Depuis le début de cette crise sanitaire, les directeurs et directrices d'école sont sur le front pour organiser la continuité pédagogique mais aussi la garde des enfants de soignants dans leur école. Pour le Sgen-CFDT, au sortir de la crise, il sera indispensable que leur situation évolue.
Alors que le Sgen-CFDT demande depuis 2008 la création d’un statut d’établissement du Premier degré et d’un statut pour le directeur et la directrice, la situation sanitaire actuelle n’a fait que mettre en avant que ce n’est pas un enseignant parmi les autres au sein de l’équipe pédagogique. L’administration d’ailleurs ne s’y trompe pas en les mettant au même niveau dans les courriers liés à la crise sanitaire que leurs homologues du second degré, principaux ou proviseurs ou que les IEN, sans pour autant leur donner tous les moyens d’agir. La mise en place de la reprise post confinement en est l’exemple le plus récent. Les directeurs et directrices d’école ont mobilisé ces dernières semaines toute leur énergie pour assurer un service public d’éducation le 12 mai qui puisse accueillir les enfants dans de bonnes conditions sanitaires. A travers cela, c’est leur capacité à mettre en oeuvre un travail partenarial avec les municipalités notamment qui doit être valorisé.
Des missions qu’ils ont assumées
Au sein des écoles, les directeurs et directrices d’école sont directement impactés par les différentes mesures à mettre en œuvre : confinement, continuité pédagogique, repérage et garde des enfants de soignants. Ces mesures, ont pour la plupart été mises en place dans l’urgence et avec des directives souvent contradictoires.
C’est donc par un esprit d’initiative de proximité que les directeurs et directrices ont agi pour assurer leurs responsabilités en matière de continuité du service public d’éducation. Ils ont dû à ce titre assumer leur rôle de pilote et de responsable de sécurité. Ce n’est d’ailleurs que ce qui est formellement mentionné dans leur référentiel métier de 2014.
Travailler en autonomie au plus près du territoire
Pourtant, avec la crise actuelle, on atteint clairement les limites du fonctionnement de l’école sur le mode actuel. Les injonctions ne peuvent en l’état fonctionner car il s’agit de mettre en place des mesures qui doivent tenir compte de paramètres territoriaux. Dès lors, seuls les personnels au plus près du terrain sont en capacité d’agir. Beaucoup d’IEN ont d’ailleurs laissé une grande liberté d’initiative aux écoles preuve d’une confiance locale affirmée et nécessaire.
Un établissement du premier degré qui prend tout son sens
Pour le Sgen-CFDT, ce n’est en tout cas ni une surprise ni de l’opportunisme. Nous pointons du doigt cette situation depuis de nombreuses années. Les 2500 directeurs et directrices rencontrés depuis 2016 n’avaient fait que conforter notre réflexion sur l’école et la direction d’école.
Donner le pouvoir d’agir au collectif de travail suppose donc de modifier à la fois le statut de l’école mais aussi le statut du pilote de cet établissement. Le projet d’établissement du premier degré prend tout son sens notamment pendant des crises importantes comme celle que nous vivons aujourd’hui. Il faut pouvoir penser local, pour agir au plus près des usagers et surtout mieux impliquer les acteurs de terrain et en premier lieu l’équipe enseignante.
Directeur et directrice d’école, c’est un métier
Les résultats du questionnaire ministériel diffusé en décembre le montrent, beaucoup de directeurs et de directrices revendiquent exercer un métier différent. Cette crise est, là aussi venue renforcer cette idée. Être directeur, directrice d’école est bien un métier qui demande des compétences particulières notamment en terme de management et de capacité à travailler avec des acteurs aussi variés que les familles, la collectivité territoriale et ses agents et une équipe enseignante. Il est donc temps de reconnaître cette fonction en lui donnant un statut, le statut pourquoi pas d’emploi fonctionnel, qui permettrait aux directeurs et directrices qui le souhaitent de revenir dans leur corps d’origine, celui de professeur des écoles.
Un Ministre qui va devoir prendre des décisions
Comme le disait Cécile Rihac lors de l’audition du Ministre de l’Education nationale à l’Assemblée nationale du 21 avril, il convient de clarifier la place du directeur de la directrice au sein de la communauté éducative. Le Sgen-CFDT, qui avait obtenu l’inscription de cette question à l’agenda social entend bien faire de nouveau entendre sa voix sur cette thématique. Le Ministre dans sa réponse a dit qu’il souhaitait que le statut de l’école, du directeur, de la directrice évoluent. Le Sgen-CFDT saura lui rappeler ses engagements pour faire évoluer ce métier.