Cette déclaration commune au Sgen, Fep et FGA-CFDT a été lue au Conseil National de l'Enseignement Agricole (CNEA) du 13 avril 2022. La CFDT était représentée par Philippe BREVET, Marie-Pierre DEFONTAINE, Boris GENTIL, Sylvie HARLET, A-F JUBIN-UHEL, Pascale LAMOINE, JF LECLANCHE, Cécile RUIZ.
Dernière réunion avant les élections présidentielles
Cette séance est particulière puisque c’est la dernière du mandat politique entamée en 2017. Contrairement au Comité Technique Ministériel (CTM) et au Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE), la reprise du présentiel ou mode hybride se fait attendre pour le CNEA. Quel regret !
L’expérience des cinq années écoulées montre qu’une politique éducative ne peut pas se concevoir comme ruisselante depuis le sommet de la pyramide hiérarchique. Elle montre aussi les limites délétères du pilotage par les procédures, plutôt que par le sens.
Pour autant, un transfert des prises de décision de Varenne ou Lowendal à l’Élysée ne sera pas un gage d’amélioration. On doit se demander si c’est véritablement le rôle d’un président de la République de décider qu’il faille des maths dans le tronc commun du lycée. Un futur président pourrait ainsi se piquer de définir le contenu de programmes d’histoire, comme dans certains pays européens connus pour leur illibéralisme.
La DGER n’a pas fait de commentaire sur ce paragraphe.
Associer les agents aux prises de décision
Donner leur juste place aux personnels, aux partenaires sociaux et à la société civile est un chantier démocratique essentiel. La CFDT milite pour la reconnaissance des agents en tant que partie constituante des fonctions publiques.
On peut retrouver quelques échos chez certain.es candidat.es. La proposition d’une large consultation des personnels n’est pas une réponse satisfaisante. Notamment parce qu’elle paraît vouloir, comme pour le grand débat, restreindre la place des organisations syndicales :
- en tant que corps intermédiaires,
- mais aussi en prenant le risque d’accentuer l’atomisation des collectifs de travail déjà fragilisés par la crise covid.
Le CNEA a un rôle à jouer dans cette perspective. Cette instance a maintenu ses activités depuis deux ans grâce au dévouement des personnels qui en ont la charge. Qu’ils en soient remerciés. Elle doit cependant pouvoir évoluer dans son organisation et dans sa fonction :
- dans son organisation, car de nombreux cafouillages n’encouragent pas une forte participation,
- dans sa fonction, car si on fait le bilan du nombre de séances auxquelles un des 5 ministres a assisté à un CNEA durant le mandat, ce nombre est proche de zéro.
Donner la mission, le temps et les moyens au CNEA d’examiner des sujets prospectifs doit être pour la CFDT un chantier de réforme à mener. Il faut donner toute sa place à cette instance dans un pilotage plus démocratique des politiques publiques d’éducation, d’enseignement et d’accompagnement des jeunes et des adultes.
La DGER a rappelé son engagement dans la promotion de l’enseignement agricole. L’opération « l’Aventure du vivant » ne se réduit pas au « camion orange ». Elle couvre le web et les réseaux sociaux (entre 50 et 150 vues par capsule vidéo).
Une communication du ministère peu transparente
Nous voyons apparaître, dans le paysage de l’enseignement agricole, une tentative de la part de notre ministère, de s’allier à des associations qui ne sont représentatives que de leurs adhérentes et adhérents. Julien DENORMANDIE, ministre de l’Agriculture, et Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’Éducation nationale, pour créer une dynamique et parler d’une seule voix, ont pris sous leur patronage, une association, Demain Je Serai Paysan. Elle aurait pour objectif de répondre à toutes les questions sur les métiers de l’agriculture, de l’installation et des formations. Les partenaires de cette initiative se composent des Chambres d’Agriculture, Crédit Agricole, Gaec & Sociétés, Groupama, Jeunes Agriculteurs, MFR, MSA, PleinChamp.com, Safer, Service de Remplacement et Vivea. La CFDT fait le constat que l’enseignement agricole public et privé temps plein n’est pas un partenaire clairement affiché de cette initiative.
L’association lancera notamment une revue trimestrielle « Le P’tit agri ». Elle sera destinée aux enfants de 7 à 11 ans et diffusée au sein des écoles pour présenter aux élèves ce qu’est l’agriculture. La CFDT s’interroge sur ces diffusions, qui, nous le souhaitons, n’ont pas pour objet de contraindre la pensée des apprenants.
Jean-Michel BLANQUER a aussi profité de sa visite au Salon, pour annoncer le coup d’envoi de l’opération « J’aime mes agriculteurs ! ». L’objectif est de revaloriser au sein de l’Éducation nationale « l’image des agriculteurs » auprès des jeunes des écoles, collèges et lycées. Cette opération est menée en concertation avec le ministère de l’Agriculture. La CFDT s’interroge sur ces soudaines stratégies de communication, sans que le CNEA en ait été informé ? La seule réponse à nos questions est le traditionnel camion orange de « l’Aventure du vivant« . Heureusement, La France Agricole permet de connaître la stratégie de notre ministère en matière de communication, grâce à son numéro spécial « palmarès des établissements » !
La CFDT constate le manque de valorisation des exploitations agricoles, de leurs engagements sur le territoire, des expérimentations. Une des 5 missions de l’Enseignement agricole pourtant !
Prospective, évaluation des établissements et CNEA
La CFDT aimerait connaître la position de la DGER sur l’articulation entre le septième schéma en gestation, la carte des formations de l’enseignement agricole public et privé et la délibération prise par le Conseil d’Évaluation de l’École (CEE). Il serait souhaitable de savoir dans quelle mesure la DGER compte prendre en considération les rapports d’évaluation et la phrase de conclusion de la délibération prise entre le CEE et le MAA, pour établir sa carte pluriannuelle des formations.
Voici le paragraphe en question : « L’évaluation des établissements scolaires relevant des deux ministères chargés de l’Éducation nationale et de l’agriculture doit être une occasion de renforcer la coopération entre les établissements en proximité sur un même territoire. Les interactions entre les établissements gagneront à être importantes au moment de l’évaluation de chacun d’entre eux, afin d’analyser les synergies existantes ou souhaitables et l’impact du fonctionnement de chacun des établissements sur les autres. Ceci est particulièrement important lorsque les offres d’enseignement ou de formation se recoupent. Les établissements d’un même territoire relevant des deux ministères gagneraient à être évalués lors de la même année scolaire ».
La DGER remercie la CFDT pour cette interpellation. L’ordre du jour d’un prochain GT dédié à l’élaboration du 7ème schéma intègrera ce point.
Équité entre les enseignants et documentalistes contractuels de droit public des établissements du privé et ceux de l’enseignement public
À plusieurs reprises dans cette instance, la CFDT a pointé le fait que la mise en œuvre des référentiels de formation exigeaient des moyens comparables que l’on enseigne dans le public ou le privé. Des propositions d’amendements ont même été faites pour avancer sur le chemin de l’équité. Ce chantier doit faire partie des priorités du MAA donc de la DGER.
Pour plus de transparence, la DGER envisage d’organiser un GT sur les moyens attribués au privé.
L’agenda du dialogue social ou la stratégie d’évitement
La CFDT se questionne sur les changements de dates incessants des instances et groupes de travail. Nous sommes conscients du fait que des éléments externes peuvent perturber le calendrier du dialogue social. Cependant, la CFDT tient à faire savoir qu’il est compliqué de travailler, préparer, anticiper dans de telles conditions.
La DGER a mis en avant ses contraintes et les efforts qu’elle a réalisés pour mieux organiser les réunions. Elle souligne le fait (véridique) que parfois, ce sont les membres du CNEA qui sont à l’origine de ces modifications.
Le mot de la fin
Et pour finir, pour la CFDT, la communication en confiance, la transmission de l’information sont importantes. La CFDT a protesté dans son intégralité par écrit pour s’indigner du déroulement d’un GT. On aurait pu s’attendre à un message de retour. Aucun ne nous est parvenu, ne serait-ce pour confirmer la réception, c’est plus que regrettable.
La DGER prend bonne note de cette remarque et met en avant un problème de suivi du courrier.
Depuis cette date, rien à l’horizon, que devons-nous en penser ? (négligence, oubli, mépris…)