Claude Hochart et Christian Connaulte ont été élus au Conseil fédéral lors du Congrès de Décines (2012) et ne se représentent pas au Congrès d'Aix-les-Bains. Ils ont accepté de témoigner pour Profession Éducation, le mensuel du Sgen-CFDT. Ci-dessous la version intégrale de leur contribution.
CLAUDE HOCHART
Élue au conseil fédéral lors du congrès de Décines, en 2012, j’ai donc effectué un mandat de quatre ans que je ne renouvellerai pas car je pars bientôt en retraite. Mais comment suis-je arrivée là ?
Avec pourtant pas mal d’années au compteur du militantisme en Bretagne, je voyais le Conseil fédéral de très loin. C’était l’Organe Directeur du Syndicat, là où se prenaient les décisions ! LE Sanctuaire !
Devenue Secrétaire de l’UPR, puis Secrétaire générale du syndicat régional, j’y côtoyais régulièrement les conseillers fédéraux bretons, membres de notre conseil syndical, des gens que je connaissais, souvent depuis longtemps. Il y a eu aussi les visites des membres de la commission exécutive, chargés du suivi du syndicat. C’est ainsi que cette « fédération » m’est devenue bien plus familière ! Quand on a préparé le congrès de Décines, l’un de nos conseillers fédéraux a annoncé qu’il ne souhaitait pas renouveler son mandat. Nous souhaitions avoir une double candidature et voilà pourquoi j’ai été désignée pour être candidate, aux côtés de Luc S.
Je me souviendrai toujours de mon premier Conseil Fédéral. Je m’étais levée aux aurores pour prendre le premier train pour Paris (non pas de commentaires, svp !). J’avais largement de quoi être à l’heure, mais c’était sans compter sur un incident sur la voie et …. 3 heures de retard à Montparnasse ! Je suis arrivée juste pour la pause de midi : la honte !
Des militants compétents, ouverts à l’échange, aux analyses politiques très souvent pointues et qui partagent les mêmes valeurs.
Ce que j’ai particulièrement apprécié au conseil fédéral ?
– D’abord, les personnes que j’y ai rencontrées, venues de tous les horizons géographiques et professionnels, ce qui m’a toujours plu au Sgen. Des militants compétents, ouverts à l’échange, aux analyses politiques très souvent pointues et qui partagent les mêmes valeurs. Des gens attachants, de fortes personnalités parfois, mais j’aime bien cela.
Il est vrai que la période 2012-2016 a été riche en termes de changements politiques et de réformes de nos métiers.
En tout cas, elle a suscité de nombreux débats entre nous et des choix à opérer, face à nos ministres et aux autres organisations syndicales. Être ainsi au cœur de la réflexion et des décisions est une chance extraordinaire, c’est un réel enrichissement.
– J’ai aussi beaucoup apprécié la qualité des discussions, qu’elles soient au sein même des travaux du conseil fédéral, à table, autour d’un café, sans compter les échanges avec les secrétaires fédéraux qui assistent régulièrement aux débats ou que l’on croise, lors de la pause de midi. Discussions qui, bien sûr, pouvaient se poursuivre hors des locaux de la fédé !
– La venue également de membres de la direction de la Confédération pour des temps de débats, plus ou moins accrocheurs, il faut bien le reconnaître, mais avec ce regard de l’interpro que j’ai toujours trouvé très important au Sgen-CFDT.
– Et … les réunions de la COF, avec nos journées de travail intense et nos fous rires, même autour du budget ou des modifications statutaires ! Là encore, parce qu’on y partage, bien sûr, les mêmes valeurs mais aussi parce qu’une certaine complicité, du respect et de la confiance se sont installés entre ses différents membres.
– Je n’oublie pas, non plus, les bons moments de convivialité qui ont émaillé nos réunions !
J’ai beaucoup appris, durant ce mandat, en termes d’analyses, avec la dimension nationale nécessaire, et dans les champs les plus variés possibles, comme celui du PPCR ou du RIFSEEP, où, je l’avoue, je ne connaissais rien du tout !
Enfin, je voudrais tout particulièrement remercier Luc dont l’expérience m’a beaucoup aidée pour démarrer ce mandat et qui m’a accompagnée durant ces quatre années.
CHRISTIAN CONNAULTE
J’étais bien tranquille dans mon syndicat quand vint le congrès fédéral de Mons. Déjà, il a fallu aller dans le NORD ! Ensuite, je ne sais pas ce qui lui a pris, mon syndicat a présenté ma candidature au Conseil Fédéral du Sgen-CFDT. Autant vous dire tout de suite, c’est une assemblée quelque peu mystérieuse, à la limite de la secte. Car comment supporter 5 fois par an d’être enfermé avec 39 personnes, trois jours durant, du lever au coucher du soleil (et même souvent, au-delà) ? Enfin, on m’a dit tout de suite que j’arrivais dans un CF apaisé car, avant, c’était des empoignades à n’en plus finir. Il y avait des camps aux sensibilités politiques différentes. Je ne sais pas si c’est vrai mais là c’était plutôt cool. Bien sûr, des débats âpres et acharnés il y en a eu beaucoup mais de façon « apaisée ». Thierry Cadart a certainement participé à cette mutation.
Je vous avoue que pendant les deux premiers CF, je n’ai pas ouvert la bouche. Certains médisants diront que je me suis rattrapé par la suite ! Car, figurez-vous que cette assemblée décide de la politique de tout le Sgen-CFDT, ce n’est pas rien. Les sujets traités sont aussi variés que le g du Sgen l’insinue. Alors il y est question pêle-mêle de l’EAP, des PE, des COP, des PA et PO des CROUS, du SUP, des ADJAENES, des EDEN, des certifiés, de l’Etranger, et j’en passe… Ce qui m’a toujours frappé, c’est que, sur n’importe quel thème, même totalement inconnu pour moi, il est toujours quelques conseillers qui ont quelque chose à dire, comme si le sujet leur était très familier.
Et puis nous recevons parfois des confédéraux. De Laurent Berger avant qu’il ne devienne secrétaire à Véronique Descacq pour discuter de la loi travail en passant par Jean Louis Malys sur les retraites. Oui, le Sgen est dans la CFDT.
D’ailleurs une des tâches essentielles du conseiller consiste à se tenir au courant de l’actualité, ou lire tous les mails des listes de diffusion et de discussion du Sgen. Il y en a beaucoup ! Du coup, le droit à la déconnexion est difficile à respecter. Pour preuve, il est 02h33 : je viens de répondre à une demande de vote sur la liste du Conseil Fédéral et je dois terminer cet article pour ce matin. Ou alors je me débrouille mal.
Au CF, on discute de tout, de pédagogie, de stratégie de développement, des comptes, du budget fédéral, des décharges ou évidemment, de stratégie confédérales ou des réformes.
Je me souviens de débats passionnants au moment de la réforme du bac pro, de celle des lycées, des rythmes scolaires ou des collèges. Malgré mes réticences le Conseil fédéral a voté pour que le Sgen-CFDT soutienne ces réformes. Mais, revenu dans mon syndicat, j’ai évidemment toujours soutenu la position fédérale. En fait, on m’a toujours dit que le conseiller fédéral n’est pas le représentant de son syndicat mais bien un « fédéral » qui débat et décide de la politique nationale dans l’intérêt de la fédération. Je me souviens d’un conseiller annonçant que son syndicat était contre la réforme du bac pro et votant pour au CF après les débats. En réalité un conseiller fédéral est quand même quelque peu le porte-parole de son syndicat. Sa réflexion est nourrie par ses militants et ses adhérents.
En parlant de nourriture, les moments importants du Conseil fédéral ont été aussi les apéritifs des régions où chacun, tour à tour, nous a régalé des spécialités de son terroir (liquides et solides). Les débats de l’après-midi qui suivait ont toujours été un peu mous. Ou alors c’est une impression fausse due à ma somnolence post-prandiale.
Ce que j’ai aussi aimé au Conseil fédéral c’est la liberté de parole.
Les conseillers ne se gênent pas pour critiquer ou approuver l’action fédérale. J’ai beaucoup appris de cet exercice qui consiste à préparer son intervention puis la modifier en fonction des interventions précédentes. Je n’ai toujours pas tranché l’épineuse question du moment le plus propice pour prendre la parole.
J’ai souvent apprécié les interventions de notre secrétaire Frédéric Sève capable de remettre habilement les pendules à l’heure même quand il s’agissait des miennes. Par dépit, j’y voyais parfois un peu de ratiocination. Pardon mais j’adore ce mot que je tiens d’un conseiller quelque peu philosophe. Car des liens se créent entre nous. C’est normal, vu le nombre d’heures passées ensemble.
Malgré tout, j’ai quand même été souvent surpris du suivisme du CF par rapport à la Commission Exécutive. Certes celle-ci est censée être en phase avec le CF mais j’aurais aimé plus de sens critique. Ou alors c’est moi qui étais parfois décalé.
Je ne vous ai pas dit que j’ai été réélu au congrès de Décines. J’ai donc fait deux mandats au CF. Il me semble que ce devrait être un maximum. Il faut que d’autres partagent cette aventure. Alors, place aux autres et vive le Sgen-CFDT !