Cette séance du Conseil supérieur de l’Education est particulière tant par sa date, celle du déconfinement de notre pays et la réouverture des écoles, que par sa modalité en visioconférence.
Conseil Supérieur de l’Éducation du 11 mai 2020
Déclaration liminaire du Sgen-CFDT et de la FEP-CFDT
La déclaration du Sgen-CFDT et de la FEP-CFDT ne vise pas à redire ce qui a pu être dit notamment la semaine dernière au CTMEN mais insistera seulement sur quelques constats et perspectives. Un premier constat sur la période qui vient d’avoir lieu.
La crise sanitaire et sociale que nous vivons ébranle profondément l’organisation verticale de notre système éducatif englué dans des procédures administratives très centralisées.
Elle a mis en lumière la créativité des acteurs de terrain qui sont bien les mieux armés pour trouver localement les solutions adaptées à leur public et leur territoire. Ces acteurs des communautés éducatives ont assuré en l’absence de circulaires un travail de continuité pédagogique efficace et de qualité.
Disons-le clairement : il serait illusoire et dangereux d’espérer revenir à un pilotage par directives descendantes comme s’il ne s’était rien passé.
C’est la confiance envers les équipes enseignantes et de direction qui doit primer pour permettre, à l’avenir, de coconstruire avec les familles et les collectivités une autonomie responsable et garante des valeurs de l’École.
La période qui s’ouvre doit voir primer l’impératif sanitaire, nous l’avons dit et répété. Mais elle doit être guidée par des boussoles pédagogiques et éducatives qui restent pour l’instant à définir.
Certains acteurs et pans du système, pourtant décisifs, restent pour l’instant oubliés. Ce n’est plus le cas des PSy-EN et des personnels médico-sociaux qui ont enfin été mentionnées dans la circulaire de réouverture, les PsyEn ont également reçu un message vidéo du ministre, mais ce n’est toujours pas le cas des personnels AESH et personnels administratifs et de laboratoire, même si pour les premiers une fiche semble prévue.
Nous renouvelons notre proposition d’élaboration de guides et fiches métiers couvrant toutes les situations professionnelles et missions…
Nous renouvelons notre proposition d’élaboration de guides et fiches métiers couvrant toutes les situations professionnelles et missions, comme le fait le Ministère du Travail, en lien avec le Ministère de la Santé et avec les partenaires sociaux pour les salarié.e.s.
Ce n’est toujours pas le cas non plus des personnels MLDS, dont l’expertise dans la lutte contre le décrochage scolaire est pourtant reconnue et sera essentielle dans les mois à venir.
Ce n’est toujours pas le cas enfin des GRETA et de leurs personnels dont le devenir même dépend de la date et des conditions de réouverture alors que le ministère du travail a déjà annoncé celles des Offices de formation privés à condition de respecter le protocole sanitaire. Le Sgen-CFDT a ainsi demandé une possibilité de dérogation à l’ouverture des lycées pour permettre, de façon concertée avec les personnels, la réouverture des GRETA.
La question pédagogique doit absolument être précisée, même si c’est progressivement à cause des incertitudes liées à l’évolution de la pandémie.
Les mesures sanitaires vont imposer un mode d’organisation hybride : il est en effet très difficile d’envisager un retour à la normale, c’est-à-dire à des cours à 25, 30, 35 élèves par classe évidemment dans les semaines et peut-être aussi dans les mois qui viennent.
L’enseignement à distance, dans lequel les enseignants ont investi beaucoup d’énergie va coexister avec des temps en présentiel qui pour nos organisations devront être pensés d’abord comme des temps d’accompagnement personnalisé. Cette organisation du travail doit s’inscrire dans un cadre commun discuté avec les organisations syndicales ,qui intègre les questions de la charge de travail, des temps de concertation mais aussi l’équipement nécessaire au distanciel. Elle doit aussi se décliner localement pour s’adapter aux public et aux territoires.
La démarche de priorisation des publics scolaires définie jusqu’ici, qui cherche à concilier des objectifs différents, apparaît pour l’heure en contradiction avec la notion ambiguë de volontariat.
La question des élèves des milieux les plus défavorisés qui ont été les plus fragilisés par ce confinement doit piloter les conditions pédagogiques de la réouverture et de la rentrée 2020.
Dans cette perspective la logique de cycles, de parcours et le référentiel de l’éducation prioritaire pourraient constituer un cadre pertinent pour penser toute l’école de demain.