Alors que la rentrée scolaire est déjà loin derrière pour les collègues, le Sgen-CFDT a interrogé les Conseillers Principaux d'Education dans les académies. Comment ont-ils vécu cette rentrée ? Qu'y a t-il de nouveau dans leur quotidien depuis juin dernier ? Petit tour d'horizon des établissements.
Les CPE sont, comme chaque année impactés par la mise en route des établissements du point de vue de la vie scolaire. Entre AED en nombre insuffisant et missions nouvelles, difficile d’organiser le service et beaucoup pointent les manquements de leur institution.
Vie scolaire : une rentrée presque ordinaire ?
La plupart des témoignages expriment le sentiment que la rentrée 2021 s’est déroulée presque normalement. Après la rentrée 2020 où le Protocole sanitaire avait complètement envahi l’horizon professionnel et absorbé toute les forces vives, cette rentrée laisse entrevoir d’autres perspectives, avec en premier lieu le vœu de pouvoir envisager l’année comme une année « ordinaire ».
Le maintien d’un protocole sanitaire aux effets délétères sur le recrutement
Du point de vue des moyens humains absorbés par la gestion du temps de restauration, les contraintes sanitaires ont eu pour conséquence de générer une inflation de recrutement d’emploi d’AED à mi-temps.
En effet la couverture de cette plage horaire nécessite un fort besoin en personnels de surveillance. Pour y répondre, les CPE ont préféré scinder des postes à plein temps afin de renforcer l’effectif présent lors de la pause déjeuner.
Alors que l’année dernière, beaucoup d’établissements ont pu bénéficier d’un appui ponctuel en personnel de surveillance, pour cette rentrée, l’application du protocole se fait avec les seuls moyens humains alloués aux établissements, moyens rendus, au fil du temps, insuffisants dans de trop nombreux cas.
En conséquence, il devient de plus en plus difficile de recruter des mi-temps AED du fait du manque d’attractivité du métier et des nombreuses missions qu’ils/elles doivent remplir.
Des pôles de vaccination qui mobilisent les personnels de la vie scolaire
La mise en place de centres de vaccination dans certains établissements scolaires a absorbé les autres personnels de vie scolaire encore disponibles.
Le constat dressé par les agents est unanime, peu de familles ont envoyé leurs enfants de moins de 16 ans se faire vacciner préférant les confier aux centres de vaccination du Ministère de la Santé. On mobilise donc des personnels pour ces pôles de vaccination pour un nombre de jeunes dérisoires alors qu’ils pourraient effectuer d’autres missions sans doute plus importantes notamment en ce début d’année scolaire.
La connaissance et l’accompagnement des élèves en septembre est primordial pour nouer un dialogue de proximité.
Pour le Sgen-CFDT, c’est bien là que devraient se situer leurs missions.
AED : Une pénurie qui tend à se généraliser
Les collègues sont nombreux à signaler la difficulté croissante à recruter des AED dans certaines zones.
Dans les académies d’Amiens, Grenoble, Créteil, Versailles, Paris, Limoges, Poitiers, Dijon, Reims et Besançon de nombreux établissements ont dû effectuer la rentrée avec une équipe de vie scolaire incomplète.
A ce jour, les établissements sont encore nombreux à ne pas posséder des équipes complètes, certains postes d’AED n’étant pas encore pourvus.
Pire, ce phénomène devient récurrent dans plusieurs secteurs d’académies et tend même à se généraliser lors de chaque nouvelle rentrée.
Décryptage d’un phénomène croissant
Sur les 62.812 AED employés du MEN (sources Bilan social), il y a 40 % d’hommes et 60 % de femmes.
La proportion des étudiant.es a diminué si bien qu’aujourd’hui la moitié de chaque équipe d’AED n’est engagée dans aucun parcours de formation ou de préparation aux concours. Cela n’était pas le cas il y a encore quelques années.
Les causes probables de cette baisse sont multiples :
– la faible rémunération (pour rappel, un emploi AED à mi-temps est rétribué environ 600 euros pour 18 heures effectuées et 1200 euros pour 36 heures effectuées par semaine)
– l’incompatibilité d’un emploi à 36 heures hebdomadaires cumulé avec un suivi de cours à l’université
– l’absence de reconnaissance et de valorisation de leurs efforts quotidiens.
Un changement dans le profil des AED
Aujourd’hui, recruter des AED étudiants relève de la gageure pour beaucoup de collègues CPE. L’âge moyen des personnes recrutées sur ce type de contrat s’élève année après année.
Ainsi et depuis quelques années, la typologie de ces personnels a évolué faisant place à de nouveaux profils : des mères de familles, des personnes en reconversion, des personnes proches de l’âge de la retraite auxquelles il manque plusieurs trimestres de cotisation.
Le recours à des offres d’emploi via Pôle Emploi ne fonctionne plus comme cela fut le cas les années passées. Aujourd’hui une offre d’emploi publiée sur ce site ne trouve plus automatiquement de candidat.es.
CPE : une profession qui n’attire plus autant, des perspectives de carrière qui s’étiolent
Comme nous l’avions évoqué en 2020, les CPE sont de moins en moins nombreux/ses à se projeter sur la fonction de personnels de direction. Alors qu’ils/elles représentaient 20% du corps il y a 10 ans, ils/elles sont à peine plus de 10% aujourd’hui .
De plus ils/elles sont de plus en plus nombreux/ses (15 à 20% du corps) à envisager un départ vers le secteur privé. Cette tendance doit être mise en perspective avec d’une part le nombre de ruptures conventionnelles signées l’an dernier et d’autre part avec le nombre croissant de démissions.
Recruter et Manager des équipes plurielles
Pour le Sgen-CFDT, cela pose une double question celle de l’attractivité mais aussi la nécessaire adaptation des CPE au profil des nouvelles personnes recrutées.
Toutes ces évolutions ont une incidence sur le fonctionnement des équipes obligeant les CPE à faire preuve d’innovation en termes de gestion des personnels.
Le mode managérial choisi en vue de conduire des équipes aux personnalités si variées est ainsi questionné.
Cela vient donc questionner la professionnalité des CPE qui, par manque de visibilité sur leur carrière, par un écart fort entre missions et travail réel, sont de plus en plus nombreux à envisager de quitter la profession.
Pour le Sgen-CFDT, le chantier doit être ouvert et vite
Pour le Sgen-CFDT, il est urgent de dresser le bilan et d’en tirer les conclusions pour l’avenir de la profession.
Le/la CPE est bien la pierre angulaire pour un bon fonctionnement des établissements.
Cela ne peut se faire sans AED formés et accompagnés.
Les équipes de vie scolaire, de par leur complémentarité, apportent un service aux élèves indispensable et reconnu en premier lieu par les élèves. En cela, ils/elles contribuent à la réussite du système.
Ainsi il convient pour les CPE :
- que la profession bénéficie d’une véritable revalorisation à hauteur de la reconnaissance des responsabilités qui sont les leurs.
- qu’une formation continue leur permette de trouver des réponses à leurs problématiques
Et pour les AED :
- que le métier redevienne attractif en disposant d’une rémunération et d’un temps de travail conséquents
- qu’ils/elles puissent bénéficier d’un accompagnement et d’une formation initiale et continue pour les missions confiées
- Que leur parcours soit valorisé et puisse leur permettre une reconversion professionnelle
Le Sgen-CFDT entend continuer à allier terrain et revendications
Aux côtés des collègues, les militants du Sgen-CFDT continueront d’écouter, d’accompagner, de conseiller et de former les CPE afin de les préparer à relever les défis auxquels ils/elles sont confronté.es. C’est en écoutant que notre syndicat entend agir.