Direction d'école : les mesures présentées aux organisations syndicales pour la rentrée 2020 ne répondent pas aux attentes et aux besoins des directeurs et directrices d'école. Pour le Sgen-CFDT, elles ne peuvent constituer qu'un prémisse aux mesures à venir en application de la loi Rilhac.
Le 2 juillet, le Ministre de l’Éducation nationale recevait les organisations syndicales afin, comme il l’avait annoncé de longue date, de présenter des mesures pour améliorer le quotidien des directeurs et directrices d’école dès la rentrée 2020.
Pour le Sgen-CFDT, si des pistes intéressantes sont tracées, les mesures restent en deçà des attentes des personnels. La direction d’école sera un enjeu fort de la prochaine année scolaire. En effet, les textes d’application de la loi Rilhac créant un emploi de directeur feront l’objet de négociations auxquelles le Sgen-CFDT y prendra toute sa part pour permettre une amélioration la plus rapide possible du quotidien des personnels.
Une indemnité pour tous les directeurs et directrices pour marquer leur engagement pendant la crise sanitaire
Durant la crise sanitaire, les directeurs et directrices d’école ont tenu une place incontournable. Ils ont dû faire preuve de réactivité et de souplesse et ont consacré beaucoup de temps à l’organisation de la continuité pédagogique puis à la mise en œuvre des protocoles sanitaires.
Pour saluer cet engagement, le Ministre propose de leur attribuer une indemnité spécifique cumulable avec l’indemnité COVID-19 versée pour la garde d’enfants de soignants. Pour le Sgen-CFDT, cette reconnaissance financière est la bienvenue mais reste insuffisante.
Cette prime ponctuelle reconnait leur investissement face à à une situation exceptionnelle mais ne répond pas à la demande de reconnaissance de leur engagement habituel. Le Sgen-CFDT revendique une hausse à court terme de leur régime indemnitaire et un déroulé de carrière plus en phase avec cet engagement : accès facilité à la classe exceptionnelle par exemple.
108 heures : la programmation laissée à l’autonomie des directeurs et directrices
Dans l’enquête menée en décembre 2019 auprès des directeurs et directrices d’école, la liberté d’utiliser les 108 heures était une demande forte. Il semble que le ministre l’ait entendue.
Le ministre prévoit une gestion autonome des 108 h par les directeurs et directrices. Pour le Sgen-CFDT, l’équipe pédagogique devra y être associée.
Mais quelle traduction concrète de cette annonce sachant que : les 36 heures d’APC sont du temps dû aux élèves, que 18 h sont consacrées aux animations pédagogiques dont le pilotage relève des IEN et 6 sont consacrées au Conseil d’école… Au final la liberté d’action se limiterait aux 48 h dédiées aux conseil des maîtres, de cycle, et aux rencontre avec les familles ?
Sauf à risquer de favoriser et renforcer les inégalités en supprimant du temps de travail face à élève en jouant sur les heures d’APC cette annonce reste donc symbolique. Pour le Sgen-CFDT, Il conviendrait de sanctuariser ce temps dû aux élèves pour éviter toute disparité dans l’offre éducative de soutien aux enfants en difficulté.
Simplification administrative pour la direction : l’éternel retour
Le Ministre l’assure, il y aura moins d’enquêtes et pour celles qui resteront, un calendrier sera précisé en début d’année scolaire. Si cette réduction et cette planification sont les bienvenues, il faudra avant tout pour le Sgen-CFDT que tout cela se concrétise sur le terrain tant la volonté ministérielle est oubliée régulièrement par les hiérarchies intermédiaires.
Dans le même ordre, le Ministre a annoncé sa volonté de voir l’application ONDE s’améliorer pour mieux répondre aux attentes des utilisateurs.
Pour le Sgen-CFDT, en attendant le détail des éléments techniques, il faudra aller au-delà avec par exemple, la généralisation d’espaces de stockage, la mise à disposition de tableaux de bord en ligne et consultables à distance par l’institution, ou encore le passage à une gestion informatisée des absences… A suivre donc mais n’oublions pas que le travail administratif n’est pas le cœur du métier des directeurs et directrices. 80 % de leur temps de travail est consacré à des relations humaines et là-dessus aucune réponse du Ministre au moins à court terme !
Des aides administratives à la direction qui posent question…
Les mesures annoncées par le ministre :
Le Ministre à tout d’abord annoncé la montée en charge du recrutement de jeunes en service civique, passant de 10 000 à 12500, pour la rentrée prochaine.
Pour le Sgen-CFDT cette option n’est pas réaliste :
- l’Agence du Service civique refuse catégoriquement que les jeunes occupent ces emplois,
- cela ne peut constituer une solution pérenne car les directeurs et directrices, se verraient dans l’obligation de recommencer la formation quelques mois plus tard,
- les formes d’engagement offertes aux jeunes seraient limitées.
900 nouveaux recrutements sont prévus dans le cadre des contrats de pré-professionnalisation.
Pour le Sgen-CFDT, cela reviendrait à dévoyer l’objectif du dispositif qui vise une entrée progressive dans le métier de professeur, incompatible avec l’exercice de tâches administratives. C’est leur présence en classe qui doit être privilégiée.
Depuis 2015, quasiment tous les services publics peuvent accueillir des apprentis pour des contrats de un à trois ans. Ils doivent ensuite passer des concours externes pour être recrutés par un employeur public.
Pour le Sgen-CFDT, des options incompatibles avec la logique d’emplois pérennes
Pour le Sgen-CFDT, ces trois options ne sont pas compatibles avec la logique d’emplois pérennes que nous défendons.
Cela viendrait aussi alourdir le travail des directeurs et directrices car il faudrait nécessairement accompagner ces jeunes en formation. Dès lors, ce ne serait en aucun cas un allègement de travail pour les pilotes des écoles.
Quelles que soient les options finalement retenues, la mise en oeuvre de tels dispositifs ne peut être envisagée sans dialogue social préalable pour définir les modalités opérationnelles de l’accompagnement et valoriser le travail du directeur, de la directrice chargé·e de l’assurer (indemnisation, temps de décharge…).
Pour le Sgen-CFDT ces orientations ne répondent donc pas aux attentes des personnels.
D’autres annonces qui peuvent être une réponse
Pendant cette réunion, le Ministre a fait d’autres annonces qui, si elles sont concrètement mises en place, peuvent constituer des avancées. Pour certaines le Sgen-CFDT en était demandeur :
- La mise en place d’espace de dialogue comparables à ceux qui existent déjà pour les personnels de direction dans le second degré. Ces espaces permettrait d’organiser dans chaque département une réflexion entre pairs autour de la réalité du métier de directeur et directrice d’école.
- La création d’un référent départemental direction d’école placé auprès du DASEN dès la rentrée prochaine, un dispositif prévu par la Loi Rilhac et que revendiquait le Sgen-CFDT.
- Des réunions régulières entre pairs dans chaque circonscription, organisées sur les temps d’animation pédagogique.
- Droit à deux jours de formation par an sur les problématiques de direction d’école. Le Sgen-CFDT demande que ces formations s’articulent avec les besoins qui émergeront des espaces de dialogues cités précédemment.
- Des décharges ponctuelles supplémentaires pour les petites écoles dès la rentrée 2020. Il faudra pour le Sgen-CFDT sécuriser ce dispositif organisant ces jours à l’avance afin que les directeurs et directrices de ces écoles puissent planifier leur travail en amont.
Un agenda qui se poursuit avec un objectif, tracer les contours de l’emploi de directeur imposé par la Loi Rilhac
Le 6 juillet 2020, le Dgesco et le DGRH présenteront la circulaire de rentrée 2020 qui détaillera notamment les mesures prévues pour la direction d’école.
Le travail de fond sera fait par différents groupes de travail en vue de finaliser les décrets d’application qui fixeront les contours de l’emploi de directeur, directrice d’école créé par la loi Rilhac. A cette fin, le Ministre a choisi de mettre en place trois groupes thématiques : décharges, rémunération / carrière, et délégations de compétences.
Comme le dit depuis de longs mois le Sgen-CFDT, le statu quo sur le métier de directeur ou directrice d’école n’est pas possible. Après le parcours parlementaire de la loi viendra le temps du travail réglementaire. C’est bien là qu’il faudra peser pour permettre que les directeurs et les directrices d’école puissent mieux vivre leur métier. Notre organisation syndicale y pèsera de tout son poids pour faire valoir la parole du terrain au-delà du dogmatisme de certains.
Que dire alors sur ces annonces autour de la direction d’école ?
Pour le Sgen-CFDT, si les annonces sur la direction ne vont pas assez loin et vite, elles sont un petit pas sur la longue route qui mène à une véritable reconnaissance du métier. La désaffection constatée pour les postes de direction démontre bien qu’il faut aller plus vite, pour restaurer leur attractivité et mieux positionner les directeurs et directrices dans l’institution et vis à vis des partenaires.
Les directeurs et directrices restent dans l’attente car ils ne pourront clairement se satisfaire de ces seules mesures. Pierre après pierre, la reconnaissance de la professionnalité des personnels qui acceptent la responsabilité de diriger une école se construit. Reste maintenant à finir le travail. A ce titre, L’année 2020/2021 sera cruciale.
Le Sgen-CFDT prendra ses responsabilités tant dans sa participation active aux groupes de travail que dans la défense réelle des conditions de travail des directrices et directeurs d’école.