Déclaration liminaire du Sgen-CFDT au Comité Social d'Administration du ministère de l’Éducation nationale du 13 mars 2024.
Ces derniers mois, ces derniers jours même, sont marqués par des atermoiements gouvernementaux qui ont des conséquences délétères sur le travail des agents que nous représentons au CSAMEN.
Prenons quelques exemples pour illustrer, sans prétendre à l’exhaustivité.
Faire et défaire : les mauvaises politiques éducatives du gouvernement
Malgré les oppositions nombreuses et partagées dans le cadre des concertations de l’automne, un ministre décide que l’enseignement du français et des mathématiques se fera intégralement en groupes de niveau au collège.
L’annonce est faite à peine 3 mois après l’installation de l’heure d’approfondissement et de soutien dans ces mêmes disciplines en 6eme.
C’était la décision prise par le ministre précédent il y a à peine un an, entraînant la suppression de l’enseignement de technologie en 6eme.
La nouvelle ministre à l’écoute des arguments portés par des syndicats représentant la majorité des agents du ministère contre l’installation des groupes de niveau, a rouvert le débat la semaine dernière. Moins de 48h après, le Premier Ministre semble la contredire en affirmant que les groupes de niveau seront en vigueur à la rentrée.
Faire, défaire pour autre chose avant même d’avoir pu analyser les effets de la mesure précédente et à 5 mois de la rentrée scolaire, congés compris, cette politique éducative erratique a des effets délétères.
Les collègues sont mis en porte-à-faux, s’épuisent, se démobilisent, ne reprennent pas confiance en leur ministère.
Nous souhaitons confirmation de ce que la ministre a présenté le 7 mars, dans les textes et dans les propos de tous les membres de l’exécutif.
Il faudra aussi donner le temps au dialogue social que nous avons demandé au sujet des consignes qui accompagneront l’arrêté collège.
Nous ne voulons pas être contraints à un tri scolaire qui, de facto, sera social.
Nous voulons une autre politique éducative sans groupes de niveau et sans classe préparatoire au lycée, sans labellisation des manuels, sans évaluations nationales systématiques. Nous souhaitons que ces évolutions se construisent par le dialogue social, avec la recherche et avec les personnels dont l’expertise et l’expérience pédagogiques doivent être enfin prises en compte afin de déboucher sur des décisions qui font sens et permettent aux agents de travailler sans renier leurs valeurs, sans renier les valeurs de l’École de la République et les principes clés des premiers articles du Code de l’Éducation.
Des coupes budgétaires qui fragiliseront encore plus le système éducatif
En quelques mois, nous sommes passés d’une rallonge budgétaire pour améliorer le schéma d’emplois, et ce, avant même la promulgation de la loi de finances, à l‘annulation de crédits portant majoritairement sur le titre 2 et donc sur la masse salariale correspondant au schéma d’emplois.
Le ministre de l’Économie et des finances annonce d’autres coupes pour les dépenses de l’État dans les mois qui viennent.
L’Éducation est la mère des batailles mais pas trop quand même !
Pour le Sgen-CFDT, les priorités sont mal ordonnées.
Pour améliorer le service public d’éducation, il faut prioriser la capacité à couvrir les besoins dans les différents métiers. Or, pour réussir les recrutements, il faut améliorer les conditions de travail et les rémunérations. Nous demandons de nouveau des perspectives pluriannuelles de revalorisation sans conditions.
Les tensions et la conflictualité autour de ces enjeux sont majeures dans de nombreux territoires. Nos collègues interpellent l’État et les collectivités selon leurs responsabilités respectives. À ce stade, les réponses, corsetées par la contrainte budgétaire immédiate, ne sont pas à la hauteur des enjeux et c’est fort regrettable.
L’expérimentation de l’uniforme avec des financements à la clé, la montée en charge du SNU sous quelque forme que ce soit n’améliorent pas le service rendu à la population ; ce sont des mesures inutiles et dispendieuses.
Des décisions brutales qui nient le travail des personnels : l’exemple de l’arrêt brutal des développements de SIECLE PLUS
L’annonce de l’arrêt de la suite d’outils logiciel SIECLE PLUS, uniquement en visio, a été brutale pour les agents qui travaillent depuis des années à son développement. Brutale parce qu’aucune alerte préalable n’a véritablement été donnée. Aucune réflexion sur le devenir, les possibilités conditionnelles possibles de maintien n’ont été posés dans le temps. On aurait pu, dû, prévoir des étapes, des points bilan préalables, des objectifs conditionnant l’arrêt. Désormais, les collègues concernés sont dans le désarroi. Nous demandons donc de pouvoir surseoir à cette décision et de pouvoir engager un véritable dialogue avec les agents concernés ; nous vous demandons d’entendre leur vision de l’avenir éventuel de SIECLE PLUS.
Réforme de la formation initiale : prendre le temps de construire, se précipiter, c’est courir le risque d’un ratage complet
Il y a aussi les décisions qui n’arrivent pas, comme celle d’une éventuelle réforme de la formation initiale. À ce stade de l’année, le Sgen-CFDT réitère sa demande de moratoire sur une réforme à effet sur le concours 2025.
Il est nécessaire de prendre le temps de penser et de construire une réforme cohérente, non seulement des concours, mais aussi de la formation initiale, de la stagiairisation et de la titularisation.
Une réforme doit se déployer dans un calendrier respectueux des conditions de travail de celles et ceux qui la mettront en œuvre. Le peu de temps qui reste avant la rentrée 2024 ne permet plus de construire et conduire une réforme dans de bonnes conditions.
Mettre à jour l’agenda social, et ne pas oublier les promesses faites à l’automne
Il y a des sujets pour lesquels le dialogue social doit reprendre son cours dans une structuration qui permette aux services de l’administration centrale et aux représentants des personnels de bien travailler, de bien organiser le travail. Les deux mois de pause, imposés par le remaniement, ou plutôt les remaniements dans le remaniement, ont mis à mal la programmation d’une grande partie du programme de travail du CSA ministériel. Vous l’aviez préparé avec les services avec attention et pour donner de la visibilité à toutes et tous. Il conviendrait d’en débattre de nouveau afin de prioriser les sujets pour le reste de l’année et donner des perspectives à moyen terme. C’est nécessaire pour éviter la surcharge et l’embolie pour les services et pour permettre aux organisations syndicales de bien préparer les réunions. C’est dans l’intérêt de tous pour que le dialogue social soit de qualité et constructif.
Par ailleurs, nous devions avoir des points de situation réguliers sur la sécurisation des écoles et établissements et la protection des personnels. Quand reprendrons-nous ce dialogue qui n’est pas totalement épuisé par le travail conduit dans le cadre de la F3SCT.
Le ministre avait annoncé en décembre 2023 que les organisations syndicales représentatives des personnels du MEN seraient désormais invitées au comité de suivi de l’École inclusive. Nous souhaitons savoir quand et comment cette annonce se concrétisera.