Les épreuves de spécialité sur lesquelles ont travaillé les candidat·es au baccalauréat général en sciences économiques et sociales suscitent des débats. L'occasion de réfléchir sur ce que l'école apprend et ses finalités.
En SES, nous traitons de questions vives comme les épreuves de spécialité, qui ne laissent en général pas indifférent·es. Les sujets de SES produits, comme habituellement, ne demandent pas à l’élève de réciter la totalité de son cours. Ils demandent de répondre à des questions sur une partie de ce qui a été vu en classe.
Interrogations autour des épreuves de spécialité de SES
Prenons pour exemple ces questions qui ont suscité de nombreuses interrogations :
- À l’aide de deux arguments, montrez que le travail est source d’intégration sociale.
- À partir d’un exemple, vous montrerez que l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance.
- À l’aide d’un exemple, vous montrerez que l’action des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale peut produire des effets pervers.
On pourra retrouver sur le site du ministère de l’Éducation nationale les sujets des épreuves de spécialité des 11, 12 et 13 mai.
Que faut-il apprendre en SES ?
Le programme de l’enseignement de spécialité de SES de la classe terminale de la voie générale est défini par arrêté du 19-7-2019 publié au BO spécial n° 8 du 25 juillet 2019. Voici les points précis qui sont questionnés dans cette épreuve :
- Quelles mutations du travail et de l’emploi ?
« Comprendre que le travail est source d’intégration sociale et que certaines évolutions de l’emploi (précarisation, taux persistant de chômage élevé, polarisation de la qualité des emplois) peuvent affaiblir ce pouvoir intégrateur. » - Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?
« Comprendre qu’une croissance économique soutenable se heurte à des limites écologiques (notamment l’épuisement des ressources, la pollution et le réchauffement climatique) et que l’innovation peut aider à reculer ces limites. » - Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ?
« Comprendre que l’action des pouvoirs publics en matière de justice sociale (fiscalité, protection sociale, services collectifs, mesures de lutte contre les discriminations) s’exerce sous contrainte de financement et fait l’objet de débats en termes d’efficacité (réduction des inégalités), de légitimité (notamment consentement à l’impôt) et de risque d’effets pervers (désincitations). »
Conformes aux programmes de SES, ces sujets ne sont donc ni plus ni moins orientés que les programmes de SES. Ces programmes étudient à la fois ces théories et d’autres théories. On ne peut pas interroger sur tout.
Les débats sur certaines questions laissent donc la place à des approches diverses, qui correspondent aux savoirs scientifiques produits.
On peut déplorer que les programmes laissent trop de place à certaines approches scientifiques. On peut aussi déplorer que les savoirs scientifiques ne soient pas suffisamment stabilisés sur des questions vives, comme le changement climatique.
Les enseignant·es de SES doivent transmettre des savoirs et pas des opinions. Les professeur·es sont cependant sensibles aux débats qui ont lieu dans notre société, tout comme leurs élèves.
On ne peut pas juger de la pertinence d’un enseignement au seul vu des épreuves de baccalauréat qu’il propose. Ces épreuves ne peuvent pas non plus proposer de retracer l’entièreté des théories étudiées en classe.
Le Sgen-CFDT souligne cependant plusieurs points
- La lourdeur des programmes empêche de les mettre en œuvre en rendant suffisamment acteurs ou actrices les élèves. Elle a tendance à laisser moins de place à la réflexion et davantage au bachotage.
La crise sanitaire et les changements incessants dans la mise en place des réformes du lycée et du baccalauréat ont rendu les choses encore plus compliquées pour les élèves comme pour les personnels. - L’urgence climatique nécessite une transformation de notre système éducatif.
On ne peut pas compter seulement sur les enseignements disciplinaires pour s’adapter et lutter contre le changement climatique. Il est nécessaire de mettre en action nos élèves, de leur permettre de se saisir dans un temps beaucoup plus court des questions qui se posent au quotidien. Ce n’est pas le temps des programmes disciplinaires. - Les programmes disciplinaires sont conçus dans des conditions qui ne nous conviennent pas.
- Les interventions politiques ne sont pas acceptables et elles ont souvent eu lieu en SES (comme en mathématiques ces dernières semaines).
- Les questions abordées en SES sont des questions qui intéressent tou·tes les élèves, les collègues, souvent d’autres disciplines, et plus largement de nombreux·ses citoyen·nes. Il serait temps que ces questions soient au cœur des apprentissages de tou·tes les élèves. Un enseignement concernant les grands enjeux du monde contemporain qui aborderait les enjeux économiques, sociaux, politiques, scientifiques… citoyens serait plus que nécessaire.
Il n’en reste pas moins difficile d’aborder ces questions sans disposer d’un bagage scientifique qui permette d’aller au delà des représentations sociales.