Réduire la distance entre travail réel et travail prescrit... Une rentrée qui s'annonce compliquée faute d'un dialogue social réel ! Déclaration liminaire des élu·es Sgen-CFDT - Comité Technique Ministériel de l'Éducation Nationale (CTMEN) du 9 juillet 2019.
Une rentrée qui s’annonce compliquée faute d’un dialogue social réel !
La rentrée 2019 se prépare avec des incertitudes nombreuses qui mettent en tension les personnels.
Postes non pourvus, personnels dans l’attente de leur affectation
Les difficultés de mise en oeuvre des nouvelles règles et nouveaux outils du mouvement des professeur·es des écoles, l’agenda social au point mort concernant la direction d’école aboutissent à une situation inquiétante. Nombre de postes de direction ne sont pas pourvus, nombre d’agents ne connaîtront pas leur affectation avant le mois d’août. Cette situation n’est satisfaisante pour personne et pèse sur la préparation individuelle et collective de la rentrée.
Les concours n’ont pas fait le plein dans plusieurs disciplines de recrutement du second degré et dans certaines académies pour le premier degré. Ces personnels non recrutés vont manquer cette année, et dans les années qui viennent.
Dans l’immédiat, pour le 1er degré, le Sgen-CFDT demande que le Ministère accepte le recours aux listes complémentaires pour que la priorité au 1er degré soit effective. Pour financer cet engagement, il est désormais indispensable de recruter via la liste complémentaire et non par voie contractuelle.
Attractivité et revalorisation : le travail doit être mieux reconnu
Il convient par ailleurs que le chantier du renforcement de l’attractivité des métiers avance enfin. Alors que le gouvernement et le chef de l’État réaffirment régulièrement la nécessité d’une revalorisation des enseignant·es, il faudra aussi travailler à l’amélioration des conditions de travail et à la reconnaissance du travail des agents pour attirer davantage vers les métiers de l’éducation.
Car il faut le rappeler, il n’y a pas que dans les corps enseignants que le ministère peine à couvrir les postes. La dégradation continue des conditions de travail des médecins scolaires avec par exemple la modification et l’extension sans concertation de leur périmètre d’intervention ces derniers mois ne laisse pas entrevoir d’amélioration dans le recrutement de médecins de l’Éducation nationale. Là aussi les discussions n’avancent plus et la situation devient inacceptable pour nos collègues.
Réformes du lycée et du bac : mal ficelées elles creusent l’écart entre travail prescrit et travail réel
D’autres incertitudes importantes sont liées à des réformes dont le Sgen-CFDT affirme depuis longtemps que, mal ficelées, elles comprennent des incohérences majeures qui vont rendre le travail de toutes et tous difficile. Nous voulons parler des réformes du bac et du lycée. Si le Sgen-CFDT a tôt fait le choix de ne pas appeler à la grève pendant la période des examens pour éviter la mise en tension de tous les personnels, la conflictualité entre les élèves et leurs familles et les personnels de l’Education nationale, cela ne signifie pas que nous considérons que la réforme est satisfaisante. Les raisons qui nous ont poussés à voter contre les textes portant la réforme du bac et du lycée en conseil supérieur de l’Éducation sont toujours là.
Le ministre affirme que sa porte est ouverte et que des ajustements peuvent être construits. Il est grand temps de le faire pour éviter que l’écart entre travail réel et travail prescrit ne se creuse davantage, nourrissant la conflictualité. Le Sgen-CFDT continuera d’être force de proposition sur ces sujets pour améliorer les conditions d’exercice de tous les personnels et que la perspective de plus grand choix laissé aux lycéennes et lycéens pour construire leur parcours devienne réalité avec un accompagnement au choix et à l’orientation pour sortir de la reproduction des inégalités.
Écart entre les annonces ministérielles et leur mise en œuvre locale
Indemnité compensatrice de la CSG
Pour le 6ème CTMEN de suite, le Sgen-CFDT intervient de nouveau concernant la situation des personnels AESH. Vous commencez à en avoir l’habitude, il est pour notre organisation syndicale totalement inacceptable que des employeurs refusent de réinstaurer l’indemnité compensatrice de la CSG, affirmant, écrit à l’appui, qu’aucune directive de la DGRH n’est arrivée ou bien que la DGAFP conteste la directive de la DGRH.
Mise en oeuvre des PIAL : sans la communauté éducative ?
Concernant l’école inclusive, nos craintes sont réelles. Les nombreuses remontées de terrain attestent que des PIAL sont mis en place sans aucune concertation, aucune information auprès de la communauté éducative. Sans oublier des plans de formation départementaux et académiques très pauvres sur cette thématique pourtant centrale.
AESH : mettre en oeuvre les nouvelles règles, il y a encore du chemin
Concernant encore les personnels AESH, la circulaire nationale du 5 juin 2019 est inappliquée dans ⅔ des départements. Le Sgen-CFDT avait pris en compte certains éléments nouveaux positifs. Pour autant, autour de ces quelques avancées, des employeurs refusent d’appliquer le cadre en imposant des contrats encore sur 36 semaines et même sur 52 semaines. L’augmentation de la rémunération avec la prise en compte des heures invisibles est majoritairement refusée. La précarité reste identique contrairement à vos engagements réitérés. A quand le groupe de travail national annoncé qui permettrait de limiter les incompréhensions de la part d’employeurs.
Question subsidiaire : l’indemnité compensatrice de la CSG sera t-elle maintenue au 1er septembre 2019 avec la signature de CDD de 3 ans ?
Les personnels du premier degré doivent accéder aux mêmes droits que les autres agents
Une pensée aux collègues PE qui partent à la retraite au 31 août et non à leur date anniversaire… les seuls fonctionnaires à ne pas avoir ce droit… mais aussi sans avoir pu accéder à la hors classe.
Une pensée aux collègues PES affectés selon le rang au concours et sans prendre en compte la situation personnelle et le handicap… Allons-nous un jour faire évoluer cette règle que nous considérons comme inadaptée et archaïque ?
Reconnaissance des personnels administratifs : des paroles aux actes ?
Concernant les personnels administratifs, nous sommes en attente d’une réponse à notre courrier sur l’indemnisation des heures supplémentaires faites dans l’urgence. L’investissement professionnel doit être reconnu tant ces personnels se sont mobilisés pour permettre de pallier aux difficultés techniques du logiciel dans l’optique d’affecter “au mieux” les professeurs des écoles.
Dans certaines DSDEN, il faudra aussi analyser le nombre de demandes des personnels qui portaient le dossier des opérations du mouvement 1er degré et qui ont fait la demande de changer de service.
Les adaptations au changement climatique ne peuvent plus attendre
Lors du CTMEN de juin 2017, le Sgen-CFDT vous avait interpellé sur la nécessité d’un cadrage pertinent pour éviter une nouvelle gestion en urgence d’un épisode caniculaire… force est de constater que l’engagement ministériel n’a pas été tenu. Il est indispensable d’élaborer par le dialogue social, notamment territorial, un protocole de gestion en cas d’intempérie comme pour la canicule coordonnant tous les acteurs afin d’anticiper et non seulement de réagir.
Il convient aussi que la cellule ministérielle travaille avec les partenaires sociaux et avec les collectivités locales pour adapter les établissements scolaires et les normes de construction à la nouvelle donne climatique. A défaut, les personnels continueront à mal recevoir des consignes que le ministère ne peut pas ne pas donner. Travail prescrit, travail réel quand l’écart est trop grand, quand la communication ministérielle met les personnels en porte à faux, la tension et la conflictualité sont difficilement évitables. Les incidences budgétaires ne devront pas être un obstacle au faire pour que les engagements politiques pourtant anciens en matière climatique ne restent pas lettre morte.