Déclaration liminaire au CTMEN du 8 juin 2022
Préparation de rentrée difficile avec une attractivité en berne
Des remplacements non assurés
Tout au long de cette année scolaire, le Sgen-CFDT a alerté le ministère sur les remplacements longs non assurés dans le second degré, et sur les difficultés majeures à assurer des remplacements dans le 1er degré, y compris en dehors des vagues de contaminations au covid 19, sans obtenir du gouvernement la moindre réaction, sans que débute un travail de fond pour remédier à cette situation qui dégrade le service au public et qui met en tension les personnels.
Ce n’est pas le profilage des postes qui permettra de résoudre la fragilisation majeure du système éducatif.
Des concours qui ne recrutent plus
Les résultats de l’admissibilité à plusieurs concours enseignants des deux degrés annoncent une dégradation de la situation en 2022-2023.
Cela concerne aussi d’autres métiers que ceux d’enseignants.
Il faut reconstruire l’attractivité des métiers de celles et ceux qui font l’école au quotidien au service des élèves. Cela passe par l’amélioration significative des rémunérations, des conditions de travail, et par la reconnaissance de l’expertise professionnelle de chacun et chacune.
Ces mesures sont indispensables si l’on veut renforcer le système éducatif, si l’on veut réellement accorder une priorité à la formation des enfants et des jeunes.
Dans l’immédiat, les rectorats ne peuvent faire autrement que de préparer le recrutement de contractuel.le.s toujours plus nombreux.
Recruter ne suffit pas : il faut former ces nouveaux collègues, les accompagner, leur permettre de construire leur parcours professionnel.
Les organisations syndicales demandent à être reçues en urgence et ont voté unanimement ce vœu :
Les maths dans le tronc commun en option facultative : un problème de plus
La décision annoncée par le président de la République d’introduire les mathématiques en option facultative en 1ère dès septembre 2022 accroît un peu plus la tension sur le lycée.
- Tension parce que cela laisse peu de temps aux personnels pour expliquer aux élèves et aux familles les enjeux, peu de temps aux élèves et à leur famille pour décider.
- Tension parce qu’il faudra en urgence recomposer les services, les emplois du temps quand le nombre d’élèves volontaires sera connu, et sans savoir exactement avec quels moyens.
- Tension parce que le programme n’est pas encore stabilisé.
- Tension parce que le schéma d’enseignement des mathématiques en 1ère changera encore en 2023.
Généraliser une expérimentation qui vient seulement de débuter
Le président de la République a aussi annoncé la décision de généraliser l’expérimentation “Ecole du futur” qui débute à peine à Marseille.
Si des équipes locales signalent qu’elles ont apprécié la construction collective de projets pédagogiques, et la reconnaissance du temps consacré à la concertation, il n’y a pas eu à ce stade de véritable évaluation de l’expérimentation, puisqu’elle a commencé il y a 6 mois à peine. Nous déplorons les évaluations trop hâtives.
Généraliser avant d’avoir évalué, presque avant d’avoir expérimenté, c’est nier la démarche même d’expérimentation.
Nous aimerions en outre connaître les moyens budgétaires prévus à cet effet et nous demandons qu’il n’y ait pas d’obligation, même à demi-instruction, d’expérimenter.
Covid et qualité de l’air
Depuis près d’une semaine, la circulation du Covid semble s’accélère à nouveau. C’est un rappel que la pandémie n’est pas encore derrière nous.
Depuis maintenant deux ans, nous demandons des investissements pour améliorer la qualité de l’air intérieur dans les établissements scolaires, dans les lieux de travail de nos collègues.
Ces investissements doivent permettre non seulement la mesure de la concentration en CO2, mais aussi et surtout la rénovation bâtimentaire permettant une réelle ventilation des locaux soit par une ouverture en grand des fenêtres, soit par un système adapté de purification et ventilation.
Nous attendons toujours un grand plan permettant d’orienter les financements, de planifier les travaux malgré la tension sur les matières premières et les compétences, et sortir du renvoi stérile de responsabilité entre l’Etat et les collectivités locales.
Améliorer la qualité de l’air intérieur relève des pouvoirs publics au sens large : collectivités locales, État, comme employeurs des agents qui travaillent dans les locaux scolaires, par attention aux enfants et aux jeunes scolarisés, par souci de prévention en santé.
La qualité de l’air intérieur représente un enjeu de santé (dans le contexte pandémique, et dans le contexte de réchauffement climatique) et un enjeu pédagogique (de nombreuses études montrent que la forte concentration en CO2 nuit à la concentration et aux apprentissages).
Quand la France prendra-t-elle enfin ce sujet au sérieux de manière structurelle ?
AED et accès à un CDI
Lors de la réunion de concertation préalable à ce CTMEN, la DGRH a annoncé un projet de texte permettant de mettre en œuvre la possibilité d’accéder à un contrat à durée indéterminée pour les AED au plus tard en juillet.
Cette disposition est attendue, tant par des AED désireux de pouvoir poursuivre au-delà de 6 ans leur activité dans des services de vie scolaire de collège ou de lycée, mais aussi par des CPE et chefs d’établissement qui souhaitent connaître leur cadre d’action.
La préparation de ce texte appelle une concertation qui ne doit pas se limiter à la concertation préalable sur un texte déjà ficelé. Nous souhaitons une concertation qui permette de construire un cadre pertinent pour cette CDIsation possible.
Rémunération des AESH
Lors de cette même réunion, nous vous avons demandé de faire un point rapidement :
- sur les modalités d’application des opérations de reclassement effectuées en octobre-novembre 2021, des disparités existant entre les académies;
- l’application de l’évolution de la grille de rémunération applicable depuis janvier 2022;
- la réactualisation de tous les indices de rémunération des AESH (avec l’application de 10 points d’indice entre chaque échelon).
Reprise agenda social
Les élections politiques ont ralenti, voire mis un coup d’arrêt à plusieurs volets de l’agenda social. Nous souhaitons savoir quand reprendront les travaux en particulier sur les sujets suivants :
- négociations en vue d’un accord sur le télétravail,
- revalorisation et requalification au sein de la filière administrative, dans le cadre du suivi du relevé de conclusion dont nous sommes signataires,
- revalorisation significative de tous les personnels sans contrepartie.
Éducation prioritaire
Enfin, nous demandons qu’un autre dossier soit rouvert dans le cadre du dialogue social : celui de l’éducation prioritaire.
La carte de l’éducation prioritaire aurait dû être révisée et ne l’a toujours pas été, le ministère est amené à reconduire des mesures transitoires de bric et de broc.
D’autres dispositifs se sont ajoutés sans que la cohérence d’ensemble soit claire. Par conséquent, des situations perdurent alors qu’elles ne sont satisfaisantes ni pour les élèves, ni pour les personnels, nous pensons notamment :
- aux écoles orphelines, et globalement incapacité à adapter la carte de l’éducation prioritaire aux enjeux du 1er degré, il y a plusieurs école Mandela de Saint Herblain pour lesquels les personnels et les parents d’élèves sont mobilisés pour obtenir les moyens pour mieux accompagner les élèves dans des écoles qui ont toutes les caractéristiques d’un réseau d’éducation prioritaire renforcé,
- à la place des lycées dans une politique d’éducation prioritaire qui reste un impensé,
- aux enjeux en termes de gestion des ressources humaines pour les agents : indemnitaire qui ne couvre pas tous les personnels concernés, mesures en termes de mobilité.
Le Sgen-CFDT considère que les politiques publiques à conduire pour le système éducatif et l’ensemble des personnels qui l’assurent appellent une loi de programmation pluriannuelle. Nous la demandons depuis plusieurs années maintenant.
Les organisations syndicales représentatives ont adopté à l’unanimité un vœu relatif à l’extension des primes REP/REP+ :
Le 12 avril dernier, le Conseil d’État a rendu sa décision en ordonnant au Premier ministre d’attribuer l’indemnité REP-REP+ aux AED exerçant dans les établissements de l’éducation prioritaire.
Il a jugé qu’« en excluant les assistant·es d’éducation des catégories de personnels bénéficiant de cette indemnité de sujétions, le pouvoir réglementaire a créé une différence de traitement sans rapport avec l’objet du texte qui institue cette indemnité et a méconnu, ainsi, le principe d’égalité » .
Cette mesure doit être effective le plus rapidement possible.
De la même manière, le jugement qui enjoint le ministère à accorder le bénéfice de l’indemnité REP/REP+ aux assistantes sociales doit être appliqué le plus rapidement possible
Sur cette base, la FSU, l’UNSA-Education, FO, la CFDT, la CGT et le Snalc demandent que le versement de l’indemnité REP-REP+ soit étendu à l’ensemble des personnels qui en sont actuellement exclus, dont les AESH et les conseiller·es pédagogiques.