Pratiques professionnelles et conditions d’exercice du métier enseignant : près de 50 pays, dont la France, ont participé à l’édition 2018 de Talis, enquête internationale de l'OCDE. Il s’agit de la seconde participation de la France après celle de 2013.
La formation initiale et continue des enseignant·es est actuellement interrogée tant par le ministère que par les personnels. C’est d’ailleurs l’objet d’une enquête internationale à laquelle la France participe pour la deuxième fois : Talis : Teaching And Learning International Survey.
Qu’est-ce que l’enquête Talis ?
Talis est une enquête internationale initiée par l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE). Elle permet des comparaisons inédites dans le temps et l’espace des systèmes éducatifs en donnant la parole aux enseignant·es et aux chef·fes d’établissement sur leurs pratiques professionnelles et sur les conditions d’exercice de leur métier. Pour cette deuxième participation, la France a aussi interrogé des enseignant·es et des directeurs et directrices du premier degré. Les publications de la Depp, direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, présentent les résultats. Ceux-ci seront d’ailleurs repris et détaillés dans les prochaines publications de la Depp.
Formation initiale et continue
Seuls 16% des enseignant·es du premier degré estiment avoir été préparé·es à la gestion de classe en formation initiale. Les contenus abordés en formation continue ne répondent pas pleinement aux attentes : plus de la moitié des enseignant·es interrogé·es expriment le besoin d’une formation à l’enseignement aux élèves à besoins éducatifs particuliers.
Le manque d’enseignant·es compétent·es à la prise en charge d’élèves aux besoins éducatifs particuliers demeure pourtant le problème exprimé le plus fréquemment par les directeurs et directrices d’école français (62%).
Cette question est cruciale dans le cadre d’une école inclusive, le Sgen-CFDT revendique l’accès de tous aux formations visant la réussite des parcours de tous les élèves.
Pratiques pédagogiques
La grande variété des pratiques de classe des enseignant·es français·es rend difficile la définition de profils. Cependant, certaines pratiques s’associent entre elles de manière évidente et se traduisent par un sentiment d’efficacité des enseignant·es. Ils participent à un plus grand nombre d’activités de formation continue.
Ceux-ci exposent les objectifs au début du cours, indiquent aux élèves les attendus en termes d’apprentissage, font le lien entre les séances ou font référence à un problème de la vie courante pour montrer l’utilité des nouveaux acquis. Ils, elles ont également plus souvent recours aux stratégies dites d’activation cognitive, qui développent l’esprit critique et proposent des exercices sans solution évidente… Les enseignant·es adeptes de ces pratiques ont recours au travail en groupe des élèves, les laissent évaluer eux-mêmes leurs progrès et utiliser le numérique en classe.
Des écarts de pratique frappants à l’échelle européenne…
Pourtant, 14% des enseignant·es français·es seulement indiquent laisser les élèves utiliser les technologies de l’information et de la communication en classe. Ils sont trois fois plus nombreux dans les autres pays européens.
Le Sgen-CFDT souligne le lien évident entre les injonctions ministérielles actuelles visant le lire, écrire, compter et le moindre recours aux pratiques pédagogiques développant l’esprit critique, la créativité des élèves.
Les écarts de pratique à l’échelle européenne sont frappants en ce qui concerne l’enseignement de tâches complexes ou mobilisant des compétences transversales. Les enseignant·es français·es se déclarent moins nombreux que les autres européens à expliciter les liens entre les thèmes abordés. Seuls 25% des enseignant·es se déclarent bien préparé·es à ce travail. Si on lie ce pourcentage aux 15% reconnaissant un accompagnement à la prise de fonctions, la nécessité de revoir l’accompagnement des personnels, la formation au travail d’équipes et aux pratiques pédagogiques permettant l’émancipation de chacun est criant.