Conseil supérieur de l'Education du 20 juin : déclaration liminaire du Sgen-CFDT au CSE en présence du ministre de l'Education nationale
Le Sgen-CFDT tient, Monsieur le ministre de l’Éducation, à insister sur un point essentiel : les urgences du temps éducatif ne peuvent pas dépendre des incertitudes du temps politique.
Changer de méthode
L’harmonisation mécanique et massive de lots de copies du bac a suscité une émotion légitime des correcteurs. Le Sgen-CFDT vous demande de réaffirmer clairement que les jurys auront le dernier mot et de vous engager à ce que soit mené un bilan sincère de la session du bac 2022.
Cet épisode confirme s’il en était besoin qu’il est impératif de sortir enfin du pilotage vertical par les procédures et les outils.
Pour redonner du sens au travail, il est nécessaire d’avancer enfin sur la voie de la co-détermination au sein des administrations et établissements publics.
Sur ce point, l’annonce de débats à la rentrée dans les écoles et les établissements mérite d’être précisée. La proposition d’une large consultation des communautés éducatives, sur le modèle de ce qui a pu se mener en 2005 peut être utile. Mais elle ne peut être à elle seule une réponse suffisante à la crise de l’École. D’une part parce qu’elle semble devoir porter sur le contenu de mesures déjà très précises. D’autre part parce qu’elle paraît vouloir, comme pour le Grand Débat de 2019, escamoter la place des organisations syndicales et des associations en tant que corps intermédiaires pour s’adresser directement aux individus. C’est en effet prendre le risque d’accentuer la tendance à l’atomisation des collectifs de travail.
Un véritable temps de démocratie participative sur l’École et ses finalités doit prévoir des débats tels que vous les avez annoncés. Mais il doit y associer les travaux des instances représentatives de la société civile organisée, CESE et CESER d’un côté, CSE et CAEN de l’autre. C’est la condition de sa réussite.
Investir dans l’éducation
Cet exercice de coconstruction doit également s’articuler avec un dialogue social de qualité. Car les enjeux sont nombreux pour les personnels.
Sur le court terme d’abord, avec certaines mesures qui impliquent un collectif budgétaire :
- faire face au risque de pénurie d’enseignants : rendement insuffisant des concours, difficultés à recruter des contractuels, y compris des ECA,
- engager la poursuite de la revalorisation de la filière enseignante,
- rendre possible le recrutement direct en CDI des AESH (loi de transformation de la fonction publique), l’accès au CDI sans attendre la fin des deux CDD de 3 ans, comme étapes vers le statut de catégorie B qui va avec la quotité de 100%,
- prendre au plus tôt le décret permettant la Cdisation des AED prévue dans la loi contre le harcèlement scolaire,
- poursuivre certains chantiers en cours, et notamment celui concernant la direction d’école,
- poursuivre la réforme de la réforme du bac et du lycée. Le Sgen-CFDT demande la pérennisation du comité de suivi comme cadre de travail et la révision des programmes à partir de l’automne pour la rentrée 2023, y compris les maths,
- clarifier les finalités de la voie professionnelle, assumer et reconnaître l’ensemble des missions des personnels et leur donner les moyens de les remplir.
Pour cela, le comité de suivi de la transformation de la voie professionnelle doit être reconduit.
Sur le moyen et le long terme ensuite. La fragilité du système éducatif est telle qu’une loi de programmation est nécessaire pour :
- programmer les recrutements,
- revaloriser les carrières et reconnaître le travail réalisé par les personnels de l’Éducation Nationale,
- développer l’accompagnement des élèves,
- améliorer les conditions de réalisation de l’inclusion scolaire tant pour les personnels que les élèves,
- donner des perspectives partagées aux personnels, aux familles, aux élèves, aux collectivités locales,
- affirmer les objectifs de réduction des inégalités de réussite et de parcours, de mixité sociale au sein des établissements scolaires.