Le Ministère a accordé 500 € de prime pour les conseillers pédagogiques sur l’exercice budgétaire 2022, une première étape pour le Sgen-CFDT qui ne doit pas empêcher une réflexion de fonds sur les missions multiples d'un métier en manque d’attractivité et de reconnaissance.
En signant cette tribune consacrée au métier de conseiller pédagogique, le Sgen-CFDT entend montrer la nécessité de revaloriser une profession longtemps oubliée et pour les CPC et CPD exclue de toutes les primes ou presque.
En accordant une prime de 500 € aux conseillers pédagogiques, le Ministère reconnaît implicitement le nécessaire pour un métier fondamental au bon fonctionnement de notre système éducatif.
A la croisée de toutes les réformes, des besoins des équipes, ces personnels sont aujourd’hui mis à mal dans leur professionnalité faute de pouvoir consacrer assez de temps au cœur de leur métier : l’accompagnement individuel et collectif et la formation pédagogique
Le métier de conseiller pédagogique manque cruellement d’attractivité
Avec des conseillers pédagogiques qui préfèrent retourner en classe, prendre une direction, c’est toute l’expertise de la profession qui risque de manquer demain à notre système éducatif.
Dès lors, Aujourd’hui, sur de nombreuses circonscriptions, les postes de conseillers pédagogiques sont occupés par des faisant fonction qui ont accepté d’occuper la mission et qui souvent ne font qu’une seule année tant le travail est intense et mal reconnu.
Devant les retours en classe de conseillers pédagogiques, le manque de formation des néo-CPC, c’est toute la dimension de la formation pédagogique et de l’accompagnement dans les écoles qui est mise à mal. Pourtant les besoins sont importants.
Des besoins de conseils et d’accompagnements pédagogiques qui augmentent
Avec le recrutement massif de contractuels dans le premier degré, de personnels qui sont mis du jour au lendemain devant des élèves, ce sont bien les conseillers pédagogiques qui vont être impactés.
Apporter les premières bases pour se comporter et agir face aux élèves, constitue leur cœur de métier.
Le système a donc grandement besoin de leur expertise sous peine de voir les démissions de ces nouveaux personnels arriver très rapidement.
Trop souvent aujourd’hui, ils/elles répondent à des situations d’urgence en n’allant voir les contractuels ou les stagiaires que lorsque la situation s’est enkystée.
Leur parole, leurs observations permettent souvent de reposer les choses et d’orienter les pratiques de ces nouveaux personnels.
C’est donc bien d’un accompagnement régulier dont les personnels contractuels ont besoin, une mission que seuls les conseillers pédagogiques sont capables de remplir.
Faute de pouvoir être en nombre suffisant, d’avoir le temps nécessaire pour effectuer cette mission de conseil, c’est la qualité de l’accompagnement et de la formation pédagogique qui s’en ressent.
Pour les conseillers pédagogiques, un travail de formation et de conseil empêché
Si les conseillers pédagogiques ne font pas ces missions de conseil ou d’accompagnement, c’est aussi parce qu’on leur confie tout un tas de tâches qui n’ont pas de rapport avec ce pourquoi ils/elles ont choisi ce métier.
Amener les masques dans les écoles, vérifier le bon remplissage des dossiers PPMS, répondre à des enquêtes administratives sont autant de tâches qui pourraient être confiées à d’autres personnels.
Ce n’est sans doute pas aux conseillers pédagogiques d’assumer ces missions mais de se concentrer sur la formation et l’éclairage pédagogique des équipes.
Rendre un service pourquoi pas, en faire une tâche systématique, sûrement pas pour le Sgen-CFDT !
D’ailleurs leur lettre de mission n’en font pas mention ni le référentiel métier de 2015.
Il faudrait donc sans doute faire un état des lieux de leur travail réel et recentrer leur travail sur ce pour quoi on leur a demandé d’occuper ces postes et pour lesquels ils ont une formation.
Le premier degré a grandement besoin de personnels sans élèves tant au niveau des circonscriptions que des écoles pour jouer ce rôle si important et apporter de l’huile dans les rouages.
Une première étape de reconnaissance avec une première prime, mais après ?
Autre élément qui ne favorise pas l’attractivité du métier, la rémunération.
Exclus par exemple de l’ISAE, de la prime pour équipement informatique, on constate pour les conseillers pédagogiques un décrochage de leur salaire par rapport à l’évolution que certains autres métiers ont connu.
Le Sgen-CFDT a en ce sens porté auprès du Ministère, qui prône depuis longtemps qu’un même corps doit bénéficier des mêmes primes, la nécessaire revalorisation des conseillers pédagogiques .
le Ministère a semble-t-il entendu en accordant une prime de 500 € sur l’exercice budgétaire 2022. Cela, pourtant, ne doit être qu’une première étape et devra aller vers d’autres avancées afin que ce métier puisse avoir accès aux même primes que les professeurs des écoles.
Une tribune pour ouvrir enfin des négociations sur le métier de conseillers pédagogiques
C’est d’ailleurs l’objet de cette tribune cosignée avec l’Association nationale des Conseillers Pédagogiques et Maîtres Formateurs ainsi que deux autres organisation syndicales.
Remettre les conseillers pédagogiques dans le déroulé des négociations sur la revalorisation est une nécessité.
Il faut également réfléchir à leurs missions notamment dans la mise en œuvre des constellations et pour cela leur laisser la possibilité de bénéficier de formations.
Il faut ensuite sans doute permettre aux conseillers pédagogiques de se retrouver régulièrement pour échanger entre eux autour de leurs pratiques, de leurs difficultés mais aussi de leurs réussites.
Le conseiller pédagogique, la conseillère pédagogique n’est pas un pion que l’on déplace au gré des urgences, ils/elles doivent donc être reconnus à leur juste niveau tant sur la rémunération que sur les missions qu’ils doivent remplir.
Le Sgen-CFDT entend porter cette parole au Ministère pour ouvrir pourquoi pas un groupe de travail spécifique sur la profession.