Premier degré, baccalauréat, CIO, pour le Sgen-CFDT le ministère a choisi de renforcer l’institution scolaire dans ce qu’elle a de plus pyramidal et hiérarchisé, au détriment du renforcement du poids des collectifs de travail et de la professionnalité des personnels...
la méthode consistant à contourner les corps intermédiaires aboutit à des décisions qui méconnaissent le travail des personnels
Une organisation syndicale comme la nôtre ne conteste pas la nécessité d’adapter notre modèle éducatif et ses structures aux exigences et opportunités de notre monde en bouleversement. Elle considère cependant que la réforme n’est pas une fin en soi, et entend peser sur la finalité qu’elle poursuit et au-delà sur la société qu’elle construit. Or la méthode consistant à contourner les corps intermédiaires aboutit à des décisions qui méconnaissent le travail des personnels. Dans ce contexte, personne ne peut s’étonner que les personnels aient le sentiment que leur travail est négligé voire méprisé.
- les récentes circulaires 1er degré ignorent ce qui se passe dans les classes des écoles primaires quand elles réduisent les choix pédagogiques à opérer par les maîtres à celui de la bonne méthode de lecture efficace pour tous les élèves au même moment. Elles nient le professionnalisme des professeurs des écoles et leur capacité de différenciation pédagogique pour faire entrer chaque élève dans les apprentissages. En s’adressant indistinctement à l’ensemble des professeurs des écoles on ne s’intéresse pas à celles et ceux qui auraient besoin d’aide et de conseils. C’est de formation et d’accompagnement professionnel dont les personnels ont besoin, pas d’injonctions ni de paroles performatives.
- la réforme du bac annoncée par le président devait alléger et simplifier l’examen. Il n’en est rien puisque dans les faits il en transfère la charge sur les équipes éducatives des lycées. Les contraintes organisationnelles vont indéniablement peser sur le fonctionnement des établissements alors qu’un des objectifs de cette réforme devait être de libérer du temps pour les apprentissages et l’accompagnement personnalisé vers l’enseignement supérieur. Ces contraintes vont également peser sur les chefs d’établissement de lycée tenus de mener à bien les différentes modalités évaluatrices du baccalauréat, de répondre précisément aux multiples enquêtes des nombreux services ministériels et académiques au détriment du pilotage pédagogique des établissements. De même les effets sur le travail des personnels administratifs dans les établissements et les services déconcentrés ont-ils été simulés et quel accompagnement le ministère prévoit-il?
- la manière enfin dont le ministère interprète les mesures du projet de loi « choisir son avenir professionnel » concernant l’orientation révèle le mépris du gouvernement pour ses propres agents. Alors même que le texte ne le prévoit pas, le ministère programme la fermeture pure et simple des CIO, leur signifiant qu’une partie des missions qu’ils remplissent n’a pas d’utilité sociale. Au delà des CIO, en voulant déconnecter le conseil en orientation laissé à l’État et l’information confiée aux régions, le gouvernement commet une erreur d’analyse en ignorant la réalité des pratiques professionnelles. L’information est en effet très fortement liée au conseil en orientation et tout acte d’information est déjà en soi un acte de conseil.
Par sa propension à la verticalité notre ministère fait le choix du renforcement de l’institution scolaire dans ce qu’elle a de plus pyramidal et hiérarchisé au détriment du renforcement du poids des collectifs de travail et de la professionnalité des personnels. Il fait aussi le choix du renforcement de l’idéologie traditionnelle de cette institution, à savoir la méritocratie scolaire et le classement des élèves.
Une telle logique oublie que les inégalités scolaires, prégnantes dans notre système scolaire sont particulièrement corrélées aux inégalités socio-économiques des familles. La lutte contre ce déterminisme a été évacuée du discours ministériel, sauf à considérer le dédoublement des CP/CE1 en REP+ comme la solution unique et définitive à ce problème. Une telle logique oublie aussi qu’un tel fonctionnement génère automatiquement des perdants dans la compétition scolaire et fabrique du ressentiment.
rappeler ce qui devrait être une évidence : un service public de qualité, garant de la cohésion sociale et accessible à tous les usagers ne peut s’envisager sans connaissance et reconnaissance du travail de ses agents
Dans ce contexte le Sgen-CFDT sera très attentif aux annonces ministérielles attendues demain concernant le contenu de l’agenda social que nous demandons depuis le début du mandat.
Dans ce contexte le Sgen-CFDT dans le cadre de la CFDT Fonction publique appelle à la grève et à la mobilisation le 22 mai pour rappeler ce qui devrait être une évidence : un service public de qualité, garant de la cohésion sociale et accessible à tous les usagers ne peut s’envisager sans connaissance et reconnaissance du travail de ses agents.
Pour aller plus loin :