Reportage dans un collège urbain de REP en Pays de la Loire. La direction et l’équipe pédagogique ont fait vivre un collectif de travail et élaboré de nouvelles organisations pour accompagner les élèves. Le protocole de déconfinement s'est coconstruit dans le même état d'esprit.
Une équipe impliquée et un partage de compétences
Chaque enseignant a su endosser différents rôles : en plus de professeur principal, d’enseignant d’une discipline, de coordinateur, certains ont investi compétences informatiques, intérêt pour l’aide aux devoirs, maîtrise des partages de ressources, étude de terrain pour le déconfinement… Au sein de chaque « cercle » (dans un modèle holacratique par exemple), les questions ont été discutées ensemble, les ressources échangées de manière à préciser au fur et à mesure les propositions, validées par le collectif et la direction.
Pour le Sgen-CFDT, partir de la réalité de terrain permet de construire collectivement des réponses adaptées, de donner plus d’autonomie aux équipes, de développer une réflexion commune pour organiser le travail. Une démarche motivante qui valorise les compétences de chacun et la mutualisation pour mieux accompagner les élèves.
Des outils nécessaires au service du collectif
Les collègues ont mis en place un espace de mutualisation et de travail collaboratif afin de pouvoir très facilement créer des groupes de discussion, partager documents et plans de travail. Une petite équipe consacre une grande partie de son temps au bon fonctionnement de ces outils, comme à celui des ordinateurs du collège pour la reprise.
Pour le Sgen-CFDT, ces compétences et cet investissement doivent être reconnus tout au long de l’année. Tout comme doivent être reconnus l’aspect chronophage de telles missions et la réactivité qu’elles impliquent. Cela pourrait permettre aussi de repenser les IMP en temps de décharge, si les collègues le souhaitent.
Des espaces-temps balisés
Différents plannings ont été établis pour harmoniser les pratiques en visioconférence : planning des conseils de classe, conseils pédagogiques, conseils d’enseignement, classes virtuelles (cours, aides aux devoirs…). Les « points de situation » et les bilans des cellules de crise (organisées avec des représentants des personnels, des agents et l’infirmière) ont aussi été régulièrement partagés.
Pour le Sgen-CFDT, c’est bien parce que ces collectifs interprofessionnels existent et s’expérimentent en temps ordinaire qu’ils peuvent permettre d’être réactif, créatif face à l’imprévu. Mais il convient d’être vigilant sur l’accumulation des missions, des temps, des groupes, des canaux d’information… car il est très facile de se laisser déborder.
L’accompagnement des élèves et le lien avec les familles
Le professeur principal et des enseignants relais (2 à 3 par classe) appellent chaque semaine toutes les familles. Depuis les vacances de printemps, un suivi a été proposé aux élèves. Un enseignant est responsable d’un petit groupe d’élèves, par niveau de classe, qu’il aide dans la compréhension du plan de travail hebdomadaire (près de 70 élèves, pour 13 profs volontaires pendant les vacances).
Pour palier aux difficultés d’accès au numérique, il y a des impressions papier et des prêts d’ordinateurs.
Pour le retour en présentiel, l’organisation choisie par pôle (maths-sciences, lettres-humanités, langues, arts, EPS, vie de classe …) permet à plusieurs profs d’intervenir pour accompagner les élèves dans le plan de travail. La volonté est de ne pas creuser les inégalités entre les élèves présents et ceux restés confinés. Chaque groupe (reconstitué en fonction des présents) a un référent qui fait le point sur le vécu des élèves. Les assistants d’éducation sont partie prenante du bon fonctionnement du dispositif et des circulations d’élèves.
Pour le Sgen-CFDT, ces pratiques sont une base pour construire les revendications relatives au travail des personnels (à distance ou en présentiel). Bien qu’elles ne permettent pas à elles seules de combler les inégalités scolaires et sociales des élèves, elles dessinent les contours de ce qui peut être mis en place pour améliorer l’accompagnement et l’épanouissement de chaque enfant dans son parcours. Sachant que la rencontre réelle et humaine reste au cœur de l’enseignement-apprentissage.