(Comité Technique Ministériel de l'Éducation Nationale). Outre les points à l'ordre du jour, le Sgen-CFDT exprime son soutien aux personnels attaqués par les politiques et les médias, parle de la Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire (MLDS) et des lycées dans l'Éducation prioritaire.
À l’ordre du jour du CTMEN : Psychologues de l’Éducation Nationale, statut et dispositions indiciaires : voir compte-rendu – RIFSEEP des emplois fonctionnels des services déconcentrés – Recrutements réservés du dispositif Sauvadet II (titularisation des contractuels) : voir compte-rendu – Missions et organisation de la médecine scolaire.
Déclaration liminaire du Sgen-CFDT
Le Sgen-CFDT soutient les personnels face aux attaques dont nous sommes l’objet dans les débats politiques et médiatiques
Nous n’avons pas pour habitude de faire ici la chronique de tous les dérapages qui émaillent le débat public quand celui-ci s’empare de la question éducative. Il y a longtemps que, dans ce pays, les bateleurs d’estrade réactionnaires et les spécialistes des propos de comptoir ont leur rond de serviette dans les médias, aux dépens des professionnels et des connaisseurs véritables. On s’y est presque habitué. Cependant, l’outrance et même la violence des certains propos récents, à quelques mois d’élections nationales, nous obligent à y faire réponse ici, pour prendre la défense des personnels, de leurs métiers et de leurs missions.
Défendre les personnels enseignants, tout d’abord, dont le travail est aussi méconnu que méprisé. Que l’on ose dire que les enseignants « travaillent six mois par an », que l’on puisse laisser croire qu’il possible d’augmenter leur temps de service et supprimer des dizaines de milliers de postes sans remettre en cause les missions qu’ils assument, c’est une insulte directe à nos collègues que l’on traite quasi explicitement de paresseux. Le plus grave est que cela traduit une volonté de complaire à cette frange de l’opinion qui est avide de certitudes simples mais factices, et en perpétuelle recherche de boucs émissaires. Défendre les personnels administratifs des services déconcentrés, notamment, à qui on reproche simultanément la moindre absence non remplacée d’un·e enseignant·e, et que les médias critiquent vertement s’ils recrutent des personnels contractuels sans le même bagage de formation qu’un titulaire. Défendre ces mêmes personnels contractuels, enfin, que dans l’indifférence générale on continue de maintenir dans la précarité malgré la loi Sauvadet, qu’on laisse assumer sans accompagnement ni formation les postes souvent parmi les plus difficiles. Au-delà de ces collègues, il faut bien reconnaître que le travail, la réalité du travail, les situations concrètes de travail ne sont plus perçues ni traitées dans le débat public qui préfère s’attacher à une vision fantasmée du travail et des besoins des salariés. C’est la responsabilité des organisations syndicales que de reposer la question du travail dans le débat politique, en s’appuyant sur ce que vivent et pensent les salariés d’aujourd’hui. C’est à cette fin, d’ailleurs que la CFDT a lancé une grande enquête « Parlons travail » à laquelle ont déjà répondu plus de 120 000 personnes de tous les secteurs d’activité.
RIFSEEP de certains emplois fonctionnels
La revalorisation des minima indemnitaires ne suscitera pas d’opposition de la part du Sgen-CFDT, cependant, CTMEN après CTMEN, nous constatons que la revalorisation du haut encadrement se fait avec plus de célérité que celle d’autres corps ou cadres d’emplois. Nous pensons en particulier à l’enlisement du dossier MLDS.
Les missions de lutte contre le décrochage scolaire
La lutte contre le décrochage scolaire est une mission importante du système éducatif. La diminution du nombre de sorties sans qualification du système scolaire ces dernières années doit être saluée. Le fait que le gouvernement et la Ministre affichent leur satisfaction quant à cette évolution positive rappelle leur attachement à cette mission. Il faut cependant poursuivre cet effort.
Les missions de lutte contre le décrochage scolaire sont pour nous au coeur du projet d’école républicaine, bienveillante, intégratrice et égalitaire. Il n’est donc pas acceptable que les personnels qui les font vivre restent en marge du mouvement de reconnaissance et de revalorisation ouvert par les chantiers métiers. Alors que l’activité intense se poursuit pour les autres corps, ce dossier n’avance pas. Le Sgen-CFDT demande que les mesures négociées soient mises en oeuvre.
La création du corps des psychologues de l’éducation nationale
Le Sgen-CFDT n’était pas demandeur de la création d’un corps unique de psychologue de l’éducation nationale. Cependant, fidèle à nos convictions de syndicat réformiste, nous avons contribué activement aux négociations dans l’intérêt des personnels.
Nous souhaitons rappeler les points de vigilance que nous avons portés dans les négociations :
– L’appellation courante de psychologues ne nous satisfait pas, et ne satisfait pas nos collègues. Nous souhaiterions que soit instituée une appellation d’usage qui, pour la première spécialité, pourrait être psychologue des apprentissages ou à défaut le maintien de psychologue scolaire et, pour la seconde spécialité, pourrait être psychologue du conseil en orientation.
– Le statut des CIO, et par la suite celle des DCIO, doit évoluer. Nous demandons que les CIO puissent bénéficier d’une personnalité juridique leur permettant une autonomie de gestion. Compte-tenu de leur activité dans l’organisation des forums, dans les plateformes de lutte contre le décrochage scolaire, c’est une nécessité afin de pouvoir nouer des partenariats y compris financiers.
– Concernant le passage à la hors-classe, nous ne considérons pas que le taux pro/pro de 10% cette année y compris les DCIO est conforme à la lettre et encore moins à l’esprit des négociations métier. Pour nous, ce 10% devait concerner les COP devenus PsyEN pour permettre la défonctionnalisation de la hors-classe et les PE devenus PsyEN pour pallier le retard de constitution de la hors classe dans le corps des PE. Les DCIO devant passer hors-classe devaient être promus en plus de ce premier contingent.
– Un dispositif permettant de passer de l’une à l’autre des spécialités doit être mise en place. Sur ce sujet le décret statutaire fait l’impasse. Or cela avait été acté lors des discussions avec le cabinet de la ministre.
– Concernant les actuels PE exerçant sur des fonctions de psychologues scolaires, nous demandons également le respect des décisions prises par le cabinet de la ministre : un délai de réflexion de 6 mois à compter de la publication du décret et la possibilité de rester professeur des écoles en reprenant un enseignement devant une classe. Le texte ne prévoit que l’intégration ou le détachement, voulu ou subi.
– Enfin, parmi les contractuels COP, tous n’ont pas le master 2 ; le Sgen-CFDT sera extrêmement vigilant quant à leur réemploi et à l’organisation sur l’ensemble du territoire de la validation des acquis de l’expérience, avec le CNAM notamment, pour leur permettre de valider le M2 et de regagner l’éligibilité au recrutement réservé.
Les personnels non-titulaires
Pour pourvoir tous les postes dans les services, écoles et établissements, compte-tenu des évolutions démographiques et des évolutions depuis plusieurs années des recrutements, l’éducation nationale, c’est un fait, va continuer à recruter des non-titulaires, notamment les enseignants.
Par ailleurs, le dernier bilan du « Sauvadet » l’a montré, le dispositif n’a pas permis, pour des raisons diverses, la titularisation de tous les éligibles.
Pour ces deux raisons, la prorogation du dispositif dit Sauvadet est bienvenue.
Cependant, pour le Sgen-CFDT, il faut aussi poser autrement la question de la résorption de la précarité.
Chaque année, des agents non titulaires qui exercent comme enseignant·es ou comme BIATSS depuis plusieurs années ne sont pas titularisé·es tout en continuant à travailler au service du public l’année suivante. Nécessaires et dignes de travailler comme non-titulaires, mais indignes d’être titularisés ! Pour le Sgen-CFDT, il faut envisager sérieusement une titularisation sans concours.
La santé scolaire
Ce point a été mis à l’ordre du jour mais ne fait l’objet d’aucun document de synthèse remis préalablement. Pour le Sgen-CFDT, cette méthode de travail n’est ni efficace, ni acceptable. Soit le ministère considère que ce point est important et donne alors un minimum d’éléments de réflexion préalable, soit ce n’est pas le cas et l’étude de ce point risque fort de n’aboutir qu’à une simple confrontation des points de vue sans objectivation.
De surcroît, le rapport Blémont sur la médecine scolaire n’est toujours pas paru et nous ne disposons toujours pas de l’état des postes pourvus par des titulaires ou des non titulaires pour les médecins scolaires et les infirmières scolaires.
C’est la raison pour laquelle nous demandons le report de ce point d’information sur les missions et l’organisation de la médecine scolaire.
Les lycées et l’éducation prioritaire
La prorogation pour deux années supplémentaires des mesures transitoires (indemnitaire et points de mutation) pour les personnels des lycées qui avaient un classement de type éducation prioritaire annoncée lors du CTMEN du 12 juillet 2016 est désormais effective. C’est certes un élément rassurant pour les personnels. Cependant, et nos collègues mobilisés le rappelleront dans le cadre de la mobilisation de demain, le sujet est loin d’être épuisé. Non seulement, il y a toujours la lancinante question de l’arrêté de 2001 qui est obsolète pour lister les établissements relevant des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Mais surtout, la question de l’éducation prioritaire comme politique éducative au niveau des lycées reste entière et doit être posée.
Compte-rendu du point sur les contractuels : voir ci-desssous.