Cette période exceptionnelle de confinement a modifié tous nos repères professionnels. Comment réussir à continuer l'activité et les services rendus au public tout en étant chez soi. Anne, Bibliothécaire Assistante Spécialisée, témoigne.
J’étais en congés aux Saintes depuis le 29 février. Avec ces mesures de confinement, il a fallu organiser mon retour en métropole, sachant que mon vol avait été annulé. Je n’ai pu rentrer en métropole que le 24 mars. J’étais dans un très grand état de stress et d’angoisse car aucune visibilité sur mon retour et des conditions sanitaires déplorables à l’aéroport (pas de masque, gants…).
A mon retour, j’ai dû m’adapter. Il a été très difficile de raccrocher les wagons, de savoir où on en est après une coupure de plus de 3 semaines. J’ai reçu un mail de ma direction me demandant dans quelle situation je me déclarais ?! Je regarde un long tableau Excel avec toutes les situations possibles : ASA, arrêt, télétravail. A moi de choisir. Je remets en marche mon vieux portable de 2005 et me voilà en télétravail !
Je suis chargée d’acquisitions en Droit Public pour deux bibliothèques sur deux sites différents. J’ai donc décidé de mettre à jour mes paniers Electre avec mes identifiants professionnels. Cependant cela reste restreint d’autant plus que le secteur de l’édition papier est à l’arrêt ainsi que les fournisseurs.
J’ai aussi quelques contacts téléphoniques avec mes deux responsables fonctionnels et des visios de travail via Zoom. Nous avons profité de ce confinement pour mettre à profit la liste de la documentation électronique mise à jour juste avant mon départ pour en faire profiter la communauté Universitaire.
Mon problème a été technique puisque mon ordinateur n’a pas supporté le choc de ce travail intense sur les liens de la doc électronique et il a rendu l’âme une semaine après sa mise en service. J’ai donc dû me déclarer en ASA : « l’agent n’a pas la possibilité matérielle ou fonctionnelle de travailler ».
J’ai alerté de la situation et ai demandé s’il n’est pas possible que l’Université me mette un ordinateur à disposition. 10 jours plus tard, la DSI m’informe de l’achat d’une centaine d’ordinateur pour le personnel et les étudiants. Un de ces ordinateurs était à ma disposition. J’ai donc récupéré un nouvel ordinateur le mardi 14 avril. Et me revoilà en télétravail.
Je travaille sur la documentation électronique désormais et l’achat d’E-book prioritairement pour pallier la situation. Ce type de document n’avait pas encore toute sa place dans les disciplines de Droit à Bordeaux. Sans formation spécifique, le plus difficile est de s’y retrouver dans les nombreux bouquets signalés, éditeurs en ligne et surtout être clair pour en avertir les usagers qui ne connaissent pas vraiment ces types de documents.
À venir du 27 avril au 3 mai, je serai de nouveau en congés car la faculté de Droit ferme chaque année pour une semaine de congés à cette période et il nous a été demandé de les poser.
Donc pendant cette semaine plus de télétravail, mais en vacances dans mon appartement ! Difficile de s’y retrouver…
J’ai eu un entretien téléphonique via Skype le 16 mars (pendant mes congés) pour ma demande de mutation. Les conditions n’étaient vraiment pas idéales car je n’avais que mon téléphone portable. Cependant, je trouve bien que les entretiens aient eu lieu afin que tous les agents demandant leur mutation soient traités pareils.
Oui bien sûr :
- J’ai un ordinateur neuf qui me permet de naviguer avec une connexion internet optimale, j’ai accès à tous les documents même à distance sur une connexion VPN authentifiée UB Mobilité.
- Je n’ai pas d’enfant à m’occuper sur place (mes 2 enfants étant confinés ailleurs) et suis donc tranquille pour travailler.
- Je travaille même plus concentrée qu’à la Bibliothèque où je suis postée en service public de 9h à 18h.
- Cela m’a permis de tester le télétravail. Il a été mis en place depuis 2 ans à l’Université mais n’était pas vraiment pour les personnels de la documentation (présentiel oblige).
Une journée chez soi me permettrait justement un travail plus efficace et concentré surtout lorsque l’on n’a pas de bureau professionnel dédié sur place.
- Beaucoup de travail notamment dans le domaine des acquisitions et du signalement peut être fait en télétravail.
- De tester mon adaptabilité à une nouvelle situation et un nouveau contexte de travail et c’est, ma foi, enrichissant.
- La coordination avec mes responsables et collègues de travail même en visio ou par mail et téléphone reste hachurée du fait du non contact ou du contact épisodique. Mieux vaut être autonome et avoir des initiatives. Savoir travailler seule et connaître les besoins et usages des usagers, voire anticiper.
- Le télétravail reste un travail fastidieux et fatiguant sur écran (même avec des pauses, confiné cela peut vite devenir sclérosant).
Le télétravail et ses horaires peuvent être adaptés en fonction de sa journée, mais on peut vite aussi oublier la notion de temps et de jour.
- Le concept temps dans ce contexte particulier est différent.
- Les Universités ne sont pas préparées à ce genre de situation, le télétravail est encore à la marge mais peut être qu’avec le nombre de personnes ayant dû y recourir cela fera avancer le dossier.
- Peu de contact et de réactivités des instances administratives et de la Direction. Le mot du Président, des news actualités, mais comme pour le reste en France, personne ne sait vraiment où l’on va et les dates d’échéances.
J’ai bien essayé d’anticiper et de demander à envisager des solutions pour la reprise. Mais aucune réponse ou rien de concret. On sait juste que les étudiants ne reviendront pas avant le1er septembre.
Cela m’angoisse énormément et je ne pense pas être la seule dans ce cas. Dois-je fabriquer moi-même des masques, arriver avec mon propre flacon de gel hydroalcoolique ? Aucune idée…
Avec la publication des ordonnances concernant les RTT et congés, je me pose la question suivante : comment ma direction va calculer les RTT à poser vu que j’ai changé plusieurs fois de statut, surtout que j’ai plus subi que choisi ces différents statuts !
Cette expérience de travail à distance a permis de faire découvrir aux personnels des bibliothèques ce que pourrait être le télétravail. Peut-être que les agents seront à l’avenir demandeurs et le Sgen-CFDT veillera au cadrage de sa mise en place dans les établissements.