Alors que les conditions de travail se dégradent pour tous les agents et qu'un mode de gouvernance descendant, injonctif et infantilisant s'impose, le ministère a présenté sa gestion des moyens pour la rentrée 2019.
Élections professionnelles
La participation aux élections professionnelles est en légère hausse, cela ne peut que nous réjouir. Cependant, cette hausse doit être nourrie en simplifiant la participation au vote électronique, mais aussi et surtout en donnant corps et chair au dialogue social. Force est de constater que la culture de la négociation et de la concertation n’est toujours pas partagée au sein de la fonction publique. Le dialogue doit aller bien au-delà du partage d’informations et disposer de capacités pour négocier des avancés concrètes pour les agents. Concernant les décisions ministérielles actuelles, cela doit se traduire par la reprise et l’alimentation de l’agenda social. Ce n’est qu’à ces conditions que la consultation des agents prendra tout son sens et sera confortée.
Même si ce n’est ni le lieu, ni le temps du bilan de ces élections professionnelles, un mot pour évoquer un dysfonctionnement important et récurrent : le vote des agents non-titulaires. Le Sgen-CFDT dénonce avec force les difficultés, voire les impossibilités de vote, pour ces collègues. Cela n’est pas acceptable et devra faire l’objet d’une étude et de mesures particulières pour que nous ne soyons plus confrontés à ces problématiques à l’occasion des prochains scrutins.
Postes et réformes : incohérences majeures
Alors que nous allons examiner aujourd’hui les moyens de la rentrée 2019, et en particulier la répartition des suppressions de postes administratifs et d’enseignant·es du second degré, mais aussi la non création de postes dans plusieurs métiers, le Sgen-CFDT tient à souligner les incohérences entre le budget de l’Éducation nationale et les réformes qu’entend mener le gouvernement.
Les réformes des lycées interviennent sur fond de progression, pour encore quelques années, du nombre d’élèves. Comme le répète régulièrement le ministre, ces réformes n’ont pas été conçues pour réduire le nombre de postes. Cependant, les mener en supprimant des emplois revient à ne pas conserver les moyens qui pourraient donner sens à ces réformes. C’est notamment pour cela que le Sgen-CFDT n’a pas émis de vote favorable en Conseil supérieur de l’Éducation. Alors qu’on souhaite qu’une plus forte proportion d’une classe d’âge plus nombreuse fasse le choix de la voie professionnelle, on supprime déjà des postes dans les lycées professionnels, et on laisse dans une grande incertitude les équipes sur l’organisation de l’apprentissage. Dans tous les lycées, la tension sur les moyens et le taux d’encadrement risque de vider les réformes des éléments potentiellement positifs dont elles pourraient être porteuses. Que restera-t-il du choix des élèves dans les lycées généraux et technologiques ? Que restera-t-il de la co-intervention dans les LP ? Quelle sera la réalité de l’accompagnement des apprentissages et de la construction des parcours d’orientation, qui plus est alors que les professionnels qui doivent y contribuer avec les enseignant·es ne sont pas présents en nombre suffisant sur l’ensemble du territoire ? Quels moyens sont fléchés pour les lycées professionnels et les lycées généraux et technologiques accueillant une forte proportion d’élèves issus de REP, REP+ et de milieux défavorisés ?
Le Sgen-CFDT demande le report de la mise en oeuvre de la réforme du lycée, afin que des négociations puissent avoir lieu à tous les niveaux pour corriger les incohérences et améliorer les conditions de travail.
De surcroît, le gouvernement supprime 400 postes administratifs tout en annonçant la généralisation d’une GRH de proximité et la fusion des académies. Là aussi la soutenabilité des réformes en cours n’est pas au rendez-vous. C’est bien une intensification du travail, une aggravation de la sous-administration de l’Éducation nationale qui s’organise.
Concernant la réforme de l’orientation, et dans l’attente des discussions qui avaient été annoncées l’été dernier, nous constatons une chute de 130 recrutements de Psy-EN par rapport à 2017 dont moins 120 postes pour les seuls Psy-EN spécialité EDCO. Le ministère anticiperait-il déjà le passage du conseil en orientation aux régions et la fermeture des CIO ? Pour les EDA, les recrutements programmés ne pourront pas compenser les quelques 900 postes vacants.
Le Sgen-CFDT réitère sa demande restée sans réponse : quand le gouvernement sera-t-il en mesure de nous proposer des discussions sur une programmation pluriannuelle des emplois à l’Éducation nationale ?
Pilotage injonctif du 1er degré : la confiance en l’expertise professionnelle, grande absente de la politique ministérielle.
Les collègues professeurs des écoles, et en particulier les directeurs et directrices, sont mis à rude épreuve par les politiques ministérielles. Particulièrement en ce qui concerne les évaluations, le Sgen-CFDT réaffirme son opposition aux modalités proposées. Les évaluations ministérielles, déconnectées de la vie des classes et du travail quotidien de l’enseignant, et extrêmement chronophages, auraient profit à être remplacées par des évaluations par sondage à des fins de pilotage. L’évaluation des élèves à vertu formative relève, elle, de la pratique de classe et évite une mise en concurrence des élèves et une comparaison précoce de résultats ayant été obtenus dans des conditions diverses. C’est dans ce cadre que “l’école de la confiance” invoquée par le ministre pourrait prendre tout son sens.
Rémunération et pouvoir d’achat
Dans le contexte actuel, la CFDT Fonctions publiques appelle le Gouvernement à répondre rapidement aux attentes des agents publics. Notre organisation réclame des mesures d’urgence (prime d’activité, prime de fin d’année) ainsi que l’ouverture de négociation pour aborder, notamment, les questions d’augmentation du pouvoir d’achat des agents publics, de suppression du jour de carence, particulièrement pour les femmes enceintes, et de la participation financière des employeurs publics à la protection complémentaire en santé et prévoyance.
À ce titre, la situation des collègues AESH est particulièrement délicate. Le Sgen-CFDT a été reçu au ministère le vendredi 14 décembre dans le cadre de la concertation nationale sur le handicap. Nous avons abordé prioritairement ce métier d’accompagnant d’enfant en situation de handicap. Le Sgen-CFDT est intervenu sur les missions, les conditions de travail et la trajectoire salariale des ces agents publics particulièrement mal reconnus. Nous revendiquons des contrats de travail à temps plein, une formation initiale et continue et un déroulement de carrière pour ces agents. Le Sgen-CFDT, soucieux des conditions de travail de tous les personnels, attend de véritables propositions lors des concertations pour l’école inclusive qui devraient s’engager à partir de janvier 2019.