Le détricotage continue. Encore une fois, le ministre de l'Éducation nationale revient sur l'une des avancées du précédent gouvernement en renforçant le poids de l'examen et son caractère disciplinaire pour l'obtention du DNB (Diplôme national du brevet).
Le Conseil supérieur de l’Éducation (CSE) a été consulté jeudi 19 octobre sur des changements à porter sur l’épreuve du diplôme national du brevet. Malgré un vote sans appel ( 36 contre, 8 pour et 25 abstentions ) le ministère va publier son texte. Une fois de plus le ministère agit avec précipitation pour infléchir la politique précédente, avant même que les personnels aient pu se l’approprier, et évidemment bien avant d’avoir réalisé un bilan objectif de ce nouveau brevet. Ces changements de cap sont insupportables aux personnels qui ont besoin au contraire d’objectifs de long terme et de stabilité dans les politiques publiques. Le travail engagé par les équipes n’est pas reconnu, les changements de pratiques initiées sont ignorées au lieu d’être valorisées. De plus, le Sgen-CFDT dénonce cette méthode devenue systématique de changer l’esprit des textes au prétexte de faire des ajustements techniques ou des simplifications.
Des améliorations étaient en effet souhaitables, notamment sur la construction des épreuves, dont on se demande pourquoi elles ont été si éloignées des principes affichés dans l’arrêté de 2015, fruit d’un compromis fragile issu de semaines de concertation entre les différents acteurs du système éducatif : si l’examen terminal était maintenu (ce dont le Sgen-CFDT ne se satisfaisait pas), c’est bien la validation du socle commun qui était l’objectif essentiel, et qui par conséquent pesait davantage en terme de barème.
L’objectif de maitrise du socle commun par tous est abandonné
L’équilibre est rompu par les modifications proposées, les objectifs initiaux sont brouillés, au profit d’une vision rétrograde et sélective de l‘évaluation des élèves, dans laquelle seul un examen terminal uniformisé et obtenu par une proportion « raisonnable » d’élèves prouve la légitimité du diplôme. Cela est d’ailleurs en contradiction avec le code de l’Éducation, qui fixe comme objectif au collège d’attester de la maitrise du socle par le bilan de fin de cycle 4, et non pas de classer ou de labelliser les élèves par un diplôme dont personne ne reconnait ni l’utilité ni la légitimité. Plus grave encore, ce nouveau texte se désintéresse de ceux qui auraient dû être au centre des préoccupations après la première session, à savoir les 10 % qui ont échoué au DNB en 2017 et les 20 % qui ont obtenu le diplôme de justesse.
Pour ces élèves qui ne maîtrisent pas le socle commun de manière satisfaisante, il aurait été souhaitable de chercher :
- à outiller les enseignants pour le travail et l’évaluation par compétences,
- à approfondir la liaison collège – lycée en donnant une valeur diagnostique aux épreuves du DNB pour en faire un support des pratiques pédagogiques en début de 2nde au lycée.
Des changements symboliques mais nocifs
Or la nouvelle mouture annoncée aggrave un DNB hybride, dont l’obtention juxtapose deux logiques opposées : celle de la validation progressive et cumulative des compétences du socle et celle d’un examen terminal ponctuel entièrement et uniquement disciplinaire « à l’ancienne ».
Pour le Sgen-CFDT ce nouveau texte est non seulement malvenu mais nocif pour l’ensemble des élèves et des personnels.
Pour s’attaquer aux vrais défis du collège unique et à la démocratisation de l’école, qui nécessite de s’occuper des élèves les plus faibles et les plus en difficulté, il faudra attendre…
Le Sgen-CFDT a défendu la suppression pure et simple des épreuves terminales écrites, au profit d’une seule épreuve orale, « intégrative », permettant à l’élève une réflexion sur son parcours au collège.Cet amendement rejeté de justesse a permis de montrer la nécessité d’un véritable débat sur l’évaluation du socle commun.
Le Sgen-CFDT avait initié une déclaration commune dénonçant la logique d’affaiblissement du socle commun.
Le Sgen-CFDT a bien évidemment voté contre le texte, après avoir soutenu les amendements demandant le maintien du compromis de 2015. Le ministre propose simplement un retour en arrière alors qu’on peut se demander si le brevet n’est pas devenu un examen autant complexe qu’inutile.Voilà de quoi pouvoir briller dans les médias en proclamant que « l’exigence est de retour ». Pour s’attaquer aux vrais défis du collège unique et à la démocratisation de l’école, qui nécessite de s’occuper des élèves les plus faibles et les plus en difficulté, il faudra attendre…