L'inquiétude présente doit être entendue, cependant, une reprise progressive est possible sous certaines conditions...
Vers une reprise d’activité progressive dans l’enseignement agricole
Pour le Sgen-CFDT, la réussite de la reprise des activités dans l’enseignement agricole n’est possible que si elle passe par le respect de l’autonomie des acteurs de terrain, par la confiance accordée aux équipes et à leur expertise, par la conduite du dialogue social dans les instances locales (notamment en CoHS).
A cette condition, le retour pour les apprenants et les agents pourra se faire sereinement. La circulaire du 15 mai 2020 portant sur le plan de réouverture des établissements dans l’enseignement technique agricole va dans ce sens (Circulaire également disponible sur Chlorofil).
La circulaire pose un cadre national cohérent…
Depuis le début du confinement, le Sgen-CFDT est force de propositions et fait évoluer par les nombreux amendements qu’il pose, les textes de cadrage du ministère de l’agriculture et de la DGER en particulier.
Le respect des enjeux sanitaires et la protection des agents et des apprenants forme un enjeu prioritaire. Chaque agent, chaque établissement a le devoir de les appliquer.
Pour le Sgen-CFDT, cette circulaire, le plan de réouverture des établissements pose un cadre national cohérent, il doit être respecté et devra être décliné localement afin de tenir compte du contexte et des contraintes propres à chaque établissement.
Laisser des marges de manœuvre aux établissements
La réouverture des établissements engagée la semaine du 11 mai 2020 devra se faire en concertation avec les personnels et leurs représentants et de leurs représentantes du personnel.
Les CoHS devront être réunies avant l’accueil des apprenants et ensuite régulièrement. En situation de crise, le dialogue prévaut et ce principe est retenu par le ministère. En mobilisant leurs instances, les équipes de direction en s’appuyant sur la connaissance et l’engagement des agents pourront ainsi déterminer comment il est possible d’organiser la montée en régime de leurs activités.
Adapter le rythme de la reprise aux possibilités du terrain et à la configuration singulière de chaque établissement.
Pour le Sgen-CFDT, l’enjeu est clair : il faut adapter le rythme de la reprise aux possibilités du terrain et à la configuration singulière de chaque établissement. La prudence, la confiance et le bon sens doivent animer les collectifs. Sans tomber dans un hygiénisme déraisonné, il va falloir repenser l’organisation du travail et des services, de la restauration et de l’hébergement et l’accueil du public. Le nettoyage des locaux et l’accueil des usagers vont également connaître des évolutions radicales.
Il va falloir être proactif localement mais aussi au niveau régional. Le Sgen-CFDT souhaite que les CHSCT-REA / CT-REA aient à cœur de suivre et d’accompagner les établissements en ayant un rôle d’alerte si des dysfonctionnements apparaissent et de veille pour capitaliser les bonnes pratiques qui vont immanquablement émerger.
Une organisation hybride en perspective à inventer
Les établissements vont concevoir de nouvelles organisations hybrides combinant temps de travail en présentiel et à distance. La capacité d’accueil des EPL va être moindre (estimation : 30% en moyenne pour juin). L’enseignement à distance va inévitablement se poursuivre et pourrait perdurer à la rentrer. Il faut dès à présent anticiper cette perspective.
Tirer les enseignements de cette période « test » pour mieux organiser la rentrée de septembre.
Pour le Sgen-CFDT, la reprise est une période « test », il sera nécessaire d’organiser et d’ animer des réunions sur un retour d’expérience (Ret-Ex) pour alimenter les plans locaux visant l’organisation de la rentrée de septembre.
Cette organisation du travail à construire doit s’inscrire dans un cadre commun discuté avec l’ensemble des partenaires des établissements : le territoire, les familles et la profession. Les questions de transports, des périodes de formations en milieu professionnel, des équipements seront à discuter.
Enfin, et ce chantier est prioritaire, il faut donner du sens à cette reprise, notamment du point de vue pédagogique et éducatif. Priorité doit être accordée aux élèves et aux familles qui ont le plus besoin de ce retour en établissement, aux décrocheurs, aux élèves ayant des difficultés d’ordre social, pédagogique ou familial. Priorité doit être donnée à la mise en œuvre d’une école inclusive et bienveillante et à une expression collective pour faire le point le vécu de la période de confinement.
L’ouverture des internats et réalisation des stages en milieu professionnel
Internats
Les conditions sanitaires doivent être garanties notamment sur ces lieux d’accueil et de formation. Le nombre d’apprenants qui vont pouvoir être accueillis va être variable d’un EPL à l’autre. Les personnels de direction ne doivent subir aucune pression d’injonction à ouvrir massivement les internats ou à envoyer les apprenants en stage si le cadre sanitaire ne peut être garanti. Il faut pourtant laisser cette possibilité ouverte.
Stages
Le Sgen-CFDT a pesé pour que les stages et périodes de formation en milieu professionnel pour les élèves et étudiant.es de plus 16 ans puissent être autorisés, à l’appréciation du chef d’établissement, selon les conditions cumulatives restrictives suivantes :
- respect des conditions sanitaires de protection contre le COVID 19 (avenant précis à prévoir dans la convention de stage) ;
- accord de l’entreprise pour accueillir le jeune avec présence du tuteur ;
- accord du représentant légal ;
- accord de l’équipe enseignante.
Les rubans pédagogiques prévoient ces périodes de formation en milieu professionnel en juin. Les interdire aurait généré des difficultés organisationnelles inextricables. Il faut laisser de l’autonomie aux équipes ! C’est elles qui connaissent le mieux le réseau des entreprises qui accueillent les apprenants.
L’acquisition des gestes professionnels en milieu professionnel est essentielle…
Pédagogiquement, il faut souligner que l’acquisition des gestes professionnels en milieu professionnel est essentielle pour maintenir la qualité de la formation et pour forger la compétence professionnelle des jeunes. C’est la marque de la singularité de l’enseignement agricole et sa crédibilité qui sont en jeu.
Enfin, pour le Sgen-CFDT, il n’y a aucune défiance à avoir à priori et par principe envers le monde professionnel qui est un partenaire de longue date de l’enseignement agricole (la confiance n’excluant pas le contrôle).
Bienveillance et attention aux personnes fragiles
La question des élèves qui ont été fragilisés par ce confinement doit piloter les conditions pédagogiques de la réouverture mais plus largement celles de la rentrée 2020. L’organisation de l’accompagnement des élèves en situation de handicap est stratégique. Les AESH, AVS, AE sont plus que jamais mobilisés pour relever ce défi.
Enfin, cette crise épidémiologique a mis en lumière les inégalités sociales et environnementales de nos sociétés ainsi que ses injustices. C’est un chantier qui va collectivement nous mobiliser dans les années à venir.
Faire preuve d’audace quitte à se démarquer, quand cela est nécessaire, des lignes suivies par le Ministère de l’Éducation Nationale.
Pour le Sgen-CFDT, la confiance envers les équipes pédagogiques, éducatives et de direction doit primer pour permettre à cette rentrée de fin d’année de se dérouler au mieux. Collectivement, Il va falloir faire preuve d’audace quitte à se démarquer, quand cela est nécessaire, des lignes suivies par le Ministère de l’Éducation Nationale.
Soyons proactif et proactives, innovant.es et solidaires pour traverser au mieux l’épreuve présente !