Mercredi 4 novembre, consulté par le ministre en visio-conférence, le Sgen-CFDT a tenu à alerter sur les tensions qui montent dans les établissements. Nous lui avons demandé de fixer un cap, de clarifier les priorités, d'avoir confiance en notre pilotage pour ajuster nos organisations de travail.
Monsieur le ministre,
Nous ne pouvons commencer ce GNPD sans rendre une nouvelle fois hommage à notre collègue Samuel Paty et sans revenir sur les conditions de cette rentrée si particulière.
Il était juste de rendre un hommage national à notre collègue et nécessaire de créer les conditions pour que les communautés éducatives se réunissent pour lui rendre ensemble cet hommage.
Néanmoins compte-tenu du contexte, le Sgen-CFDT maintient qu’un report de la journée de rentrée eut été nécessaire pour apaiser toutes les tensions et les crispations qui se font jour.
Les personnels de direction le 02 novembre ont donc dû user de beaucoup de diplomatie pour faire retomber la pression liée au changement dans l’organisation de cette matinée d’hommage. Souvent ils ont permis à leurs équipes de se réunir tout en assurant l’accueil des élèves dès 8h car il était plus que jamais nécessaire de recréer un collectif qui ne cesse de s’effriter depuis le début de cette crise sanitaire.
Aujourd’hui, maintenir les établissements ouverts et un enseignement en présentiel dans le cadre d’un protocole sanitaire renforcé est un défi que le Sgen-CFDT partage et soutient. Néanmoins une réorganisation est nécessaire pour faire face aux difficultés sanitaires et sécuritaires qui font monter la pression et les inquiétudes dans les rangs des personnels comme des élèves et des familles. Les établissements rencontrent des situations de blocus et les personnels de direction sont d’ores et déjà confrontés à des nouveaux phénomènes de violence. Nous tenons à dénoncer ici l’agression de nos deux collègues du lycée Jean Rostand de Mantes-la-Jolie et à leur apporter tout notre soutien.
Le nouveau protocole ne peut s’appliquer dans bon nombre d’établissements où les effectifs dans les classes sont nombreux et les brassages inévitables , en particulier au lycée, sans aménagements liés aux spécificités locales. Des salles de classes exiguës, des aérations impossibles, des réfectoires trop petits pour accueillir l’ensemble des rationnaires, sont autant de contraintes qui limitent les possibilités d’accueil tout en garantissant la sécurité des élèves et des personnels.
Aussi, les équipes de direction demandent qu’une ligne claire à laquelle se tenir jusqu’à la fin de l’année soit définie pour ne plus être soumis à des changements permanents et des décisions prises par à coup car la dernière digue qu’ils représentent sur le terrain ne peut davantage s’effriter.
Pour le Sgen-CFDT, cela passe par la nécessité de faire baisser la jauge des élèves en présentiel et permettre des réorganisations en toute autonomie. Il ne peut y avoir de solutions uniques ni de scénario figé mais des priorités et des objectifs clairs doivent être énoncés.
Un enseignement hybride pour permettre d’assurer la sécurité sanitaire (et hybride ne veut pas forcément dire numérique) doit être envisagé pour éviter un reconfinement total des élèves.
Il nous faut faire preuve dès à présent d’anticipation et permettre aux équipes de redéfinir l’année en tenant compte de ce que les élèves feront quand ils ne sont pas en établissement
Cela doit passer par la mise en place de référentiels clairs pour chaque discipline, et en particulier pour les enseignements de spécialités au lycée, qui donnent des repères communs aux enseignants et leur fixe un cap sur l’année scolaire entière.
Les enseignants comme les élèves et leurs familles ont également besoin, pour se projeter et s’organiser au mieux, de savoir dès à présent si les examens seront maintenus tout comme l’ensemble de leurs composantes (PFMP en voie professionnelle ou en BTS, stage d’observations en 3ème).
Cette année plus particulière encore que la précédente, mais qui doivent s’envisager comme un ensemble, doit être consacrée à accompagner au mieux l’ensemble des personnels dans la réalisation de leurs missions au service de la réussite des élèves. Aussi, nous vous réitérons la demande de reporter la campagne d’évaluation des établissements scolaires.
Vous l’aurez compris monsieur le ministre, nous avons besoin que soit définie une priorité pour assurer la gestion de cette crise et d’une coopération de l’ensemble des cadres de notre institution aux côtés des personnels de direction pour y parvenir.
Je vous remercie de votre attention.