposé que les équipes disposent de temps de concertation, en allongeant la pré-rentrée en septembre, ou en banalisant une journée au moment où s’annonce un changement majeur d’organisation pédagogique. Refusé, ce temps de concertation, de travail entre professionnels, aurait sans doute permis du partage et de l’analyse d’expérience, de la formation entre pairs, une réflexion sur la manière d’installer, en présentiel, des habitudes de travail partagées facilitant le travail à distance des élèves avec les enseignants.
De nombreuses questions très pratiques restent sans réponse…
Dans ce qui prend l’allure d’un sauve-qui-peut, de nombreuses questions très pratiques ont fait surface, auxquelles nous n’avons toujours pas de réponse. Nous revenons sur quelques-unes de ces questions.
Personnels AED Vie Scolaire et AESH
Malgré nos alertes lors du CTMEN du 2 avril, nous constatons que des personnels AED Vie Scolaire et AESH sont réquisitionnés (le terme est parfois employé, ailleurs ils et elles sont convoqués, invités fortement…). Le Sgen-CFDT demande solennellement qu’une directive soit communiquée au plus vite aux Rectorats et que les organisations syndicales soient également destinataires de cet écrit officiel. Il est inacceptable que des personnels soient réquisitionnés. AED comme AESH ne doivent pas être exclus par principe du travail à distance, et doivent être équipés pour pouvoir le faire.
Accueil des enfants des professions prioritaires
Concernant l’accueil des enfants des personnels prioritaires, deux questions restent encore sans réponse :
- Est-ce que le télétravail d’un des parents est compatible avec le distanciel scolaire de ses enfants ?
- Est-ce que les enfants accueillis prioritairement ayant une notification MDPH doivent être accompagnés dans toutes les situations par un.e AESH ? Si oui, l’AESH doit-il être obligatoirement volontaire ? Si la réponse est négative, la notion de volontariat connaîtrait donc des exceptions qui ne nous conviennent pas (de fait, sans volontariat, les AESH réquisitionnés seraient exclus de la prime d’accueil par exemple).
Concours
Des candidat.e.s aux concours rencontrent d’importants problèmes logistiques : annulation des nuits d’hôtel, difficulté avec certains transports. Avez-vous prévu des solutions et lesquelles ?
ASA pour garde d’enfant de moins de moins de 16 ans
Concernant les ASA pour garde d’enfants, quelle est la règle concernant les “moins de 16 ans”? Des interprétations existent localement concernant les élèves scolarisés en collège et lycée ? Un éclaircissement semble plus que nécessaire.
Conséquences du décalage des vacances scolaires
Le décalage des vacances scolaires entraîne des difficultés importantes nous l’avons déjà souligné pour les enseignant.e.s et CPE stagiaires du fait du découplage entre vacances scolaires et universitaires. Mais cela annonce aussi des difficultés à venir pour des agents dont le mode de garde de leurs jeunes enfants ne s’adaptera pas à ce nouveau calendrier. Il faut d’ores et déjà prévoir que des personnels ne pourront travailler dans les semaines de fin avril et début mai faute de mode de garde. Ils (et souvent elles) ne doivent pas être sanctionnés, mis en difficulté pour cette raison.
Sécurité sanitaire et organisation du retour en présentiel
Enfin, si nous savons tous que la sortie de crise passe par la vaccination massive de la population, nous constatons tous aussi que fin avril, début mai, la vaccination n’aura pas encore atteint 70 à 80% de la population. Compte-tenu des doses disponibles, la vaccination est encore destinée à protéger d’abord les plus fragiles pour éviter le risque de devoir être placé en réanimation de nombreuses semaines, voire de décéder. La vaccination pour enrayer enfin la circulation du virus et donc l’épidémie n’est hélas pas pour tout de suite.
La conclusion factuelle qui s’impose à tous, d’autant que la vaccination n’est efficace que 2 à 3 semaines après les injections et donc assure une protection maximale 2 à 3 semaines après la seconde injection, est que le virus circulera encore fin avril et début mai dans les tranches d’âges qui étudient et travaillent dans les établissements scolaires.
Le ministère va-t-il mettre à profit le temps qui reste avant la réouverture ?
Les 3 semaines et demi qui restent avant une éventuelle réouverture à l’enseignement en présentiel vont-elles enfin être mises à profit pour fournir de meilleurs équipements de protection, pour améliorer la ventilation et la mesure de la qualité de l’air dans les salles de classe et de cantine, pour organiser autrement le temps de cantine afin d’y garantir une distanciation réelle ? Le ministère travaille-t-il à l’hypothèse d’une réouverture partielle au sens où on ne viserait pas directement le 100% des élèves présents ensemble 100% du temps ? Ou de nouveau les différents scénarii de reprise ne seront pas anticipés, préparés, annonçant de nouveau des semaines difficiles pour les personnels, les élèves et les familles ?
Les organisations SNES-FSU, SGEN-CFDT, SNALC, UNSA, avec le soutien de l’ANACFOC, se mobilisent pour un traitement équitable de tous les personnels de l’Éducation nationale et une revalorisation des conditions d’exercice du métier de conseiller en formation continue.
Cadres de l’Éducation Nationale, les conseillers en formation continue prennent part au pilotage opérationnel des GRETA sur le terrain et à l’échelon académique, en lien avec les orientations nationales et régionales. Ils assurent le développement des GRETA sur l’ensemble des territoires (139 GRETA, 4 750 sites de formation), ils sont les pivots de l’organisation, spécialistes de l’ingénierie de formation, manageurs d’équipes, interfaces du marché qu’ils prospectent, développeurs de l’apprentissage… Les conseillers en formation continue prouvent quotidiennement l’utilité fondamentale de leur mission.
Et pourtant, ils sont trop souvent restés les grands oubliés dès qu’il s’agit de leurs missions, de leur rémunération et de l’évolution de leur carrière.
Tout en saluant la mise en place d’un groupe de travail spécifique à l’agenda social et l’évolution présentée de jour qui met fin au caractère exclusif de la prime de CFC, nos organisations continuent de revendiquer :
- la revalorisation de l’indemnité de sujétion spéciale de CFC de 30% ,
- une NBI de 40 points,
- l’accès au vivier 1 de la classe exceptionnelle,
- la refonte du référentiel,
- la création pour les CPIF d’une discipline d’enseignement.
En ce qui concerne la revalorisation de l’indemnité, la première marche cette année est jugée insuffisante par la profession, et n’aura de sens que si elle s’inscrit dans une montée en charge pluriannuelle garantie. Par ailleurs, nos organisations se déclarent prêtes à travailler sur la proposition du ministère d’une indemnité annuelle complémentaire équitable pour tous.
Enfin, alors que des chantiers s’ouvrent dans certaines régions académiques pour la gestion des CFC nos organisations demandent au ministère de veiller à ce que la gestion des CFC soit mieux harmonisées sur l’ensemble du territoire, évitant ainsi un certain nombre de dysfonctionnements locaux.
L’attractivité de la fonction de CFC est une urgence pour faire face au turn over grandissant et aux difficultés de recrutement.