Ce comité technique ministériel sur le budget 2021, s’ouvre alors qu’une nouvelle fois la communication gouvernementale concernant l’accueil des enfants dans les établissements scolaires dans le cadre de la gestion de l’épidémie crée des remous dans les établissements scolaires...
De nouveau, c’est par la presse que les enseignant.e.s et les personnels d’encadrement ont appris qu’il était conseillé aux enfants de rester chez eux jeudi et vendredi afin d’éviter les risques de contamination les quelques derniers jours avant les fêtes et les réveillons. Comment interpréter ce phénomène devenu trop régulier pour n’être que l’effet d’un souci de gestion des différents agendas ?
Le 10 décembre, vous nous indiquez qu’il n’y aura aucun changement avant le 20 janvier pour les établissements scolaires. Moins de 5 jours plus tard, il y a un changement de taille qui met tout le monde sous tension. Pour enfin limiter ces effets, il faut résolument travailler sur tous les scénarii, même les plus pessimistes, dans la concertation avec les parties prenantes (sans tabou, y compris pour les écoles et les collèges).
Budget 2021 : une augmentation significative
Le projet de loi de finances pour le budget 2021 prévoit des moyens alloués à l’Éducation nationale en hausse de 1,6 milliard d’euros. Cependant, cela ne peut s’apprécier qu’au regard des objectifs affichés, et dans la mise en perspective pluriannuelle. Rappelons que la baisse de la part des dépenses d’éducation dans le PIB de la France depuis 20 ans équivaut à une diminution annuelle de 23 milliards d’euros. Il faudrait des augmentations bien plus fortes que celle de cette année pour amorcer un rattrapage. Ces dépenses, sont pour nous des investissements et pas des coûts. Yann Algan ne disait pas autre chose en ouvrant la conférence du 1er décembre en présentant les études économétriques sur les enjeux de l’investissement éducatif.
De nombreux objectifs affichés
Dans le 1er degré, l’équation “avec plus de postes et moins d’élèves… n’est en réalité pas si facile à résoudre”. Les enjeux des opérations de la prochaine carte scolaire dans le 1er degré seront centrés autour d’un maintien de l’équilibre fragile entre ruralité, éducation prioritaire, remplacement, décharges de direction et école inclusive…
Lorsqu’on sait qu’il faudrait 3 200 postes pour assurer les absences non remplacées et 10 000 postes pour des décharges de direction à la hauteur du projet du Sgen-CFDT, la rentrée 2021 s’annonce compliquée pour les équipes éducatives. De nombreuses attentes, légitimes afin d’améliorer nos conditions de travail au quotidien ayant pour impact de viser la réussite de tous nos élèves, risquent d’être déçues : à vouloir couvrir (ou courir) trop d’objectifs à la fois sans augmenter en conséquence les emplois ni adapter la communication médiatique ministérielle, les objectifs risquent d’être non atteints… C’est dommageable alors que, par exemple, pour la première fois depuis 40 ans les modalités d’attribution des décharges de certaines directions d’école vont évoluer, avec à la clé une première amélioration des conditions d’exercice de directeurs et directrices.
Des choix problématiques dans le cadre de ce budget 2021
La décision de ne pas permettre aux CPE et aux professeur.e.s documentalistes de percevoir la prime d’équipement informatique constitue une différenciation vexatoire, ne fait pas droit au travail réalisé par ces personnels. Nous demandons que le gouvernement réexamine sa position sur le sujet.
Le choix de transformer des heures postes en heures supplémentaires dans le second degré a un goût amer de déjà-vu dont nous connaissons par avance les conséquences délétères : aggravation des risques psycho-sociaux alors que fatigue et épuisement professionnels sont déjà élevés, accroissement des inégalités femmes hommes, contradiction avec l’objectif de permettre, faciliter, reconnaître la coopération entre les enseignant·e·es et plus largement entre les personnels.
L’absence de mesures permettant de renforcer les effectifs de personnels administratifs, d’éducation, sociaux et de santé : lors des derniers CTMEN et lors de nos échanges, le Sgen-CFDT n’a eu de cesse tirer la sonnette d’alarme concernant les personnels indispensables au bon fonctionnement des établissements, à la santé de nos élèves, à l’accompagnement de tous les personnels, à la mise en œuvre des réformes appliquées au pas de charge. C’est pourquoi nous utilisons l’expression qui est un constat partagé, vous l’avez vous-même admis : nous sommes sous-administrés et votre choix aujourd’hui encore de ne pas renforcer les effectifs des personnels administratifs, d’éducation, sociaux et de santé est une erreur.
L’absence de premières mesures de revalorisation pour les AESH et les AED en 2021 est-elle définitive ? Il y a pourtant urgence à permettre à ces agents d’accéder à des revenus dignes sans oublier le respect de leurs contrats et l’amélioration de leurs conditions de travail.
Un budget s’apprécie dans une dynamique pluriannuelle, et plus encore pour celui de 2021 qui amorce une dynamique de revalorisation.
Il devient urgent d’avancer sur les étapes suivantes avec plus de clarté : comment vont s’articuler dans le cadre d’un dialogue avec les syndicats représentatifs, Grenelle de l’Éducation, agenda social et préparation d’une loi de programmation avec précision sur les enveloppes budgétaires successives et leur répartitions sur les différentes mesures ?
Le Sgen-CFDT rappelle ce qu’il affirme depuis plus d’un an : nous refuserons que la revalorisation s’accompagne d’une intensification du travail.
Lors de ce CTMEN, nous sommes invité.e.s à émettre un avis sur le plan national d’action pour l’égalité professionnelle entre femmes et hommes. Le Sgen-CFDT tient à saluer la qualité du dialogue social et du travail conduit par la DGRH depuis plusieurs mois pour aboutir au plan soumis au CTMEN. Le fait que la démarche d’ensemble soit issue d’un accord majoritaire au niveau des fonctions publiques a été un moteur puissant pour que nous parvenions structurer un plan d’action.
Le Sgen-CFDT vous demande de transformer ce plan national en protocole d’accord afin de lui donner la chance de devenir un accord majoritaire, support d’un engagement fort de l’administration et des organisations syndicales représentatives qui seront signataires.