Les enseignements pluridisciplinaires - Co-intervention et chef-d’œuvre - créés par la TVP, impactent l'organisation pédagogique du lycée professionnel. Le Sgen-CFDT dresse un premier bilan de ces enseignements.
Enseignements pluridisciplinaires : ce que prévoyait la TVP
« Transformer la voie professionnelle en :
– développant des pédagogies qui soient en rupture avec celles qu’ont connues les élèves de la voie pro en collège,
– développant des compétences comportementales qui viennent souvent supplanter les compétences techniques,
– affirmant la complémentarité entre enseignements généraux et enseignements professionnels. »
Rapport Calvez – Marcon.
Les dispositifs pluridisciplinaires de la TVP introduisent la construction des compétences psycho-sociales et transversales. Plusieurs objectifs peuvent être assignés à ces nouveaux enseignements :
– remédier au socle de compétences et de connaissances,
– contextualiser les enseignements généraux grâce à des situations professionnelles,
– développer des compétences plébiscitées par les entreprises,
– susciter l’envie d’entreprendre.
Ces dispositifs ont été pensés comme des pédagogies « réparatrices » et en rupture avec les enseignements dispensés en collège. Ils suggèrent le fait que le LP accueille majoritairement des élèves en difficultés. Ce discours sonne mal avec l’attractivité recherchée et l’excellence affichée.
Le Sgen-CFDT continue à dénoncer l’hypocrisie du précédent ministère qui a conduit à ne pas expliciter clairement les finalités de la TVP et ces nouveaux dispositifs.
Un bilan mitigé
Pour le Sgen-CFDT, la TVP devait répondre à la réalité du public accueilli. Elle s’appuie sur l’enseignement professionnel comme un levier pour tenter de rattraper les fragilités des élèves dans l’acquisition du socle commun. En plus de contextualiser des notions de français et de math-sciences dans des situations professionnelles (co-enseignement et chef d’œuvre), ces pédagogies participent à développer les compétences psycho-sociales. Les travaux coopératifs et de projet peuvent être utilisés.
Ce qui aurait pu fonctionner – davantage d’enseignants devant les élèves, travail commun sur des compétences, lien entre les enseignements professionnels et l’enseignement général – n’a pas été au rendez-vous. Les enseignants s’en trouvent souvent démunis.
La liste est longue des freins et difficultés à dépasser :
- le temps pour se concerter, le travail en équipe
- la répartition des services, l’aménagement des EDT, l’usage des heures complémentaires, le respect des grilles horaires
- la formation pour déployer efficacement ces dispositifs
- l’absence de banques de sujet ou d’exemple de mise en œuvre
- la place des disciplines d’enseignement général par rapport aux disciplines professionnelles
- les conditions matérielles pour travailler ensemble (équipement, salle, etc.), les moyens financiers nécessaires pour mener à son terme un projet…
Malgré ces difficultés, les collègues ont su faire avec les faibles moyens à disposition. Mais dans quelles conditions de travail !
Ce que porte le Sgen-CFDT
La juxtaposition de dispositifs, sans cohérence et sans explicitation sur les finalités visées, ne donnent pas de sens au travail. Les enseignements pluridisciplinaires impactent les conditions de travail. Les équipes ont besoin de temps pour travailler en collectif. Une simple tranche horaire imposée ou banalisée dans la semaine ne suffit pas. Il faut du temps de concertation dont les équipes peuvent disposer en toute liberté. Ce temps pour construire cette ingénierie pédagogique doit être reconnu et rémunéré.
C’est pourquoi le Sgen-CFDT revendique une pondération horaire de 1,25 appliquée à la co-intervention et au chef d’œuvre.
Les enseignements pluridisciplinaires ont suscité beaucoup de questions et de déceptions chez les collègues. Dans un contexte de réduction des enseignements disciplinaires mais de maintien des objectifs certificatifs, comment pourrait-il en être autrement ?
Sans accompagnement ni formation efficace, avec des directives souvent contraignantes, les collègues se sont retrouvés bien isolés pour construire et mettre en œuvre.
Pour le Sgen-CFDT, le « travailler ensemble » se construit. L’interdisciplinarité ou la pluridisciplinarité ne se décrète pas et ne s’impose pas à coup de procédures.
Des parcours cohérents donnent du sens au travail des personnels et aux apprentissages des élèves. Le Sgen-CFDT revendique de :
- recentrer la co-intervention sur la seule classe de seconde,
- mobiliser les heures de co-intervention en première et terminale pour un projet pluridisciplinaire commun,
- débaptiser l’enseignement de chef-d’œuvre en projet pluridisciplinaire pour rendre explicite ses objectifs.