Comité technique ministériel de l'Éducation nationale du 17 septembre 2019.
Déclaration liminaire du Sgen-CFDT
École inclusive
En ce début d’année scolaire, le sujet mis en lumière par les médias, les ministères et les équipes éducatives est sans conteste l’école inclusive.
Nous pourrions parler des couacs dans la mise en place des PIAL mais cela serait trop facile… Nous pourrions dénoncer le fait que des personnels AESH sont actuellement en poste sans contrat et sans rémunération mais nous vous avons déjà alerté par écrit il y a plusieurs jours sur ce sujet très sensible.
Les discours et l’impulsion annoncée doivent s’incarner dans le réel et le quotidien des agents…
Au-delà de ces difficultés techniques et informatiques, nos échanges, nos rencontres avec celles et ceux qui, dans les écoles, les collèges, les lycées réalisent l’école inclusive, celles et ceux qui, dans les services déconcentrés, sont chargés de la gestion des AESH, montrent qu’il est urgent de tout mettre en œuvre pour appliquer les annonces de ces dernières semaines. Nous et la profession, ne nous satisferons pas de vagues promesses. Les discours et l’impulsion annoncée doivent s’incarner dans le réel et le quotidien des agents. Force est de constater que ce n’est pas toujours le cas.
Comment expliquer qu’une AESH accompagne actuellement 7 élèves hors PIAL… qu’une ULIS-collège compte 17 élèves inscrits alors que le cadrage national limite à 12 et préconise 10 élèves.
Par exemple, le Ministre de l’Éducation Nationale s’était engagé devant le Sgen-CFDT, le 29 août dernier à prendre en compte les élèves d’ULIS lors des opérations de carte scolaire de rentrée, opérations dites d’ajustements. Nous vous avons fait remonter des situations concrètes en milieu rural, milieu urbain, REP et non REP… dont les effectifs étaient proches des 30 élèves par classe.
Nous ne pouvons que déplorer que la priorité affirmée à la réussite de nos élèves ne soit pas toujours une priorité partagée au moment de la mise en œuvre.
Rémunération
Un autre thème est central en cette rentrée, c’est celui des rémunérations. Là aussi les mots ne suffiront pas à assurer la juste reconnaissance des agents.
Si certains sujets seront traités dans les mois qui viennent comme la revalorisation qui doit accompagner la réforme des retraites pour qu’elle soit acceptable et soutenable, d’autres sujets doivent déboucher plus vite, plus tôt. Ainsi, plusieurs centaines de PE anciennement Instituteurs attendent pour certains depuis près de 2 ans le retour du versement de l’IDPE, versement de l’indemnité pourtant promise lors du CTMEN de février.
Autre exemple qui s’illustre par son délai de non-résolution : depuis maintenant 8 CTMEN consécutifs, le Sgen-CFDT vous interpelle concernant l’indemnité compensatrice de la CSG versée, retirée puis reversée puis retirée à nouveau à des personnels AESH. En cette rentrée scolaire, force est de constater que la majorité des problèmes persistent encore et il y a fort à parier qu’au CTMEN du 3 octobre prochain, nous ayons à déplorer le fait qu’à nouveau les AESH se verront ponctionner de cette indemnité suite au passage des anciens contrats de 1 an à des contrats de 3 ans…
Lycées, collèges, CIO…
Pour le 1er degré, l’ouverture des recrutements via la liste complémentaire, demande unanime des organisations syndicales, permettrait d’appliquer vos propres directives comme la formation continue sur temps de classe. La formation continue est d’ailleurs un point à l’ordre du jour de ce CTMEN…
La réforme du lycée professionnel suscite des inquiétudes légitimes, car sa mise en œuvre fait évoluer le métier enseignant. En effet, de nombreux collègues indiquent que les heures complémentaires qui devaient permettre davantage de dédoublement n’existent pas !
Concernant le collège, c’est l’angle mort des politiques ministérielles depuis que le ministère a dérégulé les dispositifs issus de la réforme de 2016. Les tensions sont réelles en particulier autour des moyens ou des effectifs de classe toujours aussi élevés.
En lycée, les problèmes de rentrée sont quelquefois les dotations horaires, mais surtout les questions d’emploi du temps. Les tensions en lycée vont se faire jour avec les difficultés à mettre en place les épreuves communes de contrôle continu E3C !
Les incertitudes sur le devenir du réseau des CIO et sur la place des PsyEN dans l’orientation inquiètent les PsyEN, mais aussi avec eux, les personnels administratifs, et les autres personnels impliqués dans l’orientation et le suivi des élèves décrocheurs.
Les agents attendent des mesures concrètes car ils se sentent peu reconnus sous le coup de discours qui déprécient leur travail. La confiance est émoussée par un pilotage injonctif qui fait peu de cas de l’expertise professionnelle, par des missions nouvelles sans contrepartie comme les évaluations nationales par exemple. La confiance est émoussée quand le gouvernement annonce des mesures pour l’école inclusive qui restent donc lettre morte dans de nombreux territoires…
Selon le Sgen-CFDT, c’est une sorte de plan Marshall dont l’Éducation nationale a besoin :
- pour mener de front dans de bonnes conditions toutes les réformes engagées, pour relever le défi de la réforme de la formation initiale et de l’amélioration de l’attractivité des différents métiers,
- et pour que les annonces en matière de rémunération, d’amélioration des conditions de travail ne soient pas que des paroles mais aussi des mesures tangibles qui améliorent le quotidien des personnels.
Le Sgen-CFDT terminera sa déclaration préalable par une citation de de Tahar Ben Jelloun – L’Auberge des pauvres :
Il faut se méfier de ceux qui ont des certitudes, qui ne doutent jamais, des gens en béton : la moindre fêlure dans le mur peut entraîner la chute de toute la maison.
Au Sgen-CFDT, nous n’attendons pas que la bâtisse Éducation Nationale s’effondre pour intervenir et revendiquer, d’où notre rôle de lanceur d’alerte aujourd’hui.