Ce courrier de la secrétaire générale du Sgen-CFDT au ministre de l'Éducation nationale, envoyée en juin 2021, a paru à travers un extrait dans le dossier « Revalorisations dans l'Éducation nationale » du no 280 - juin-juillet-août 2021 de Profession Éducation, le magazine du Sgen-CFDT.
Monsieur le ministre,
Cette année exceptionnelle a souligné une évidence : investir dans l’éducation est un impératif pour préparer l’avenir, et il n’y a pas de service public de l’éducation sans l’engagement de tous les personnels de l’Éducation nationale.
Chacun, là où il est, contribue à ce service public essentiel à la nation. Le service public d’éducation est traversé par les bouleversements du monde. Il faut réaffirmer son importance et l’adapter sans cesse. Cela ne peut se faire qu’en s’appuyant sur un dialogue social exigeant et constructif, et cela ne peut se faire sans les personnels eux-mêmes. Ces professionnels connaissent leur métier et savent l’interroger. Les équipes de travail sont les acteurs essentiels des transformations.
Contexte dans lequel s’inscrit le courrier
Depuis le début de la crise sanitaire, le système tient par un investissement sans faille de tous ses personnels, titulaires comme contractuels, au prix de grands efforts et d’une grande fatigue qui s’est installée. Les attentes en termes de reconnaissance et de revalorisation sont donc très élevées, à juste titre.
Une revalorisation des métiers de l’Éducation nationale passe en premier lieu par une amélioration des rémunérations.
Le contentieux salarial pour les personnels de l’Éducation nationale est ancien. Le décrochage des rémunérations en particulier des personnels enseignants remonte aux années 80, qu’il s’agisse de comparer leurs rémunérations à celles des personnels de pays européens, mais aussi à celles d’agents des autres fonctions publiques. La mise en œuvre du protocole sur les parcours professionnels, les carrières et les rémunérations (PPCR) a constitué une première inflexion importante pour toutes les fonctions publiques. Dans l’Éducation nationale, le décrochage est tel que les revalorisations doivent se poursuivre de manière significative. Aujourd’hui ce sont principalement des mesures indemnitaires qui permettront de rattraper ce retard.
Plus personne ne conteste aujourd’hui l’urgence et la faisabilité d’une telle revalorisation.
Depuis 2017, le Sgen-CFDT vous a alerté à plusieurs reprises sur la nécessité de poursuivre la revalorisation, en particulier de manière assez détaillée dans un
. Force est de constater que plus personne ne conteste aujourd’hui l’urgence et la faisabilité d’une telle revalorisation.Positions du Sgen-CFDT par rapport aux propositions de revalorisation issues du Grenelle de l’éducation
Le Sgen-CFDT prend acte positivement de la proposition d’une enveloppe à hauteur de 700 millions d’euros (dont 200 dédiés au financement de la protection sociale complémentaire) pour 2022. C’est une étape supplémentaire. Mais, aux yeux de nos collègues, du fait d’un niveau d’attente très élevé, les annonces de revalorisation leur paraissent être une goutte d’eau.
C’est pourquoi le Sgen-CFDT revendique toujours une loi pluriannuelle de programmation garantissant des trajectoires de revalorisation et l’ouverture de nouveaux droits pour toutes les catégories de personnel du ministère de l’Éducation nationale. À terme, ce doit être la courbe de l’évolution de la rémunération de chaque agent sur sa carrière qui doit être redessinée et garantie.
Pour le Sgen-CFDT, les mesures annuelles doivent garantir la reconnaissance du travail réel des agents, la reconnaissance des parcours professionnels, l’attractivité des métiers, la fidélisation des personnels. Les mesures doivent aussi permettre de réduire les inégalités, entre les femmes et les hommes mais aussi entre les catégories professionnelles et entre les corps de l’Éducation nationale, et par rapport à des corps équivalents de la fonction publique.
Tous les personnels ne bénéficieront pas de mesures en 2021 et 2022. Or, pour le Sgen-CFDT, chaque agent doit pouvoir compter sur de nouvelles perspectives d’évolution salariale à horizon 2026. Ainsi, les rémunérations des personnels en milieu de carrière devront faire l’objet de mesures de revalorisation. De même, la rémunération des personnels contractuels ne saurait être écartée des discussions.
Pour le Sgen-CFDT, chaque agent doit pouvoir compter sur de nouvelles perspectives d’évolution salariale à horizon 2026. Ainsi, les rémunérations des personnels en milieu de carrière devront faire l’objet de mesures de revalorisation.
Le choix de revaloriser d’abord les débuts de carrière est un levier pour redonner de l’attractivité aux métiers enseignants, même si ce n’est pas le seul, et pour ainsi pérenniser un service public d’éducation qui ne peut s’envisager sans enseignants formés et reconnus.
Par ailleurs, la prime informatique préfigure ce vers quoi il faut tendre à savoir une part indemnitaire identique soclée pour toutes et tous comme support de la trajectoire d’amélioration des rémunérations. Le Sgen-CFDT vous en a déjà fait la proposition, cela pourrait correspondre à une indemnité de responsabilité augmentée reconnaissant pleinement l’engagement des personnels, les transformations déjà réalisées du travail au sein des écoles et établissements.
Certaines mesures annoncées générales sur l’attractivité des métiers, les déroulements de carrière et la protection sociale complémentaire correspondent à des revendications permanentes du Sgen-CFDT et vont dans le bon sens ; elles devront être amplifiées.
Une attention ambitieuse doit être portée aux conditions de travail
la crise sanitaire a montré la nécessité de prendre en compte la question des conditions de travail
Pour le Sgen-CFDT, tous ces éléments de revalorisation ne sauraient être conditionnés à des contreparties en matière de temps de travail, de charge de travail, celle-ci s’étant déjà bien intensifiée ces dernières années.
D’ailleurs, la crise sanitaire a montré la nécessité de prendre en compte la question des conditions de travail avec notamment la mise en œuvre du télétravail revendiquée par la CFDT, la CFDT Fonctions Publiques et le Sgen-CFDT.
D’une façon générale, les conditions de travail des personnels doivent faire l’objet d’un plan de travail d’envergure sur les risques professionnels et faire l’objet d’une réflexion collective des personnels sur l’organisation de leur travail.
les conditions de travail des personnels doivent faire l’objet d’un plan de travail d’envergure sur les risques professionnels et faire l’objet d’une réflexion collective des personnels sur l’organisation de leur travail.
Au-delà des mesures d’ordre général, des dispositions catégorielles ou sectorielles, portées par le Sgen-CFDT depuis de nombreuses années, sont nécessaires et répondraient aux attentes des personnels. Nous les exprimerons avec force de manière très précise lors des groupes de travail de l’agenda social de cette fin d’année scolaire.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le ministre, l’expression de nos très respectueuses salutations.
Catherine Nave-Bekhti
Secrétaire générale du Sgen-CFDT
* Pour lire le courrier du Sgen-CFDT en date de janvier 2019.
Retrouvez en ligne le dossier de Profession Éducation sur les revalorisations, avec les extraits des courriers cités.
Les engagements du Grenelle de l’éducation.
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