Le Baccalauréat et les autres diplômes préparés par le ministère de l'agriculture seront délivrés en 2020 selon des modalités très particulières.
L’organisation d’épreuves terminales est impossible
Jean Michel Blanquer, après avoir consulté Didier Guillaume pour l’enseignement agricole, a annoncé le vendredi 3 avril, que l’ensemble des épreuves du brevet et des baccalauréats sera validé par le contrôle continu.
Selon le ministre, la crise sanitaire actuelle ne permet pas de garantir « de façon absolue » la possibilité d’organiser des épreuves terminales écrites en juin. Il a précisé vouloir « garantir que chacun puisse passer l’examen mais aussi garantir l’équité et la qualité, notamment au travers de l’assiduité et de la motivation ».
Le contrôle continu prendra en compte les trois trimestres de l’année, à l’exception des notes obtenues pendant le confinement. Pour le ministre, cette « solution est la plus simple, la plus sûre ».
Il y aura bien un bac cuvée 2020
Les mentions du bac sont également maintenues.
Les élèves en situation handicap ne sont pas oubliés et conserveront le bénéfice de l’aménagement des épreuves.
Le Sgen-CFDT partage le constat du ministre : compte tenu de la crise sanitaire du coronavirus, « il n’est pas possible que le baccalauréat se déroule dans les mêmes conditions que les années précédentes ».
Le ministre, compte-tenu des circonstances, a exclu toute solution mixte (épreuves terminales et contrôle continue). Le Sgen-CFDT était favorable au maintien dans l’enseignement agricole d’une ou deux épreuves terminales allégées ou modifiées, si la reprise avait lieu rapidement.
Des principes généraux consensuels
Le ministre a énoncé 4 grands principes qui l’ont amené à prendre cette décision singulière :
- « Ne pas léser les élèves et la bienveillance de tous envers tous ».
- « Garantir l’équité du bac, le bac sera un véritable bac ».
- « Assurer le maximum de cours au mois de juin la formule que je vais proposer va permettre de travailler jusqu’au 4 juillet et donc de rattraper les semaines de cours perdues actuellement ».
- « Assurer la sécurité des personnels et des élèves. L’organisation doit être « robuste afin de tenir, quels que soient les circonstances et les scénarios ».
Le Sgen-CFDT partage ces principes généraux consensuels qui prennent la mesure de la gravité de la situation actuelle traversée par la nation.
L’ensemble des épreuves (bac, brevet, BTS) validé en contrôle continu
La note de l’épreuve écrite du bac de français sera la moyenne des notes de l’année (exceptées les notes obtenues pendant la période de confinement). L’épreuve orale de français sera maintenue fin juin sauf si les conditions sanitaires ne le permettent pas. 15 textes seront présentés pour la voie générale, 12 pour la voie technologique. C’est moins que le nombre prévu.
Pour les épreuves communes d’histoire-géographie, de langues vivantes : la moyenne retenue sera l’addition de la note obtenue aux épreuves communes passées (E3C 1) et celles de terminale.
L’épreuve de spécialité non poursuivie en terminale et l’épreuve d’enseignement scientifique (bloc commun) seront validées en contrôle continu.
L’ensemble des épreuves sera validé par les notes obtenues pendant les 3 trimestres sauf celles obtenues durant le confinement.
Un jury d’examen examinera les livrets scolaires des élèves et un inspecteur général le présidera. Le dossier de chaque élève sera scruté, l’engagement sera valorisé. Il y aura harmonisation des notes pour tenir compte des différences de notation (effet établissement). Il faudra rester en cours jusqu’au 4 juillet pour obtenir son bac (prise en compte de l’assiduité).
Comme chaque année, les candidat.es ayant obtenu entre 8 et 10 pourront passer les épreuves de rattrapage avec un oral début juillet. Les candidat.es qui n’auraient pas passé le bac en juin, certain.es candidat.es ayant eu en dessous de 8/20 (après avis) et les candidat.es libres pourront le passer en septembre.
Les épreuves seront validées sur la base du contrôle en cours de formation qui se pratique habituellement pour ces élèves. Un jury s’assurera de l’harmonisation des notes des élèves de bac professionnel. La même procédure s’appliquera pour les BTS.
Ces dispositions s’appliqueront aussi dans les lycées agricoles, ils n’ont pas été oubliés. Dans l’enseignement agricole, il y aura une commission régionale d’harmonisation des notes du contrôle continue. Au vu de statistiques pluri-annuelles, ces notes pourront être modifiées à la hausse ou à la baisse.
Une note de service DGER du 16 avril précise l’ensemble des procédures de ce nouveau dispositif d’attribution des diplômes.
Donner du sens à cette fin d’année si particulière
En temps « normal » au dernier trimestre, les énergies sont tournées vers le bouclage des programmes et la préparation des épreuves terminales qui banalisent tout ou partie du mois de juin.
Pour le Sgen-CFDT, il est totalement illusoire de chercher à reconduire cette dynamique en l’état ou même l’aménager. Il faut plus que jamais donner du sens au temps de crise que nous traversons. Il faut désormais donner aux établissements les moyens de s’emparer de trois objectifs :
L’École va devoir contribuer à la résilience sociale après la crise sanitaire. Non seulement il faudra prendre le temps de l’écoute et de l’émotion mais aussi permettre aux équipes de travailler en amont sur une pédagogie du retour qui sera attentive à restaurer le lien social indispensable aux apprentissages et à compenser la très grande hétérogénéité des acquis de la continuité pédagogique et éducative (notamment, fractures sociale et numérique).
Il sera essentiel de permettre à toutes et tous de se concentrer sur les apprentissages pour permettre un raccrochage le plus général possible, et éventuellement faire passer quelques contrôles en cours de formation ce qui est dorénavant possible vues les semaines libérées du mois de juin, traditionnellement consacrées pour les examens.
Il faudra prévoir un accompagnement personnalisé des élèves vers la poursuite de leur parcours. Les lycéens auront en effet en théorie leur affectation Parcoursup à compter du 19 mai. Il faut les aider pour qu’ils puissent se projeter « au-delà du bac » dans le « post-bac ». Ce défi sera un enjeu majeur après une année très perturbée. Les conseils éducatifs et pédagogiques (CEF) doivent pouvoir se saisir de ces objectifs pour réorganiser éventuellement les emplois du temps sur tout ou partie des semaines scolaires qui seront effectivement disponibles.
Le point de vue du Sgen-CFDT
Le Sgen-CFDT revendique une reprise des cours qui se fasse progressivement en ne négligeant pas l’écoute.
Le retour en classe doit se faire dans la compréhension et développer l’ambition d’accrocher tous les élèves sans exception. La formule du contrôle continu retenue à une autre vertu : sa robustesse la soustrait assez fermement des aléas et inconnues de la crise actuelle. On peut espérer qu’elle mette moins de pression sur les élèves et sur les équipes éducatives ce qui, au regard du traumatisme social actuellement subi, est sage.
Enfin, pour le Sgen-CFDT c’est la confiance envers les personnels, la bienveillance envers les élèves et le refus des polémiques qui doivent primer dans cette période difficile.