CPE : une professionnalité mise à l’épreuve

Dans la tradition du Sgen-CFDT, la parole est donnée aux collègues CPE. Cela répond à un immense besoin d’écoute et d’expression. Jamais le sens du travail n’a été aussi remis en question en raison de conditions d’exercice perturbées par la crise sanitaire actuelle.

Donner la parole, écouter, accompagner et construire ensuite des revendications à partir de ces remontées de terrain, telle est la mission première d’un syndicat comme le nôtre.

Alors que le Ministre a reconnu l’implication de l’ensemble de la profession (trois interventions destinées aux CPE depuis mars 2020), ce bilan atteste une fois de plus de la professionnalité des conseiller.es principaux/principales d’éducation.

La parole aux collègues CPE des académies de Lyon et Grenoble

Parlons travail des CPE

Ces échanges en mode visio-conférence ont été riches et nombreux. Ils témoignent, s’il en était besoin, de l’attente des participants à s’exprimer sur leurs conditions de travail. C’est bien d’un espace de dialogue dont les collègues ont besoin dans l’Institution.

Le bilan de ces rencontres tient en deux mots : obsession et préoccupations.

L’obsession réside en chaque instant dans l’application des règles inscrites au protocole sanitaire. Autrement dit : Comment garder le sens de son travail malgré les contraintes sanitaires?

Une application du protocole chronophage et énergivore

En collège particulièrement, les CPE sont absorbé.es par la mise en place et la vigilance accordée au respect de ces règles. De l’aveu de certains collègues, « le protocole sanitaire a été pensé pour l’enseignement primaire et appliqué aux forceps à l’ensemble du secondaire ».

En effet les contraintes du protocole sont plus facilement applicables aux petits effectifs d’élèves accueillis dans  les établissements de l’enseignement primaire qu’avec ceux du secondaire, en particulier au collège où l’application scrupuleuse des consignes relève en permanence de la quadrature du cercle (insuffisance de moyens humains, exiguïté des locaux, multiplication inflationniste des priorités, etc…).

Dans certains établissements, des équipes de vie scolaire (CPE et AED) sont focalisées sur le renseignement quotidien du tableau Covid (tests positifs, cas contact, retours en classe) au détriment de leurs missions premières.
Cela est inconcevable alors même que cette mission (tableau covid) relève du ressort d’autres personnels.

Dans ce contexte, les équipes d’AED font preuve de solidarité les uns envers les autres. Malgré l’épuisement, leur implication demeure sans faille.

Des préoccupations qui sont de deux natures

Quant aux préoccupations, elles relèvent de deux domaines de compétences des CPE.

L’accompagnement et le suivi des élèves d’une part, l’encadrement et le soutien apporté aux AED plus que jamais sollicités sur tous les fronts.

Concernant l’accompagnement des élèves, dès le premier confinement les collègues ont bien mesuré l’importance d’adapter les modalités de suivi en cette période de crise sanitaire.

Pour ce faire, les liens tissés antérieurement avec les autres professionnels ont été entretenus et même amplifiés.
D’autres liens sont apparus nécessaires en vue de fournir ensemble un suivi à la hauteur de la situation.
Ici, avec les acteurs de réseaux associatifs, là avec les personnels infirmiers, ailleurs avec les assistant.es de services sociaux. Les psychologues de l’Education Nationale ont quant à eux apporté une contribution particulièrement appréciée en la circonstance.

Par ailleurs et comme les collègues enseignants, les CPE se sont formé.es à l’utilisation de l’Espace Numétrique de Travail en organisant des visio conférences avec les élèves élu.es dans les instances et les élèves engagés dans un projet.

Dans le cadre de cet accompagnement, la répartition des tâches avec les membres de l’équipe AED a été cruciale.
Il s’agissait d’optimiser le suivi et le soutien apportés aux élèves. Au delà du suivi des élèves, c’est aussi en soutien aux familles qu’ils/elles ont œuvré.

Dans un contexte de réduction des moyens accordés en personnels d’éducation aux établissements, cela s’appelle de la gestion éclairée de la ressource humaine.

Aux côtés des CPE, les AED sont le deuxième couteau suisse de l’Institution scolaire

Aux avant-postes auprès des élèves, les AED exercent un rôle de premier ordre, ils informent leur chef.fe d’équipe (CPE) des dernières nouvelles importantes récoltées en dialoguant avec les jeunes. Ce sont parmi les personnes au contact des élèves, celles auxquelles ces derniers se confient le plus.

Bienveillants à l’égard des publics accueillis, les AED entretiennent une relation de confiance et de proximité nécessaires à la construction sociale des élèves qu’il convient de valoriser et d’encourager.

La deuxième préoccupation des collègues qui ressort de ces entretiens concerne ces mêmes AED.
La question qu’ils/elles se posent est : comment les préparer à tout ce que l’Institution scolaire attend d’eux?

Sachant que, statistiquement, un AED sur deux se projette vers les métiers de l’enseignement et de l’éducation, la question est centrale. De nombreux collègues CPE ont tenté d’y répondre. Pourtant, ils n’ont pas forcément de réponses à apporter tant ils sont la tête dans le guidon de leur quotidien au sein de leurs établissements.

Donner du sens à leurs missions

Pour le Sgen-CFDT, l’employeur et les chef.fes d’équipe ont l’obligation d’accueillir ces agents publics (encore en majorité des étudiants), de les former, de les accompagner et de veiller à ce qu’à la fin de leur contrat ils/elles aient acquis des compétences reconnues par l’Institution et valorisables pour leur futur employeur.

Malheureusement, pour nombre d’entre eux, cela n’est pas toujours le cas. Certains collègues ressentent régulièrement de la frustration à ne pas pouvoir accompagner les membres de leur équipe comme ils/elles le souhaiteraient faute de pouvoir dégager du temps.

A l’heure où la question de leur cédéisation se pose, le Sgen-CFDT reviendra forcément dans un prochain article sur leur situation.

Concernant les CPE, notre organisation syndicale continuera à aller à la rencontre des collègues (pour le moment en mode distanciel, et en présentiel dès que les conditions le permettront de nouveau ).
L’objectif affiché par le Sgen-CFDT est bien de recevoir la parole des personnels pour construire et porter leurs revendications.