Lancées en 2019, les formations en constellations deviennent peu à peu le quotidien des enseignants en matière de formation. Si ce dispositif peut interroger, il entend s'approcher des besoins des collègues et être moins déconnecté des pratiques pédagogiques que les animations pédagogiques.
Voilà maintenant trois années que le dispositif de formation plus connu sous le nom de constellations est mis en œuvre sur le territoire pour les enseignants du premier degré. Alliant observations, recherche de solutions, concertations et recherche pédagogique, ces formations ne font pas l’unanimité.
A l’heure où les enseignants réclament la possibilité d’avoir de véritables formations, quels avis portés sur ce qui existe à travers ces constellations ?
Les constellations ont déjà existé par le passé
Ce format de formations n’est pas nouveau. En effet les formations « recherche – action » ont déjà eu lieu au sein de notre système éducatif au début des années 1990 notamment avec la mise en place des cycles.
Cela devait ainsi permettre de créer une réflexion collective autour de la démarche pédagogique d’une école et la construction du parcours de l’élève. Comme tout dispositif nouveau, il interrogeait déjà sur sa pertinence.
Aujourd’hui, on retrouve les mêmes réticences de la part de collègues face à un dispositif qui a sans doute été mal présenté, mal piloté.
Combien d’enseignant.e.s pourtant n’ont pas pesté autour des animations pédagogiques car possédant un format trop descendant ?
Trop souvent était entendu un manque d’écoute des intervenants et surtout un décalage avec les pratiques en classe.
Ces animations pédagogiques pour beaucoup de collègues étaient donc assimilées à une perte de temps tant certain.e.s s’y ennuyaient ou n’y trouvaient pas vraiment des éléments de réflexion.
Mieux articuler les formations avec les besoins
Face à ces animations pédagogiques jugées par beaucoup hors sol, les constellations visent à mieux articuler les modalités de formation.
Si des apports didactiques sont essentiels, il ne peuvent être déconnectés des pratiques en classe des collègues. Cela passe donc nécessairement pour le Sgen-CFDT par la construction d’un modèle de formation où les besoins identifiés par les équipes pédagogiques doivent occuper une place centrale.
Allier recherche et pratiques de classe semblent donc être un compromis intéressant à la condition qu’il y ait de véritables espaces de dialogues et d’analyse de pratiques, des temps où la parole peut se libérer sans qu’il y ait, sous aucune forme, un jugement quelconque.
L’erreur doit pouvoir être perçue comme formatrice et source de réflexion collective. L’observation de séquences, telle qu’elle est prévue dans le dispositif « constellations » peut être en cela très intéressante.
Des réticences qui doivent être levées :
Tout changement apporte son lot d’incertitudes et de questionnements qui sont légitimes tant l’institution véhicule une vision pyramidale des pratiques. Pour certain.e.s enseignant.e.s, cela questionne aussi leurs habitudes.
Le travail en équipe pédagogique n’est pas inné dans le métier et demande du temps. Quant à la formation initiale, elle n’y prépare quasiment pas. Si l’on échange volontiers avec ses collègues au cours des différentes réunions de maîtres/maîtresses, on le fait avant tout sur les élèves, sur les ressources pédagogiques et moins souvent sur la construction d’une séquence ou son déroulé.
Se former en constellations suppose donc d’oser parler de ses pratiques, de prendre du recul, de partager ses idées en toute confiance, de réfléchir collectivement et d’accepter le regard de l’autre.
Faire classe devant des adultes, qui plus est des collègues, c’est pour beaucoup une mise en danger qui peut déstabiliser.
Le travail de l’équipe de circonscription et plus particulièrement de l’IEN est essentiel pour créer une situation de confiance mutuelle.
Cela passe certes par ces formations mais aussi par le climat instauré au sein de la circonscription.
Pour le Sgen-CFDT, un pilotage administratif, injonctif de l’IEN ne permettra en rien d’installer un dialogue de formation constructif. Il faut sans doute donc commencer par former les cadres du système à la façon de manager leurs équipes de circonscription mais aussi les équipes pédagogiques.
Mieux accompagner les entrants dans le métier
A l’heure où l’attractivité est en berne, où le nombre de démissions ou de rupture conventionnelle est en forte hausse, il convient d’avoir une attention toute particulière sur les entrants dans le métier notamment sur leurs trois premières années de titularisation.
En effet, les « nouveaux enseignants » ont une formation initiale fragile du fait de sa durée mais aussi parce qu’elle a été, pour ceux qui ont été titularisés durant cette année dispensée en visio du fait de la crise sanitaire.
Pour le Sgen-CFDT, il faut mettre en place un plan d’urgence afin d’accompagner les entrants et les néotitulaires durant les cinq premières années d’exercice.
Les constellations doivent ainsi leur permettre de bénéficier des conseils des plus anciens voire bénéficier de l’expérience des collègues qui partiront prochainement en retraite.
C’est aussi pour ces collègues néo-retraités la possibilité de valoriser leur expérience en leur proposant de devenir des tuteurs.
Pour le Sgen-CFDT, il s’agit donc bien d’installer une certaine solidarité professionnelle intergénérationnelle.
Cela permettra d’éviter un gaspillage énorme de compétences que le système n’utilise pas et laisse s’éteindre lorsque le collègue quitte le métier pour faire valoir ses droits à la retraite.
Aller au-delà des matières fondamentales
On le voit bien donc, le dispositif « constellations » ouvre des possibles.
Cependant, pour le Sgen-CFDT, il est dommage qu’il ne se limite qu’au français et aux maths.
Ces deux disciplines occupent une place très importante dans l’emploi du temps des élèves, une place qui se fait souvent au détriment des autres disciplines pourtant tout aussi essentielles. Il faudrait donc l’ouvrir à autre chose que le travail sur les savoirs fondamentaux.
C’est d’autant plus vrai que lors des années scolaires précédentes, du fait notamment du plan français, les modalités de formation ont été imposées aux équipes de formateurs. En maths, la liberté était plus grande. Ainsi, les formateurs ont axé davantage leur travail sur les notions fondamentales à travailler en tenant compte des besoins des élèves et des besoins de formation des enseignants.
Reste que pour être efficaces, ces constellations doivent s’installer sur une durée longue, avec des observations croisées qui dépassent l’année scolaire.
Des résultats qui commencent à poindre
Les retours des collègues montrent toujours des appréhensions mais le dispositif entre peu à peu dans les habitudes.
Les retours des IEN, à travers les entretiens de carrière montrent une évolution des pratiques qui a inévitablement des conséquences sur les résultats des élèves. C’est le cas notamment en maths où l’on note par exemple une meilleure maitrise des décimaux, des fractions et une amélioration dans le domaine de la résolution de problèmes.
Pour le Sgen-CFDT, pour que ce dispositif constellations trouve pleinement sa place, il faut avant tout restaurer la confiance mutuelle et garantir la place du collectif. Ce dispositif de formation, très prisé dans de nombreux pays à travers le monde et qui a fait ses preuves, peut donc être une bonne chose à la condition qu’on laisse un véritable pouvoir d’agir au collectif de travail.