A l'issue des trois premiers groupes de travail ministériels sur la direction d'école, on ne peut que constater l'absence d'annonces à la hauteur de ce qui est attendu par les directeurs et directrices d'école. Et pourtant, le Sgen-CFDT n'a cessé de porter leurs revendications...
Nombre de directeurs et de directrices d’école sont déjà fatigués par une rentrée compliquée et exceptionnelle du fait de la crise sanitaire, mais aussi, en dépit de la circulaire du 27 août dernier, par des injonctions contradictoires sur la gestion des 108 heures, sur l’organisation des formations spécifiques et heures d’animation pédagogiques, sur le calendrier des enquêtes…
Les directeurs et directrices attendent énormément des négociations en cours avec le Ministère, ces groupes de travail étant le moyen de faire remonter la réalité de leur travail. Quelques ajustements à la marge ne pourront suffire : pour le Sgen-CFDT, il faut une véritable réflexion et une réforme systémique du métier.
Pour le Sgen-CFDT, il faut regarder le travail réel avant de prévoir tel ou tel temps de décharge !
Être directeur ou directrice est un métier à part entière, c’est en tout cas ce qu’a montré l’enquête effectuée par le Ministère en décembre dernier. Même si beaucoup revendiquent leur métier d’enseignant, force est de constater que leur enseignement est quotidiennement impacté dans leur classe par le plombier venu réparer les toilettes, le téléphone qui sonne ou le parent qui vient chercher son enfant qui va chez l’orthophoniste pour ne citer que quelques exemples.
Pourtant, ce travail de relation avec les partenaires est au cœur de leur métier.
Le Sgen-CFDT estime aujourd’hui à 80 % le travail lié au relationnel, un travail aujourd’hui intransférable tant il est nécessaire au bon fonctionnement de l’école. Dès lors, il faut leur donner du temps pour le faire. C’est en cela que la négociation sur les décharges est importante.
Mieux coller à la réalité en donnant plus à ceux qui ont besoin de plus…
Si le Sgen-CFDT défend l’idée de baisser les seuils de décharge, il défend aussi l’idée de mieux coller à la réalité en donnant plus à ceux qui en ont besoin le plus. Ainsi quand une école accueille une ULIS, une UPE2A ou de nombreux enfants à besoins particuliers, le directeur, la directrice doit pouvoir disposer d’une décharge supplémentaire pour le travail spécifique à effectuer.
Pour refléter au plus près ces réalités, il serait tout à fait envisageable d’attribuer un temps supplémentaire localement (au niveau de la circonscription), temps qui serait ajouté en fonction des situations particulières des écoles.
L’éternelle question de la charge administrative…
Le travail de directeurs et de directrices d’école ne peut se résumer à la seule charge administrative : sa simplification ne peut donc être l’unique entrée revendicative. Pour le Sgen-CFDT, si cette charge administrative est bien réelle, elle peut sans problème être déléguée à un personnel formé et employé sous emploi pérenne. Dès lors, le travail administratif pourra se concentrer sur l’essentiel – et notamment sur les aspects ayant trait au pilotage.
Donner du pouvoir d’agir !
Parce que l’école n’est pas un établissement, beaucoup de collègues subissent des décisions prises hors les murs, trop souvent éloignées des problématiques spécifiques de l’école.
La question de l’autorité décisionnelle enfin posée…
Pour le Sgen-CFDT, cette situation n’est plus tenable. Sur ce point, le Ministère semble prendre le bon chemin, posant la question de l’autorité décisionnelle du directeur, de la directrice d’école sur la répartition des moyens d’enseignement, le service des enseignant.e.s, les modalités d’utilisation des locaux scolaires, l’organisation du travail des personnels communaux…
Respecter les compétences et attributions existantes, clarifier ce qui peut être transféré sans surcharge de travail…
Derrière cette possibilité, c’est l’ensemble de l’équipe pédagogique qui doit pouvoir disposer d’un pouvoir d’agir au quotidien plus étendu. Cela passera d’abord par le respect des compétences et attributions déjà dévolues par les textes, mais aussi par une clarification de ce qui doit être transféré au sein de l’école sans que cela représente une surcharge de travail. Un exercice complexe qui nécessite d’aller au-delà de la seule réflexion sur le temps, sur l’argent.
Valoriser l’engagement des directeurs et directrices d’école
En l’état, il convient avant tout de revaloriser les directeurs et directrices à hauteur de leurs responsabilités. Cela ne peut pas passer uniquement par une augmentation indemnitaire.
Pour le Sgen-CFDT, la reconnaissance du métier de directeur, directrice d’école doit également passer par une meilleure prise en compte de cet engagement dans l’avancement de carrière. Une revalorisation attendue et nécessaire du métier, qui devra se traduire par la mise en place d’une nouvelle grille indiciaire spécifique.
Revaloriser les directeurs et directrices à hauteur de leurs responsabilités…
Être directeur, directrice est un métier à part et à ce titre, chacun.e doit donc pouvoir bénéficier de perspectives de carrière à la hauteur des responsabilités exercées et d’une augmentation indemnitaire substantielle. A ce titre – et comme nous l’avons toujours porté -, il conviendra là-encore de regarder la réalité du travail des personnels en majorant les missions particulières liées au fonctionnement propre à l’école : PIAL, coordinateur REP+, direction multisites…
Des annonces ministérielles attendues…
Les derniers temps de travail se tiendront avant les congés de la Toussaint autour de la rémunération et des questions de sécurité : ce sera notamment l’occasion d’aborder la nécessaire collaboration entre collectivités territoriales et direction d’école sur la mise en place des PPMS et DUERP.
Des annonces en novembre…
En conclusion de ces groupes de travail, plusieurs annonces du Ministre sont prévues au courant du mois de novembre : pour des mesures indemnitaires applicables au 1er janvier (avec notamment la possible pérennisation de l’indemnité exceptionnelle de rentrée), sur les niveaux de décharge à la rentrée 2021 ou encore sur les délégations de compétences.
Pour le Sgen-CFDT, ce ne sera de toute façon qu’une première étape…
Le « chantier » de la direction n’est qu’au début d’un long processus qui doit conduire à la reconnaissance d’un statut tant pour le directeur/la directrice que pour l’école. Derrière ces deux éléments, c’est la question de l’autonomie qu’il faut aborder pour permettre une véritable réussite des élèves. La Loi Rilhac dont l’examen au Sénat débutera fin octobre/début novembre sera l’occasion d’ouvrir encore plus la porte autour de la reconnaissance du métier.