Le ministre de l’Éducation nationale était présent pour échanger avec les organisations syndicales représentatives sur la préparation de la rentrée 2024. Retour sur le CSAMEN du 21 décembre 2023.
Les annonces budgétaires du ministre
Le 21 décembre 2023, ministre a présenté devant le comité social d’administration du ministère de l’Éducation nationale (CSAMEN) les grandes lignes des moyens pour la rentrée 2024.
Alors que la loi de finances n’était pas encore adoptée par le Parlement, le ministre annonce que les arbitrages au sein du gouvernement permettent d’aboutir à ce qu’il n’y ait pas de suppressions nettes d’emploi globalement à l’Éducation nationale, là où 2 440 postes devaient initialement être supprimés. Il y a donc moins de suppressions de postes d’enseignants que prévu dans le 1er degré, et des créations des postes d’enseignants dans le 2nd degré.
Pour le Sgen-CFDT, c’est sans doute le signe que le gouvernement renonce (mais pour combien de temps ?) à une politique du rabot pur et simple pour l’Éducation nationale en période de diminution des effectifs élèves. Mais, le risque est grand qu’on ne progresse toujours pas dans la capacité d’améliorer le remplacement et les conditions de travail. |
Cette rallonge sert la politique éducative du choc des savoirs qui ne nous convient pas, au Sgen-CFDT : groupes de niveaux au collège, hyper focalisation sur les fondamentaux, classes de prépa lycée pour les élèves qui, ne réussissant pas à obtenir le diplôme national du brevet, ne pourront pas accéder à une classe de seconde immédiatement après la 3ème…
Ce n’est pas notre vision de l’école.
Des moyens pour une mauvaise politique éducative : le chaos des savoirs
Pour le Sgen-CFDT, les moyens supplémentaires obtenus devraient être orientés prioritairement vers les élèves qui en ont le plus besoin. |
C’est ce que semble prévoir le ministère avec la prise en compte des IPS pour répartir ces moyens obtenus in extremis. Cependant, la volonté d’utiliser aussi les résultats aux évaluations nationales en 6ème revient à leur faire jouer un rôle qui n’était pas prévu, révélant une lecture mécaniste de l’éducation et une méconnaissance des modalités de mise en œuvre, de passation de ces évaluations et donc les biais qui en résultent. On ne reconnaît donc pas la capacité des personnels à analyser les acquis et les difficultés des élèves.
Pour le Sgen-CFDT ces moyens supplémentaires devraient servir à renforcer le taux d’encadrement des écoles et établissements.
Il ne s’agit pas alors d’indiquer précisément quelle organisation pédagogique mettre en place, mais de laisser les équipes pédagogiques s’organiser de la manière qui leur semble la plus utile pour faire progresser tous les élèves, sans les assigner à des groupes de niveaux, sans les stigmatiser.
Pour le Sgen-CFDT, c’est bien en faisant du plus de professeur.es que de classes dans le 1er degré qu’on améliorera autant les conditions de travail des personnels que les conditions d’apprentissage des élèves. |
Dans le 2nd degré, donner plus de moyens enseignants dans les DGH là où il y en a le plus besoin irait dans la même direction : permettre aux équipes de définir l’organisation pédagogique adaptée pour mener tous les élèves vers les objectifs d’apprentissages que sont le socle commun de connaissances, de compétences et de cultures et les programmes d’enseignement.
Le ministre annonce aussi des financements à hauteur de 30 millions d’euros pour l’achat de manuels certifiés en CP CE1 pour l’enseignement de la lecture et des mathématiques. Le Sgen-CFDT a déjà dénoncé la volonté ministérielle, depuis plusieurs années, de corseter tout spécialement le travail des professeur.e.s des écoles. On est là aux antipodes de la confiance dans l’expertise professionnelle des personnels.
Pas de créations d’emploi hors filière enseignante et AESH malgré les besoins
Dans les autres métiers, il n’y aura pas de créations d’emploi malgré les besoins à la fois au regard des conditions de travail des personnels et des besoins des élèves. Pour le Sgen-CFDT, cela signifie qu’il n’y a pas de perspectives d’amélioration des conditions d’exercice de l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale.
Retrouvez nos articles sur les schémas d’emplois 2024 :
- enseignant.es du 1er degré ;
- enseignant.es du 2nd degré ;
- personnels administratifs ;
- personnels sociaux et de santé ;
- vie de l’élève : davantage d’AESH mais ni CPE, ni AED en plus
Quelques réponses du ministre aux questions du Sgen-CFDT
Le ministre a répondu à quelques-unes des questions que nous avons soulevées dans notre déclaration liminaire.
Le ministre nous a annoncé que nous recevrions rapidement une réponse à notre courrier sur les défauts de scolarisation des enfants à la rue ou mineurs étrangers non accompagnés.
Le ministre a affirmé que des progrès étaient en cours en matière de protection fonctionnelle avec désormais 80% de réponses favorables, et reconnaît qu’il faut encore progresser en réactivité et en posture pour répondre à des personnels qui sont nécessairement éprouvés.
Il dit espérer que l’accord sur la protection sociale complémentaire en santé et en prévoyance sera majoritaire, et veut par ailleurs travailler sur un partenariat avec la médecine de ville afin que les agents accèdent à des bilans de santé réguliers.
Pour la sécurisation des établissements scolaires, un budget supplémentaire de 2 millions € à dépenser avant le 31/12/2023 était disponible, et les collectivités territoriales informées et accompagnées pour s’en saisir.
Le Sgen-CFDT, après avoir rappelé sa ferme opposition à la loi de la honte qu’est la loi immigration, avait aussi interrogé le ministre sur sa responsabilité pour protéger les agents de nationalité étrangère si elle entrait en vigueur en l’état. |
Le ministre a affirmé sa gratitude envers ces personnels qui rendent service à notre pays. Il a affirmé que l’action sociale en faveur des personnels serait abondée pour pallier toute difficulté pour les personnels du ministère, en particulier sur la question du logement.
Pour le Sgen-CFDT, cette réponse est insuffisante et montre si besoin était que les conséquences de cette loi de la honte pourtant soutenue par l’exécutif n’ont pas été anticipées.
Le ministre n’a rien dit de l’accompagnement de l’État employeur pour le renouvellement des titres de séjour de ses propres agents. Nous l’avions aussi interrogé sur le nécessaire accompagnement des élèves étrangers pour qu’ils et elles soient informés des conditions d’accès à la nationalité française, il n’a pas répondu sur ce volet.
Nous continuons d’agir pour que cette loi ne soit pas promulguée
et si elle l’était, nous accompagnerons celles et ceux
qui en auront besoin.