Une bonne partie de l’ordre du jour de ce CSE et du prochain va être consacré, au prisme de différents textes, à la thématique de la continuité du parcours des élèves entre le lycée et le post-bac notamment en cette période de crise sanitaire et sociale.
Madame la Présidente, mesdames et messieurs les membres du CSE
Le Sgen-CFDT débutera cette déclaration liminaire par une remarque toute matérielle mais symboliquement très importante. En effet, notre satisfaction initiale concernant la création d’une prime d’équipement numérique est en grande partie remplacée par la colère : colère face à la décision incompréhensible prise par le ministère de l’éducation nationale de ne pas faire bénéficier les professeurs-documentalistes et les CPE de cette prime.
Faut-il être tellement hors-sol pour ne pas se rendre compte de cette erreur ? Le Sgen-CFDT n’aura de cesse de revendiquer l’éligibilité des professeurs-documentalistes et des CPE à cette prime d’équipement numérique.
Nous pensons nécessaire de rappeler certains principes qui doivent pour notre organisation structurer ce continuum de crise.
Du côté des lycées généraux et technologiques d’abord
Outre la mise en œuvre de la réforme bac 2021 qui bouscule les personnels et les élèves, la crise sanitaire mondiale majeure touche de plein fouet l’Éducation nationale. Tous les personnels sont fatigués, certains sont débordés, certains sont en colère, tous sont inquiets devant l’incertitude des prochains mois. La priorité dans cette crise sanitaire doit être et devra rester le maintien ouverts des établissements pour assurer une continuité des apprentissages, ce qui peut impliquer des réorganisations locales pour garantir la sécurité sanitaire des élèves et des personnels. Dès lors, parce qu’en situation de crise il ne peut pas y avoir plusieurs priorités, l’objectif ne peut plus être celui d’une préparation des examens, qu’ils aient lieu en mars ou en juin.
C’est la raison pour laquelle le Sgen-CFDT demande un passage en contrôle continu intégral non seulement des évaluations communes (EC) mais aussi des épreuves de spécialités (EDS). Des modalités d’évaluation définies collectivement pourraient prévenir les potentielles pressions pesant sur les enseignants isolément.
Le Grand Oral maintenu dans ce cadre aurait valeur d’épreuve rituelle de fin d’année. Le contrôle continu intégral permettrait à la fois de desserrer la pression certificative et de tenir compte de la diversité des parcours plus ou moins accidentés par la Covid. Cela ne changerait rien sur les procédures d’orientation post-bac gérées depuis des années via les résultats de contrôle continu. Cela lèverait par contre la pression sur le bouclage des programmes qui dans de nombreux cas semble inatteignable pour le mois de mars.
Du côté des lycées professionnels ensuite
La difficulté principale concerne la réalisation des périodes de formation en milieu professionnel dans un contexte où des secteurs entiers de l’économie fonctionnent au ralenti ou sont à l’arrêt (comme la restauration) pendant que d’autres continuent une activité normale voire accrue. L’effet cumulatif des deux confinements de 2020 aura pour conséquence que pour certains élèves il sera bien difficile d’atteindre le seuil normal de semaines de PFMP permettant de se présenter aux examens. Si l’abaissement du nombre de semaines de PFMP exigible est une mesure nécessaire, le seuil minimal fixé doit rester suffisamment conséquent pour garantir la professionnalité des diplômes. C’est pour cette raison que le Sgen-CFDT est favorable à la prise en compte d’expérience professionnelle extra-scolaire quand cela sera nécessaire. Encore faudra t il que ce dispositif soit suffisamment encadré pour réellement valider des compétences acquises et ne pas mettre en difficulté les enseignants référents. Toutes ces mesures dérogatoires seront source de travail supplémentaire pour les personnels. Le ministère doit trés vite annoncé les mesures d’accompagnement permettant de le reconnaître.
Du côté de l’enseignement supérieur enfin
En ce qui concerne les étudiants de 1° cycle de l’enseignement supérieur, la situation est particulièrement critique : après seulement deux mois de cours, ces étudiants n’ont plus eu accès qu’à des enseignements à distance (sauf dans quelques cas très spécifiques de TP réclamant l’utilisation de matériels, et après validation du rectorat). Les perspectives pour le 2nd semestre, qui débute mi-janvier, sont encore très incertaines, et nous espérons qu’il sera possible de reprendre des modules en présentiel, dans le cadre d’une reprise partielle, progressive et mesurée. Mais il est impératif de prévoir de l’accompagnement pour ces étudiants, pour éviter des décrochages importants, pour les plus fragiles d’entre eux. Car le problème n’est pas ici un passage au contrôle continu intégral déjà en place dans un certain nombre d’établissements et pour d’autres, le contrôle continu est déjà largement pris en compte dans les régimes des examens, ce qui facilite la bascule vers le CCI. L’enjeu, c’est d’éviter des échecs lourds de conséquences, faute de suivi, là où les filières intégrées dans des structures scolaires, BTS et CPGE, ont pu continuer les enseignements, ce qui a créé une rupture des conditions d’apprentissage injustifiée.
Il serait inconséquent de faire peser sur ces jeunes les atermoiements des décideurs, alors qu’ils ont dû affronter bientôt un an de confinement ou semi-confinement et diverses modalités de l’hybridation. Certes ils n’auront pas suivi le même parcours que les générations précédentes, mais ils seront résilients et adaptables et auront acquis, comme leurs aînés, des connaissances et des compétences utiles.
Faisons-leur confiance à eux aussi pour se projeter dans l’avenir. Et accompagnons-les dans leurs progressions en levant les obstacles.