Dialogue social, protection sociale complémentaire, budget, Cas pension, CROUS, liberté d’expression, la CFDT fait le point lors du comité social d’administration ministériel de l’Enseignement supérieur et de Recherche.
Des agents méprisés…
La réunion du comité social d’administration a lieu dans un contexte particulièrement tendu. Tension notamment sur les sujets fonction publique, avec les déclarations brutales du ministre en charge de ce dossier qui fait mine de tout ignorer de la situation des agents dont il a la charge, qui déforme même les chiffres issus des rapports des services d’inspection, pour alimenter à des fins politiciennes les préjugés infondés concernant le prétendu absentéisme des agents publics.
Ses propositions mettraient en danger la santé des agents ; elles aggraveraient les inégalités entre les femmes et les hommes ; et rendraient moins attractives encore les métiers de la fonction publique.
Pour ces raisons, elles ne pourraient que dégrader, in fine, la qualité du service.
Les organisations syndicales se concertent sur la meilleure manière de riposter à cette attaque. Et cependant, alors qu’au non d’une égalité factice avec le secteur privé on s’en prend aux droits des agents malades, une mesure de mise à égalité, réelle celle-ci, c’est-à -dire la prise en charge partielle par l’employeur de la protection sociale complémentaire, prend un retard croissant qui inquiète la CFDT, demandeuse de ce dispositif. Le gouvernement ne cache d’ailleurs pas que ce retard lui fait économiser des sommes considérables…
Compte tenu de ces retards, la CFDT demande, depuis plusieurs mois, le doublement de la participation forfaitaire de 15€ destiné à assumer l’engagement pris par l’Etat en matière de prise en charge.
Un budget en tension
Tension également autour du projet de loi de finance pour 2025. La CFDT a participé à l’expression intersyndicale sur le sujet ; et nous avions exprimé notre profonde insatisfaction dès la publication du Projet de Loi de Finances.
Ce budget est mauvais pour la fonction publique (cf. outre les points déjà abordés, la scandaleuse suppression de la GIPA), et mauvais pour l’enseignement supérieur et la recherche.
On nous promet que les engagements pris par l’Etat dans le cadre du protocole carrière et rémunération seront tenus : nous l’espérons, ne serait-ce que pour ne pas dévaloriser davantage la parole de l’État, mais la concrétisation des actions prévues cette année universitaire tarde à venir…
Et combien de mesures justes, obtenues en marge de ce protocole, seront quant à elles supprimées ? Ajoutons que notre lecture du processus parlementaire en cours ne nous rend pas optimistes sur la capacité de la représentation nationale à améliorer ce bien mauvais projet de loi de finance.
Budget du supérieur en tension : des établissements face à des choix critiques
Tension, de ce fait autour du budget des établissements :
Disons-le : entre la stagnation (et donc la diminution en euro constant) des budgets et le coup de canif supplémentaire que représente l’augmentation non compensée du CAS pension, bien peu d’établissements, notamment d’enseignement supérieur, pourront boucler leur budget.
Derrière cela, c’est évidemment de la souffrance supplémentaire pour nos collègues, qui n’en peuvent plus de faire malgré tout tourner le service public.
Tension dans le réseau des CROUS, également :
La CFDT est très inquiète pour la santé des agents, après des années d’augmentation de la charge de travail par simple redéploiement du personnel – loin d’être compensé par les quelques postes supplémentaires obtenus de haute lutte cette année. Les tarifs sociaux et très sociaux sont certainement une bonne nouvelle pour l’alimentation de nos usagers ; mais l’augmentation de l’activité que cela a représenté, sans que les moyens humains nécessaires soient attribués, met la force de travail des CROUS dans un état d’épuisement très préoccupant.
Nous sommes au tout début de l’année universitaire, et déjà nos collègues nous disent qu’ils ne tiendront pas le coup ! Le manque de garanties claires sur ces points a empêché la CFDT de se prononcer favorablement, au CA du CNOUS, sur le projet de réseau. Espérons que cette alerte soit entendue.
Attention aux dérives !
Ce contexte de difficultés et de tension nécessite du dialogue social et un travail approfondi entre le ministère, les établissements et les organisations représentatives.
On ne peut par contre que regretter que l’on invente, pour des raisons politiques, des sujets de tension supplémentaires.
Après l’initiative de la présidente du conseil régional d’Ile de France qui tente de mettre au pas les établissements d’enseignement supérieur en leur imposant une charte, c’est le ministre lui-même qui, dans la presse du dimanche, menace de poursuite judiciaire les collègues (ou établissements, on ne sait pas trop) qui a son sens abuseraient de leur liberté de parole. On n’est évidemment pas dupe du caractère politicien de ces initiatives en cette période d’absence de majorité parlementaire, mais ce ni n’est ni utile, ni très sérieux.
Abordons plutôt les vrais problèmes : ils ne manquent pas !