La période qui a débuté la semaine dernière par la réouverture des écoles a des objectifs propres mais elle doit aussi permettre de penser et organiser la rentrée de septembre qui se fera avec l’épidémie.
Conseil supérieur de l’Éducation du 18 mai 2020
Déclaration liminaire
En temps normal une préparation de rentrée est déjà une mécanique administrative et technique qui mobilise tous les personnels de l’Education nationale. Cette rentrée 2020 va nécessiter de répondre à d’autres problématiques mises sous les projecteurs par l’épidémie.
La première problématique est celle de la prise en compte de l’effet de la fermeture des écoles et des établissements dans le parcours scolaire des élèves :
Un premier sujet de préoccupation est la
.Force est de constater que durant les trois années passées la lutte contre le décrochage scolaire n’a pas été une priorité du ministère qui bien souvent n’a envisagé que des mesures coercitives (suspension des allocations par exemple). Dans le contexte, tous les dispositifs existants devront être mobilisés et soutenus, comme les MLDS évidemment ou le dispositif « Reviens te former ». Mais il faudra aussi activer réellement l’obligation de formation jusqu’à 18 ans inscrit dans la loi « pour une école de la confiance » et qui doit entrer en application en septembre 2020. Ce dossier est interministériel, sa mise en œuvre devra s’appuyer sur une logique territoriale, avec certainement une mise à contribution des collectivités locales.
Un second sujet est celui de l’
à la réalité de l’année scolaire qui s’achève.Elle implique pour nos organisations de relancer la logique de cycle mise entre parenthèses depuis 3 ans pour réajuster les parcours d’apprentissages des élèves. Elle implique aussi de redéfinir les contenus notamment en lycée où la lourdeur des nouveaux programmes a été maintes fois soulignée.
Un troisième sujet va être abordé lors de cette séance du CSE : c’est celui de la
associés à certains diplômes professionnels, et notamment ceux des formations du transport routier, et de la logistique.La solution envisagée par le ministère de donner un délai supplémentaire en permettant leur délivrance jusqu’au jury de la session de rattrapage en septembre est une première réponse. Mais cette mesure doit être complétée par des dispositifs complémentaires pour que les élèves soient assurés de pouvoir le cas échéant compléter leur formation. Le ministère a son propre réseau de formation continue, les GRETA, qui pourrait être mobilisé. Une autre solution pourrait consister à abonder de manière exceptionnelle le CPF de ces jeunes pour leur permettre de valider attestations, habilitations et permis. Cette question devra être traitée et quelle que soit la solution retenue cela suppose une enveloppe financière donnée par l’État ainsi qu’un accompagnement de ces jeunes pour s’assurer qu’au final tous auront pu, si ce n’est valider, passer leurs attestations, habilitations et/ou permis.
La seconde problématique est celle de l’adaptation de l’organisation du travail aux mesures sanitaires.
Nous l’avons dit la semaine dernière il est nécessaire d’envisager que la contrainte épidémique impose un mode d’organisation hybride sur une ou plusieurs périodes plus ou moins longues de l’année scolaire 2020-2021 : il est en effet très difficile d’envisager à court terme un retour à la normale, c’est-à-dire à des cours à 25, 30, 35 élèves par classe. Le mois de juin, notamment en lycée, doit servir d’expérimentation. Pour nos organisations, il sera nécessaire de s’appuyer sur le travail à distance pour une majorité d’élèves comme modalité « ordinaire » d’enseignement, notamment dans les disciplines d’enseignement général, et d’utiliser le travail en établissement en appui pour tous et de façon systématique seulement pour certains.
Ce contexte doit impliquer une réflexion approfondie sur les emplois du temps et l’organisation collective du travail. Il doit impliquer aussi d’avancer sur la mise en œuvre d’un réel télétravail pour les agents avec notamment une participation de l’employeur aux frais liés au distanciel.
A ce stade M. le Ministre a annoncé des groupes de travail chargés de préparer la rentrée. Ils n’impliquent ni les organisations représentatives des personnels ni aucune autre organisation représentatives des autres acteurs de la communauté éducative.
La FEP et Sgen-CFDT l’affirment,
il serait illusoire et dangereux de ne pas coconstruire avec tous les acteurs du système éducatif les conditions de la rentrée de septembre, et le temps nous est compté.
Il serait illusoire et dangereux de considérer que cette préparation ne relève que de l’échelon ministériel : la préparation de la rentrée appartient aussi aux équipes dans les écoles et établissements. Il leur faudra du temps avant le 4 juillet et début septembre pour décider de la meilleure organisation collective pour que l’Ecole réalise sa mission du mieux possible dans ce contexte inédit.