Le Ministère a fait parvenir un questionnaire à tous les directeurs et directrices, ainsi qu'aux faisant fonction et chargés d'école, afin de collecter les informations émanant directement des personnels. Le Sgen-CFDT encourage les équipes à s'emparer de cet espace de parole.
Un questionnaire sur les conditions de travail des directeurs d’école est arrivé cette semaine dans les boites mail des écoles. Le ministre donne la parole aux personnels afin :
- d’alimenter le travail entrepris dans le cadre de l’agenda social ;
- de préciser les mesures d’allègement des tâches à court et moyen terme.
Pour le Sgen-CFDT, ce questionnaire doit permettre de mesurer l’écart entre le travail prescrit et le travail réel des directeurs et directrices d’école, et donc interroger la réalité de la mission de direction, quelle que soit la taille de l’école.
Le Sgen-CFDT est intervenu pour que le questionnaire soit envoyé aux directeurs, aux directrices, mais aussi aux faisant fonction et chargés d’école.
Le questionnaire : reflet de la réalité ?
Le questionnaire comporte plusieurs parties, pour cerner tout ce qui peut impacter le travail des directeurs et directrices au quotidien, et une trentaine de questions. Les questions posées doivent pouvoir donner des indications sur le profil de l’école mais aussi garantir l’anonymat des répondants. Pour le Sgen-CFDT, la nécessité d’anonymat des réponses était une condition très importante pour libérer la parole des collègues.
Des questions pour montrer ce qui pose problème, mais aussi les solutions attendues
Au travers de ce questionnaire, différentes thématiques sont abordées. Établies à partir du référentiel de 2014, les questions abordent la gestion du temps, le respect, l’écoute, la considération voire la reconnaissance par la hiérarchie, et les relations avec partenaires comme la collectivité territoriale ou les familles. Ce questionnaire est également jalonné de questions ouvertes qui doivent permettre aux directeurs et directrices de s’exprimer au delà des réponses pré-établies et donc faire connaître leur perception des missions, leurs difficultés, mais aussi leurs réussites, et surtout ce qu’ils et elles souhaiteraient. Pour le Sgen-CFDT, c’est l’occasion de faire savoir au Ministère ce que chacun veut pour ce « métier » que beaucoup qualifient de passionnant même s’il est très chronophage.
Ainsi, le ministère pose la question de la participation du pilote pédagogique à l’évaluation des enseignants. Pour le Sgen-CFDT, aborder la question du statut du directeur et de la directrice est indissociable d’une réflexion sur le statut de l’école, seul établissement accueillant du public sans statut juridique depuis sa création, un statut pour l’école que le Sgen-CFDT réclame depuis 2008. Il s’agit bien de revendiquer un statut d’emploi fonctionnel pour le directeur ou la directrice, seule possibilité pour donner à la fois plus de pouvoir et plus d’autonomie au collectif de travail incarné. Ce serait aussi la possibilité donnée aux personnels exerçant cette mission d’emploi fonctionnel qui le souhaitent de revenir dans leur corps d’origine au bout d’un certain temps. Dans le cadre d’un statut, outre le recrutement obligatoire sur concours, le directeur ou la directrice changerait de corps. Pour redevenir adjoint, il ou elle serait obligé·e de démissionner puis de repasser le concours de professeur·e des écoles.
Date limite pour répondre et analyse des résultats
Confié dans un premier temps à la Direction de l’Évaluation de la Prospective et de la Performance (DEPP), le Ministère a souhaité y associer un cabinet privé spécialisé dans l’analyse de ce type de questionnaires, notamment dans l’analyse des réponses aux questions ouvertes. La date limite pour répondre à ce questionnaire est fixée au 1er décembre, les premiers résultats étant attendus pour la mi-décembre.
Délai de réponse et un agenda social qui se poursuit
La date limite pour répondre à ce questionnaire est fixée au 1er décembre, les premiers résultats étant attendus pour la mi-décembre. Le Sgen-CFDT avait souhaité du temps d’échanges dans les écoles pour répondre à ce questionnaire. C’est finalement du temps de rencontre entre directeurs et directrices en circonscription qui a été retenu. Le Sgen-CFDT a insisté sur la libération d’une animation pédagogique, au choix du directeur ou de la directrice, pour que cette rencontre soit du temps d’analyse de pratiques, entre pairs mais il s’agit bien du temps de travail.
Premières mesures annoncées
Comme il s’y était engagé après les vacances d’automne, le Ministre a profité du Comité technique ministériel pour annoncer des mesures d’urgences pour les directeurs et directrices d’école :
- un moratoire des enquêtes jusqu’au 31 décembre prochain ;
- une journée de décharge supplémentaire pour les directeurs et directrices d’école sur les mois de novembre et décembre 2019 ;
- un « groupe Blanchet » du premier degré pour identifier allègement des tâches, amélioration du temps de travail, sous la responsabilité du DASEN, avec les organisations syndicales et présence des collectivités locales si besoin.
Si, pour le Sgen-CFDT, ces premières mesures sont un signal envoyé aux directeurs et directrices d’école, elles sont bien faibles eu égard aux enjeux du métier. Ainsi, la création d’emplois pérennes d’aide administrative au sein des écoles doit être une priorité, et ne pas s’ancrer seulement sur les discussions autour de ce que peuvent faire ou non les services civiques dans leurs missions. Mais il est clair pour le Sgen-CFDT qu’au delà de cette question, c’est bien l’amélioration des conditions de travail de tous les personnels qui doit être abordée.
La création de groupes Blanchet du premier degré
Les « groupes Blanchet » existent depuis 1999 dans le second degré et réunissent des personnels de direction. Ces groupes, visant à réunir des directeurs et directrices d’école et des représentants de l’institution, peuvent représenter une avancée significative en tant que véritable espace de dialogue. Ces groupes doivent permettre aux personnels de remonter régulièrement au sein de leur académie la réalité de leur travail, sans passer systématiquement par le filtre hiérarchique des IEN. C’est donc une première étape vers la valorisation du métier qui est posée. À voir comment cela évoluera dans le futur, comment ces groupes seront mis en œuvre.
D’autres mesures vont suivre
Le Ministère doit réunir les partenaires sociaux fin décembre et présenter d’autres mesures applicables à la rentrée. Si des réponses urgentes sont indispensables face au désarroi des personnels, les réunions autour de l’agenda social doivent permettre d’aller au-delà et de réfléchir aux conditions de travail des directeurs et de leurs équipes : seuil de décharge, rémunération, missions.
Pour le Sgen-CFDT, le dossier de la direction d’école ne peut se traiter seul. C’est le fonctionnement global de l’école qui est à prendre en compte. Il est urgent de changer l’école pour améliorer les conditions de travail des personnels et offrir un système éducatif de proximité plus performant, adapté aux besoins des élèves.