Pour le Sgen-CFDT, le budget 2021 n'est ni cohérent avec les politiques publiques que le ministère prétend conduire, ni à la hauteur des effets de la pandémie sur le sujet éducatif.
CTMEN : déclaration liminaire
La répartition des créations / suppressions de postes pour la rentrée 2021 a été présentée lors du CTM de décembre. Nous nous réunissons maintenant alors que les comités techniques académiques et départementaux, les EPLE avancent dans la préparation de rentrée sur la base de ces moyens.
Les analyses que nous faisions en décembre se révèlent justes, et la tension est déjà forte pour de nombreuses équipes qui perçoivent que les conditions de travail des personnels, les conditions d’étude des élèves vont se dégrader en particulier dans le second degré.
Des conditions de travail dégradées
Les suppressions d’emplois dans les collèges et lycées alors que le nombre d’élèves progresse, la transformation d’heures postes en heures supplémentaires génèrent une intensification du travail qui diminuera d’autant la capacité collective à s’impliquer dans le suivi et l’accompagnement des élèves.
Dans les territoires ruraux, cette transformation des heures postes en heures supplémentaires aboutit à mettre en service partagé sur plusieurs établissements éloignés les uns des autres des collègues qui avaient jusqu’alors un service complet dans le même établissement.
Pourtant les effets de la pandémie, le sens même des réformes depuis plusieurs années du collège, du lycée, de l’accès à l’enseignement supérieur mettent l’accent sur l’enjeu de l’accompagnement des apprentissages et des parcours.
Des choix budgétaires qui ne permettent pas la réduction des inégalités
Dans plusieurs académies, nos équipes observent aussi un effet des choix budgétaires du gouvernement contradictoire avec l’idée que la politique scolaire est LA politique sociale du gouvernement et qu’elle vise la réduction des inégalités.
En effet, dans certaines académies nos équipes constatent in fine une diminution des moyens dans les établissements accueillant des publics défavorisés, et pour les structures comme les SEGPA, et les UPE2A. Partout, nous constatons que les établissements disposent d’une marge plus réduite encore pour exercer leur autonomie, en lycée, cela dégrade d’autant plus les conditions de mise en œuvre de la réforme (moindre choix de spécialités, recul de l’accompagnement).
Dans le premier degré, les emplois créés ancrent bien la priorité à ce niveau d’enseignement, priorité que nous ne contestons pas.
Cependant, les nombreux objectifs assignés par le ministre aux écoles maternelles et élémentaires excèdent ce que ces moyens permettent.
Là aussi, il y aura soit tension, soit politique annoncée mais impossible à mettre en œuvre.
Il y a quelques jours, Mme la Secrétaire d’Etat chargée de l’Education Prioritaire a annoncé à deux reprises qu’il n’y aurait cette année encore aucune fermeture de classes dans les communes de moins de 5 000 habitants. Cette information nous laisse dubitatifs car les opérations de carte scolaire ont été réalisées sur d’autres bases en CTSD et CDEN et les moyens n’ont pas été délégués dans cet objectif.
Une bonne nouvelle toutefois, les élèves d’ULIS semblent enfin comptabilisés dans un certain nombre d’académies et de départements, c’est à saluer.
Les revendications du Sgen-CFDT
Pour le Sgen-CFDT, le budget 2021 aboutit à un schéma d’emplois qui n’est pas en phase avec les politiques publiques que le gouvernement et le ministère souhaitent conduire. Il n’est pas non plus à la hauteur des effets de la pandémie sur le système éducatif.
Nous demandons dans l’immédiat la prorogation jusqu’à la fin de l’année scolaire des contrats d’AED et d’enseignants contractuels débloqués de novembre à février pour faire face à la crise.
En lien avec la sécurité sanitaire de tous les personnels, de tous les élèves et de leurs familles, des investissements doivent être menés (tant sur les moyens de protections fournis par l’employeur que par des achats de purificateurs d’air, de capteurs CO2…).
Il nous semble par ailleurs indispensable de revoir le schéma d’emploi 2021 non seulement sur les emplois d’enseignant.e.s pour toutes les raisons que nous venons de présenter, mais aussi pour des postes pour lesquels notre ministère ne crée plus d’emplois depuis de trop nombreuses années.
Nos élèves ont besoin d’accompagnement non seulement dans leurs apprentissages, mais aussi dans l’élaboration de leur projet d’études, dans l’élaboration de leur projet professionnel.
La crise provoquée par la pandémie fragilise de nombreuses familles et appelle un suivi plus intense de la situation de santé, de la situation sociale des élèves si l’on veut réellement prévenir toutes les formes de décrochage scolaire, tout renoncement à des études.
De ce point de vue, l’absence de création d’emplois d’infirmiers et infirmières scolaires, d’assistant.e.s de service social, de conseillers principaux et conseillères principales d’éducation, de PsyEN dans les deux valences du corps sont incompréhensibles.
L’absence de perspectives pour réussir à recruter des médecins scolaires l’est tout autant.
Un manque de politique volontariste
Nous vous l’écrivions dès 2019 au sujet des fonds sociaux, des budgets non dépensés et rendus à Bercy ne sont pas nécessairement une bonne nouvelle, ils sont le signe qu’une politique publique définie dans l’intérêt de la population n’a pas été conduite.
Dès le mois de mars dernier, nous vous sollicitions afin de connaître les prévisions élaborées avec le ministère de l’Économie et des finances concernant l’impact de la crise économique sur les revenus des ménages et donc les besoins en conséquence en termes de fonds sociaux et de bourses.
Les pertes de revenus, souvent pour des ménages déjà parmi les moins aisés, l’augmentation de la pauvreté dans le pays, appellent une politique sociale forte qui passe aussi par la capacité du système éducatif à aider toutes les familles qui en auront besoin afin de limiter l’impact de la crise sur la scolarité de leurs enfants.
Or nous savons que la sous-utilisation des fonds sociaux est plus liée à un manque de pilotage de ces fonds, nous savons que le non-recours aux bourses n’est pas anecdotique.
Nous demandons donc une politique volontariste sur ces sujets : budget, moyens humains et visibilité pour les familles et pour les équipes.
Quant aux 212 millions d’euros de sous-consommation sur le BOP 214 de soutien à la politique de l’Éducation nationale, là aussi, il est sans doute le signe que la volonté politique a du mal à s’incarner.