Dans un rapport sur les médecins et les personnels de santé scolaire, la cour des Comptes préconise le rattachement du corps des Psy-En à un un service de santé scolaire au sein des DSDEN. Cela reviendrait à retirer l'orientation des missions des Psy-EN... Pour le Sgen-CFDT c'est inacceptable.
Saisie par le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale d’une demande d’enquête portant sur « les médecins et personnels de santé scolaire », la Cour des Comptes a décidé, en accord avec celui-ci, d’y inclure « les psychologues de l’Éducation nationale qui participent au repérage et au suivi des troubles de l’apprentissage susceptibles d’entraver la scolarité des élèves« .
Pour les Psychologues de l’Éducation nationale des constats réalistes…
Les constats posés par la cour des comptes concernent le cloisonnement des différentes spécialités, les chaînes hiérarchiques et fonctionnelles qui diffèrent entre spécialités, un manque de formation continue adaptée aux missions, une activité calquée sur les services des enseignants et des élèves (notamment pour les Psy-EDA), avec des différences non justifiées au sein d’un même corps. Autant de constats dont les psychologues de l’Éducation nationale se plaignent sur le terrain.
…mais une vision réductrice des missions des psychologues de l’Éducation nationale EDCO
S’il est vrai que le repérage et le suivi des troubles de l’apprentissage font bien partie des missions des Psy-EN, celles-ci sont plus larges et plus complexes.
Ainsi, dans le second degré, les Psy-EN ont pour missions : de concourir à l’information et à la réflexion sur les parcours de formation et à la mise en perspective des débouchés qu’ils permettent, de conseiller et accompagner tous les élèves comme les étudiant·es dans l’élaboration de leur projet scolaire et professionnel, notamment dans le cadre du conseil en orientation.
Une vision centrée sur les besoins des élèves en matière de soutien et de suivi psychologique…
La Cours des Comptes, toute à sa vision réductrice du travail de psychologue, centrée uniquement sur les besoins des élèves en matière de soutien et de suivi psychologique, en arrive à préconiser de mettre fin « à l’association systématique et réductrice, fruit de l’histoire, de l’orientation et de la psychologie dans le second degré.«
Une mise en cause des missions liées à l’orientation qui illustre les craintes du Sgen-CFDT
Ces propos de la Cour des Comptes rejoignent malheureusement une crainte maintes fois exprimée par le Sgen-CFDT lors de la création du corps des Psy-EN : la création d’un corps de psychologues risquait fort d’avoir pour conséquence la disparition des missions liées à l’orientation à plus ou moins brève échéance.
La proposition de rattacher les psy-EN à un service de santé scolaire n’est que la conséquence de cette vision de l’évolution du métier de Conseiller d’orientation – psychologue devenu psychologue de l’Éducation nationale.
Pour le Sgen-CFDT, le conseil en orientation doit rester une mission primordiale des Psy-EN EDCO.
En raison de la complexification croissante des parcours de formation au lycée et de la liaison de plus en plus primordiale entre le parcours bac-3 et le parcours bac+3, les élèves doivent avoir accès à des professionnels dont la mission soit de les accompagner dans ce cheminement. Dans un monde de plus en plus complexe à appréhender, dans lequel les individus ont les plus grandes difficultés à se situer et à se projeter, le conseil en orientation, mission primordiale des Psy-EN EDCO, ne saurait se confondre avec le rôle que doivent jouer les enseignant·es.
Les préconisations de la Cour des Comptes…
Elle préconise la création d’un centre de santé scolaire regroupant les médecins scolaires, les infirmier·ère·s, les assistant·es de service social, les psy-EN et un·e secrétaire, ce dont ne bénéficient pas actuellement les Psy-EN EDA.
Ces 4 métiers doivent collaborer et être traités à égale dignité, chacun ayant des compétences propres. Ce service serait sous le pilotage d’un IA.
La création d’un centre de santé scolaire…
Selon la Cour des Comptes, ce service pluridisciplinaire de l’Éducation nationale permettrait :
- Un collectif de travail, un travail en pluridisciplinarité et un meilleur maillage du territoire (actuellement peu d’assistant·es de service social dans le premier degré),
- Une ligne budgétaire unique pour l’ensemble des professionnels du centre de santé scolaire, et y compris les psy-EN (BOP 230),
- Une « Meilleure prise en compte des besoins des élèves en matière de soutien et de suivi psychologique » ainsi que la « promotion du bien-être psychique de l’enfant »,
- Une amélioration des conditions matérielles de travail (matériel professionnel, secrétariat, protection des données personnelles).
La révision des obligations réglementaires de service…
La Cour des Comptes préconise également une révision des obligations règlementaires de service (ORS) avec possibilité d’effectuer des temps de service durant les vacances. Elle évoque par ailleurs la redéfinition les missions des Psy-EN du second degré (voir plus haut) et une harmonisation des missions des deux spécialités au sein du corps des Psy-EN.
… dont certaines sont inacceptables
Si certaines des préconisations de la Cour des Comptes sont acceptables et permettraient d’améliorer les conditions de travail, notamment des EDA, d’autres sont inacceptables.
Pour le Sgen-CFDT les lignes rouges sont :
- Pas de médicalisation de la souffrance des enfants et adolescents ni de glissement vers les troubles mentaux.
- Maintien des spécificités des missions des Psy-EN EDA et EDCOP. Un corps unique ne signifie pas qu’il faut méconnaître les publics auxquels les personnels s’adressent ni les contextes professionnels dans lesquels ils évoluent.
Le Sgen-CFDT propose :
- Un lieu de travail pluridisciplinaire qui pourrait prendre la forme d’un pôle enfance adolescence et qui permettrait un travail de partenariat interinstitutionnel,
- Prise en compte de tous les champs de la psychologie : psychologie clinique (et systémique), psychologie de l’orientation, neuropsychologie, guidance parentale et psycho éducation,
- Maintien de nos missions en lien avec le décret de 2017,
- Matériel (dont testothèque) et bureau,
- Obligations réglementaires de service (ORS) : la reconnaissance du télétravail et l’équipement matériel qui en découle,
- Temps de concertation,
- Formation continue,
- Mise en place de passerelles entre les 2 spécialités,
- Lien et partenariat avec les établissements scolaires maintenu,
- Liens avec les structures extérieures.
Le rapport de la Cour des Comptes est à prendre pour ce qu’il est : un rapport. Le Ministère de l’Éducation nationale peut y donner suite… ou pas.
Les priorités du Sgen-CFDT restent inchangées : la défense du réseau des CIO et le maintien des missions d’orientation et de conseil en orientation dans le second degré, ainsi que la question des conditions de travail notamment dans le premier degré.