Mme Mireille Ryou-Canals, directrice générale de l’enseignement et de la recherche au Ministère de l’agriculture, a accordé une audience aux représentants du Sgen-CFDT, le 30 novembre 2015.
Divers points ont été abordés :
- la réforme du CAPa.
- le service enseignant.
- les mesures post attentat et l’éducation à la citoyenneté.
- la situation des contractuels.
- l’appui au système éducatif.
- l’acquisition progressive des diplômes.
La réforme du CAPa.
Le Sgen-CFDT estime que la rénovation du CAPa est une réforme favorisant la réussitte des élèves et leur insertion professionnelle. La rédaction du référentiel de formation mobilise une entrée « compétence » favorisant la conduite d’enseignements dynamiques ancrés dans la réalité des métiers mais aussi ouverts vers le développement personnel de jeunes. Les 5 heures de cours non affectées donnent de l’autonomie aux équipes et favorisent l’innovation pédagogique et la construction de projets collectifs. La durée variable du stage en entreprise permet d’adapter le parcours d’apprentissage au profil des élèves.
Deux difficultés importantes apparaissent :
Le temps de concertation et de régulation pour construire et conduire les projets pédagogiques est insuffisant.
La DGER a reconnu ce point tout en soulignant qu’aucune solution simple ne se profilait dans le cadre de moyens constants. Elle préconise d’utiliser le temps dégagé par le SCA. Cette solution n’est pas pleinement satisfaisante car ce temps n’est pas spécifiquement fléché pour les activités en CAPa.
L’utilisation pédagogique en cours du vécu des élèves/apprentis ayant réalisé un stage en entreprise n’est pas forcément pleinement maitrisée par tous les enseignants.
Certains collègues ressentent un besoin de formation ou d’échange d’expérience afin de consolider leur pratique. La DGER va débloquer des moyens pour programmer des sessions de formation continue autour de cette thématique qu’elle juge importante. Le Sgen-CFDT a été entendu.
Le service enseignant.
Le décret n° 71-618 du 16 juillet 1971 fixe l’obligation réglementaire de service des enseignants/ CPE (18h de cours en face à face pour les PLPA et les PCEA). Ce monolithe a ses limites. Il ne permet pas de reconnaitre à sa juste mesure l’investissement des enseignants pour réaliser d’ autres missions/activités ou de s’impliquer dans des formes d’exercices nouvelles du métier (TPE, FOAD, projets…).
Les conditions statutaires sont également figées depuis plusieurs décennies et orientent les moyens vers certains niveaux de formation. Le Sgen-CFDT estime que ce cadre doit évoluer dans la concertation et le dialogue avec les personnels: il demande l’organisation d’une large concertation nationale directe avec les personnels. Comment justifier que les collègues intervenants en 4ème ou 3ème techno, en CAPa, ne bénéficient pas de plus de temps pour préparer leurs cours ? Pour se concerter ?
Le Sgen-CFDT estime que le système actuel n’est pas forcément le plus juste car les élèves ont changé, les conditions de travail ont évolué. Préparer des cours en CAPa demande du temps et de l’énergie et ceci doit être reconnu. La DGER va lancer un groupe de travail sur ce sujet sensible en décembre. Le Sgen-CFDT y participera activement.
Mesures post-attentats et éducation à la citoyenneté.
Les attentats de janvier 2015 puis ceux de novembre 2015 montrent le besoin de renforcer la formation de nos élèves/apprentis à la citoyenneté et aux valeurs de la République. Il faut également prévenir toutes les formes d’endoctrinement qui menacent nos élèves. Un enseignement pluridisciplinaire par le « faire », « par les projets » favorisant la construction de compétences citoyennes chez les jeunes, adapté au contexte divers de chaque EPL, loin de tout catéchisme républicain, doit être réalisé. La DGER partage cette vision et va lancer un vaste programme de formation des enseignants sur ce thème. Le dispositif national d’appui ainsi que l’ENFA vont être mobilisés. Le Sgen-CFDT partage cette ambition.
La situation des contractuels.
Déprécarisation :
Des contractuels exerçant le métier d’enseignant/formateur depuis 10/15 ans ont passé en 2014 le concours de déprécarisation avec succès mais n’ont pas été titularisés à la fin de leur première année en tant que fonctionnaire stagiaire (en 2015 donc). Certains, après avis de l’inspection, ont pu redoubler. D’autres moins chanceux n’ont rien obtenu. Cette sévérité exceptionnelle a alerté le Sgen-CFDT qui a interpellé la DGER sur ce sujet. Des solutions individuelles de reclassement sont en cours d’étude grâce à notre mobilisation. La DGER estime que la limite du dispositif de déprécarisation est aujourd’hui atteinte. Ce mouvement qui a été porté dès le départ par la seule CFDT aurait mérité de bénéficier d’une réflexion bien plus en amont pour éviter ces situations difficiles.
CDI dans l’enseignement supérieur :
suite à un jugement du conseil d’État, l’avancement des contractuels ne peut plus être conduit en référence à une grille nationale catégorielle de fonctionnaire et réalisé automatiquement. De nouvelles procédures sont, dans chaque école, en cours de construction pour cadrer l’évolution de carrière des contractuels en CDI en respectant le nouveau décret qui prévoit une réévaluation des rémunérations tous les 3 ans. Le Sgen-CFDT constate l’existence d’une très grande hétérogénéité dans la gestion de ces dossiers ainsi que des dérives managériales de type « néo-libéral » non souhaitées et non conformes avec l’identité de notre système de formation. La DGER, attentive à notre analyse, ne rejette pas l’idée d’un cadrage national qui poserait un cadre lisible pour tous.
Appui au système éducatif.
Le dispositif national d’appui va succéder au système national d’appui.
Ce changement de terminologie marque la volonté de la DGER de soutenir et de renouveler l’activité d’appui développée vers les établissements d’enseignement technique. Le Sgen-CFDT a rappelé l’importance et l’originalité de cette mission pour notre système de formation. Il convient de le conforter et non de le fragiliser.
Les 12 écoles de l’enseignement supérieur sont appelées à participer à cette mission en valorisant et en vulgarisant les travaux des enseignants-chercheurs. La collaboration des écoles avec l’ENFA va s’amplifier pour enrichir la formation initiale des enseignants. En parallèle, les actuels chargés de mission d’appui (présents dans les écoles ou sous l’autorité directe de la DGER / des DRAF) privilégieront de plus en plus des interventions directes exercées dans les établissements et au bénéfice des équipes pédagogiques et éducatives. La DGER a affirmé sa volonté de poser un cadre national « fort » notamment dans le domaine de la formation continue des personnels de formation et en lien direct avec « enseigner à produire autrement » et les 12 priorités du projet stratégique de la DGER. La DGER souhaite également renforcer l’expression des besoins en formation des enseignants/formateurs/personnels des établissements et son traitement en mobilisant de nouveaux moyens.
Le Sgen-CFDT a alerté la DGER sur plusieurs sujets :
- celui des moyens humains dédiés à l’appui qui est limité, notamment pour intervenir dans les établissements. Le nombre de personnes pouvant réaliser cette mission est limitée. Ce point a été entendu. La DGER a précisé que les crédits alloués à l’appui au système éducatif ne diminueront pas mais feront l’objet d’une gestion rigoureuse et exigeante.
- celui d’une possible amputation des moyens dédiés à l’appui réalisé par le sup. au profit de ses missions traditionnelles. La DGER a rappelé que les moyens dédiés à l’appui font l’objet d’un suivi annuel, qu’ils sont fléchés (ligne ETP 143 sur du 142) et que ce risque est circonscrit.
Acquisition progressive des diplômes.
Le Ministre est très attaché à la mise en place de cette mesure et la DGER s’y conformera. Cette décision va dans le sens de la conception portée par le Sgen-CFDT. C’est un premier pas vers la construction de parcours scolaire réellement adaptés aux besoins des élèves.