Lundi 9 juillet, le Sgen-CFDT a été reçu au Ministère pour évoquer les difficultés des directeurs et directrices d'école à exercer sereinement leur métier. Fort de 52 rencontres sur tout le territoire, le Sgen-CFDT a pu exposer son projet d'avancer vers un statut juridique de l'école.
Les témoignages des difficultés du métier de la direction d’école ne manquent pas. Force est de constater que ce sujet de la direction d’école et des collègues qui assurent cette charge, et qui était tabou pour certaines organisations syndicales dans des temps pas si lointains, est devenu aujourd’hui un sujet électoral.
Direction d’école : un sujet central pour le Sgen-CFDT
Pour le Sgen-CFDT, la question n’est pas récente puisque cela fait quarante ans que ce sujet est débattu au cours des différents congrès, avec toujours des échanges vifs tant le sujet est sensible. Suite au dernier Congrès à Aix les Bains en 2016, il est même devenu prioritaire. C’est aussi pour cela que le Sgen-CFDT a pris depuis quinze mois son bâton de pélerin pour rencontrer ces directeurs et directrices d’école. Cela représente 52 réunions et 45 000 kilomètres parcourus, 2000 directeurs et directrices rencontrés au cours de journées de formation où chacun a pu s’exprimer et parler de ses problématiques.
Après l’Assemblée nationale, rencontre au Ministère sur la direction d’école
Après avoir rencontré les députées chargées de la « mission flash », le Sgen-CFDT a rencontré, à sa demande, la Direction Générale des Ressources Humaines (DGRH) du Ministère, lundi 9 juillet.
Plusieurs objectifs à cette rencontre :
- exposer les difficultés rencontrées par les personnels, des difficultés ancrées dans leur quotidien ;
- soumettre des propositions pour, à court terme, permettre aux directeurs et directrices de sortir quelque peu la tête de l’eau ;
- entendre les solutions proposées par le Ministère à court terme et à moyen terme.
Compte-rendu de l’audience Sgen-CFDT avec la DGRH sur la direction d’école
Une revendication structurelle à moyen terme : l’établissement du premier degré
Il s’agit pour le Sgen-CFDT de sortir de solutions toutes faites (plus de temps, plus d’argent). En effet, si ces solutions à court terme sont nécessaires, cela ne résoudra pas le problème de fond. Beaucoup de directeurs et de directrices ont ainsi témoigné que 80 % de leurs missions quotidiennes étaient non transférables. Ce n’est donc pas seulement en instaurant un secrétariat que leurs conditions de travail vont s’améliorer. Il faut, pour le Sgen-CFDT, aller plus avant et proposer un véritable statut juridique à l’école, statut qui par ricochet entrainera un véritable statut pour le directeur ou la directrice de l’établissement. Ce statut définira bien sûr des marges d’autonomie, mais permettra surtout la prise de décisions à l’intérieur même de l’école, et non hors les murs comme c’est le cas aujourd’hui.
Des mesures d’urgence dès la rentrée prochaine pour soutenir immédiatement les directrices et directeurs d’école
Si la demande de statut est légitime, il est cependant évident que cela ne peut se faire à court terme. C’est la raison pour laquelle le Sgen-CFDT demande des mesures dès la rentrée prochaine pour soutenir les directeurs et directrices d’école dans leur action au quotidien. Parmi ces mesures immédiates :
- la prise en compte dans le calcul de la décharge de direction de critères autres, plus complexes, que simplement le nombre de classes : présence d’enfants en inclusion scolaire, UPE2A, spécificités territoriales, accueil de PES…
- une révision des seuils de décharge : aujourd’hui ,250 élèves pour 50 % de décharge, est-ce bien raisonnable ?
- une revalorisation indemnitaire eu égard aux responsabilités assumées ;
- la création dans chaque département de directeurs/directrices de vie scolaire, pour venir en aide immédiatement aux directeurs et directrices d’école.
- l’affectation des brigades de remplacement chaque fois que ces personnels n’ont pas de classe en priorité sur la classe d’un directeur ou directrice non déchargée
- Dédier les heures de formations pédagogiques des directeurs et directrices à des formations spécifiques à la direction (pilotage notamment ) voire leur laisser la capacité d’utiliger ce contingent horaire selon leurs besoins
Et le Ministère dans tout cela ?
Le Ministère s’est montré très attentif aux propositions qu’il a qualifiées de réalisables à court terme. Il convient maintenant pour lui de prioriser et de répondre rapidement à l’urgence. Le Sgen-CFDT a demandé, au delà de la mise en place d’un groupe de travail autour de cette question, que puissent se dérouler, partout où cela est possible, des expérimentations d’établissements pilotées par les équipes locales (école, communes, partenaires, IEN…). Selon le Ministère, aucune décision n’a été prise, mais l’inscription à l’agenda social de la question de la direction d’école permettra d’ouvrir ce chantier en janvier 2019.
Et maintenant ?
Pour l’heure, le Sgen-CFDT va poursuivre ses rencontres de terrain, avec les personnels, mais aussi avec les partenaires institutionnels et notamment le Réseau Français des Villes Éducatrices et l’Association des Maires de France. C’est ce travail de fourmi qui permettra au Sgen-CFDT de porter partout la parole des personnels.