A partir de la mi-mai, les enseignants du premier degré doivent jongler entre distanciel et présentiel pour leurs élèves, mettre en place des évolutions de protocoles sanitaires dans une période où l'incertitude était grande.
Directrice de l’école maternelle Jacques Prévert, école de REP+ située à Elbeuf en Seine Maritime, Nathalie Bellier a accepté de revenir pour le Sgen-CFDT sur la période de déconfinement qui s’est déroulée entre mi-mai et début juillet, une période chargée et marquée par beaucoup d’incertitudes. En effet, pour les six classes que compte son école, la mise en oeuvre des différents protocoles a été souvent compliquée mais l’attente des familles, des enfants étaient grande.
Notre école avait accueilli les enfants des soignants donc tous ceux qui avaient été volontaires pendant le confinement étaient contents de reprendre. Par contre, les enseignants confinés étaient très stressés devant l’incertitude sur les conditions de reprise. Les annonces étaient très contradictoires et ils n’était pas toujours facile de savoir ce qui les attendait. Il a donc fallu les rassurer en respectant au maximum le protocole sanitaire. Mais certains cherchaient le petit problème pour empêcher leur retour au sein de l’école (manque de masques, de gel).
Pour ma part, j’avais choisi de travailler en présentiel le matin et en distanciel l’après-midi du 14 mai au 22 juin. A partir du 22 juin nous avons travaillé normalement mais avec les 3/4 de l’effectif des élèves de l’école. Pas toujours facile de passer d’un dispositif en présentiel à un dispositif en distanciel. On avait le sentiment de préparer deux fois notre journée de classe.
Nous avons tout fait pour que le retour se passe dans la plus grande sérénité. Ainsi pendant les récréations, ils avaient des vélos nominatifs afin de limiter les échanges entre eux. En classe, chacun avait disposé ses affaires sur sa table. Cela a ainsi permis finalement une meilleure concentration de leur part. Quant à savoir s’ils étaient heureux de revenir, on peut dire oui : ils étaient contents de reprendre. Le travail étant en groupe réduit, ils ont également apprécié le travail en petits effectifs, l’enseignant étant ainsi plus disponible.
Nous prenions en charge les élèves le matin en présentiel par petits groupes et nous faisions du distanciel l’après-midi. Étant donné que nous sommes une petite équipe pédagogique, cela a permis aux enseignants que nous sommes de venir toutes tous les jours et ainsi de rester solidaires. L’après-midi nous faisions notre distanciel ensemble et prenions le temps de communiquer, d’échanger.
Pour les relations avec l’IEN de circonscription, nous l’avons trouvé très présente et bienveillante. Le fait d’avoir plus d’autonomie de décision ont permis des relations plus privilégiées que d’habitude et une écoute sans doute plus grande.
Nous avons cherché à contacter chaque famille par téléphone très régulièrement y compris quand l’enfant ne revenait pas malgré le déconfinement donc on a forcément eu des relations plus privilégiées. Les familles ont été reconnaissantes de notre travail. Preuve en est, lors du dernier conseil d’école de l’année, les parents élus ont su le dire. Il faut bien sûr rester prudent mais l’avenir nous dira si les relations ont changé et si la confiance envers ce que nous faisons avec leurs enfants demeure.
Pendant cette période, mes relations avec la mairie ont été très bonnes. La Mairie a fait son possible pour que la reprise se passe le mieux possible. Nous nous sommes ainsi vus plusieurs fois. Mairie et inspection ont été surprises de notre choix d’équipe de fonctionnement avec le matin en présentiel et l’après-midi en distanciel. Nous étions en effet la seule école parmi les 12 que compte la commune à avoir fait ce choix. Le maire a même pris le temps de venir au conseil d’école pour échanger avec ses membres sur la mise en place du protocole. Je me suis donc sentie soutenue dans ce que nous mettions en place.
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Globalement, j’ai bien vécu le confinement. La reprise progressive liée au déconfinement entre la mi-mai et le 22 juin a été quelque peu compliquée à gérer mais on a fait. Pour moi, la reprise du 22 juin a été une très bonne chose pour les élèves et les enseignants qui n’avaient plus le choix de reprendre. Ils ont ainsi pu clore l’année scolaire et mieux profiter de l’été.