Le contrôle continu compte désormais pour 40 % du baccalauréat, les épreuves communes initialement instaurées n’auront finalement pas survécu à la crise sanitaire. Pour le Sgen-CFDT, commence un chantier important sur le contrôle continu.
La réforme du bac nous invite à envisager autrement la progression pédagogique des élèves, leur évaluation et la certification de l’épreuve… et à interroger le contrôle continu. Mais le Sgen-CFDT déplore que ce chantier majeur soit à conduire dans un délai beaucoup trop court, dans un contexte où les personnels réclament de la stabilité après deux ans de réforme et de crise sanitaire.
La question de l’évaluation, un angle mort des politiques éducatives
Pour le Sgen-CFDT, les évaluations qui permettent de réguler les apprentissages des élèves ne doivent pas être reléguées au second plan au profit d’épreuves communes ponctuelles qui auraient valeur d’examen partiel et remettraient en question la liberté pédagogique des enseignants.
Il ne s’agit pas de revenir au système des compositions d’avant 1968 où les élèves étaient rituellement évalué·es une fois par trimestre. Ce n’est pas l’esprit de la note de service du 28 juillet qui appelle à une pluralité de notes en prenant en compte les différents types d’évaluation qui peuvent être mis en place dans un lycée.
Pour ce contrôle continu, le ministre a parlé d’un cadre « robuste » permettant de garantir une représentation juste du niveau de l’élève pour la délivrance du diplôme.
Il faudra également préciser un cadre collectif et réglementaire sur les questions d’absentéisme, les stratégies d’évitement des devoirs, de fraudes. Il s’agira aussi de préciser les modalités d’aménagements et de dispenses pour les élèves en situation de handicap.
Pour le Sgen-CFDT, plutôt que de robustesse, c’est de sécurisation dont le contrôle continu a besoin.
Un cadre de contrôle continu adapté et sécurisant
Pour le Sgen-CFDT, il s’agit en réalité de passer d’un contrôle continu de crise, imposé par la pandémie, à un contrôle continu structuré et sécurisé pour tous les personnels, mais également pour les élèves et leurs familles.
Le contrôle continu ne se décrète pas du jour au lendemain même si chacun.e mesure l’impérieuse nécessité de poser un cadre.
D’ici les vacances de Toussaint, chaque établissement devra présenter à son conseil d’administration un projet d’évaluation.
Le Sgen-CFDT dénonce ce temps trop contraint pour conduire une réflexion collective, d’autant plus que le conseil d’administration viendra d’être renouvelé.
Il sera difficile de permettre la concertation entre les équipes pédagogiques de façon aussi rapide.
Il est d’ailleurs assez illusoire d’imaginer que les inspecteurs vont pouvoir accompagner chaque établissement dans des délais si contraints. Cette directive est assez peu respectueuse de leur charge de travail.
Pour le Sgen-CFDT, il aurait sans doute été plus pertinent de permettre un accompagnement adapté aux demandes des équipes.
Pour mener à bien ce travail, le ministère a bien accordé deux demi-journées banalisées, mais cela risque d’être insuffisant.
La question du temps laissé aux équipes est primordial et ne doit pas s’apprécier exclusivement au travers de ces deux demi-journées accordées en début d’année.
Il faut s’inscrire dans le temps long et permettre une certaine agilité aux équipes pour remédier et faire progresser le projet dans la durée.
Pour le Sgen-CFDT, plusieurs enjeux se dessinent
En particulier :
- celui de la confiance accordée et réaffirmée au professionnalisme des enseignants : donner du sens à ses pratiques en les rendant visibles
- celui du pilotage du processus qui conduit à produire un projet commun dans un temps si rapide
- celui de l’autonomie des établissements à faire vivre efficacement leurs instances afin d’acter des choix partagés par l’ensemble de la communauté éducative
- celui de poser collectivement des règles transparentes et applicables qui protègent les personnels et les usagers
- celui d’interroger ses pratiques professionnelles en particulier l’évaluation dans une dynamique collective
Même si le Sgen-CFDT souhaite qu’il soit fait confiance aux équipes pour mener ce changement, l’institution ne doit pas s’exonérer de l’accompagnement et de la formation qui lui incombent.
Par ailleurs, la valeur du projet d’évaluation de l’établissement, validé par le conseil pédagogique et présenté au conseil d’administration, paraît juridiquement fragile. Un vote en commission permanente conforterait les décisions avant de les présenter aux CA.
Pour le Sgen-CFDT, même si une grande part de la réflexion pédagogique repose sur l’expertise des enseignants, son accompagnement par les corps d’inspection et son pilotage par les personnels de direction sont rendus nécessaires pour mener à bien les différents temps de la construction du projet.
La faisabilité des règles qui seront posées dans le règlement intérieur nécessitera l’avis des personnels de vie scolaire (par exemple pour surveiller la récupération des évaluations des élèves absents).
Le projet de contrôle continu est bien l’affaire de tout.es.