Le Conseil supérieur de l’Éducation des 11 et 12 juillet 2019 est consacré aux programmes du nouveau lycée. Déclaration liminaire des représentants du Sgen-CFDT.
DÉCLARATION LIMINAIRE
Le Conseil supérieur de l’Éducation qui s’ouvre est le second consacré aux programmes du nouveau lycée. En décembre la critique avait été unanime et la majorité des textes avaient été rejetés massivement.
Pour le Sgen-CFDT les programmes de seconde et première présentent trois défauts majeurs :
- le déni de dialogue social, car ils ont été conçus sans tenir compte des observations et des demandes de modifications des organisations syndicales comme des associations disciplinaires,
- le déni de réalité, car ces programmes à la qualité rédactionnelle très inégale et rédigés dans l’urgence ont été pour la plupart guidés par une boussole absurde, l’idée selon laquelle mettre le plus possible de choses à acquérir dans le temps imparti allait mécaniquement élever le niveau des élèves,
- le déni de la réforme en cours puisque les programmes de spécialité ont été conçus sur 2 ans sans tenir compte de l’intérêt des élèves qui ne poursuivront pas en terminale.
Des programmes de spécialité construits sur 27 semaines alors que l’épreuve est prévue en mars…
Il faut souligner que les programmes de terminale dont nous allons débattre sont globalement de meilleure facture et qu’un certain nombre de remarques ont d’ores et déjà été prises en compte, notamment sur l’oral. Pour autant, ils présentent un défaut de fabrication majeur, fruit des errements que le Sgen-CFDT a dénoncés dans la conduite de cette réforme : les programmes de spécialité ont été construits sur 27 semaines alors qu’il semblerait que l’épreuve de spécialité se positionne en définitive en mars et ne pourra évaluer que 22 semaines d’apprentissage.
D’autre part les modalités proposées restent celles des épreuves actuelles (durée, modalités…), sans aucune prise en compte non plus des récurrentes affaires de triche : la norme reste des contrôles de connaissances et de conformité aux contenus plutôt que des épreuves de mise en œuvre d’une réflexion complexe, à partir d’un dossier par exemple. Nous l’avions dénoncé dès le début, il n’y a eu aucune discussion sur ce sujet, mais le cadre général des épreuves nous est pourtant soumis au vote.
Arbitrer entre temps d’apprentissages effectifs, bouclage du programme et préparation aux épreuves…
Évidemment les enseignants sont des professionnels compétents qui feront leur possible afin de tirer le meilleur parti de ces programmes mal ficelés pour leurs élèves. Mais ne nous y trompons pas : les difficultés professionnelles et la souffrance au travail naissent quand il y a un écart trop important entre le travail prescrit et le travail réel, qui plus est insuffisamment reconnu. Dans le cas présent on demandera aux enseignants d’arbitrer perpétuellement entre les temps d’apprentissages effectifs des élèves, le bouclage du sacro-saint programme et la préparation aux épreuves. Résoudre cette tension impliquerait pour le Sgen-CFDT d’adopter une démarche curriculaire qui dessine une cohérence entre les objectifs et principes de l’éducation, les domaines d’enseignement et leurs différents éléments (connaissances, savoirs, disciplines, compétences), les parcours scolaires et les évaluations des élèves. C’est tout le sens du lycée modulaire que le Sgen-CFDT continue à défendre : permettre des parcours d’élèves construits et validés progressivement.
Une adaptation du calendrier qui aboutit à une situation absurde
Les réflexions cloisonnées conduites d’une part pour construire les programmes, et d’autre part pour adapter un calendrier « habituel » à de nouvelles modalités d’épreuve ont abouti à cette situation absurde :
- rabotage de parties du programme de spécialité à maitriser pour l’épreuve de mars qui seront décidées… plus tard,
- positionnement du 3ème E3C en fin d’année de terminale le transformant de fait en une série d’épreuves terminales et non de « contrôle continu »,
- incertitude sur l’organisation du 3ème trimestre puisque à ce jour, aucune modalité pour l’oral terminal n’a été arbitrée. Aujourd’hui, les incertitudes sur le calendrier scolaire amplifient l’impression d’un manque de cohérence globale de cette réforme.
Traduire enfin en actes la volonté de dialogue affichée…
L’institution scolaire et les communautés éducatives sortent profondément fracturées de la crise du bac qui vient d’avoir lieu. Monsieur le ministre a affiché une nouvelle fois sa volonté de dialogue, mais il faut enfin qu’elle se traduise en actes, et il est plus que temps. Ainsi l’agenda social doit se poursuivre, mais nous demandons aussi qu’une concertation soit d’ores et déjà programmée au printemps 2020 pour opérer les ajustements nécessaires aux programmes de 2nde et 1ère. Une concertation identique doit être prévue au printemps 2021 pour ceux de terminale. Mais surtout il faut dès la rentrée reprendre les discussions sur le calendrier de l’année de terminale. C’est pourquoi nous demandons le retrait des textes sur les modalités des épreuves et la place du dernier E3C.