Un même sigle pour un dispositif différent et précipité dans sa mise en œuvre.
La fin du dispositif des emplois d’avenir professeur (EAP1) et la volonté présidentielle de développer l’apprentissage dans la fonction publique se décline à l’Éducation nationale avec les étudiants apprentis professeurs (EAP2).
Le Sgen-CFDT a participé à une réunion de concertation sur un projet de note destinée aux Recteurs dans le but de cadrer le dispositif. Alors que la DGRH ne nous a pas communiqué la note définitive (elle sera présentée au Comité technique du Ministère de l’Éducation nationale le 7 octobre), l’AEF et d’autres médias à sa suite diffusent le projet de note.
En quoi consiste le dispositif d’étudiants apprentis professeurs (EAP2) ?
Missions
Des étudiants inscrits en licence 2 et 3* qui font le choix d’étudier sous statut d’apprentis professeurs, auront deux demi-journées de stage en école ou établissement (avec pour missions l’observation et la pratique accompagnée en classe).
Contrat et rémunérations
La note décline les dispositions prévue par la circulaire relative à la mise en œuvre de l’apprentissage dans la fonction publique. Les contrats seront donc des contrats de droit privé avec une rémunération qui est un pourcentage du SMIC, et pour laquelle les cotisations sociales de l’apprenti-e sont prises en charge par l’État employeur (rémunération brute = rémunération nette) :
Année de licence | Âge de l’étudiant apprenti et % du Smic | |
De 18 ans à moins de 21 ans | 21 ans et plus | |
L2 | 61 % soit environ 889 euros | 73 % soit environ 1 063 euros |
L3 | 69 % soit environ 1 005 euros | 81 % soit environ 1 180 euros |
Ces pourcentages sont plus élevés que les minima proposés par la circulaire fonction publique. Cependant, cette rémunération n’est pas cumulable avec une bourse de l’enseignement sur critères sociaux. Par conséquent, les étudiant-e-s qui sont aux échelons de bourse les plus élevés n’ont pas intérêt financièrement à s’engager dans la voie d’apprenti-e professeur. Cela nuance donc la visée démocratique affichée par le dispositif.
Le nouveau dispositif des EAP2 interroge plus globalement la place et le rôle de l’université dans le développement de la préprofessionnalisation.
Le dispositif permet d’introduire le principe défendu par le Sgen-CFDT d’un continuum de formation de la licence au master MEEF, et au-delà même de la titularisation. La préprofessionnalisation ne saurait se limiter aux seuls étudiants sous statut d’apprentissage et il devient urgent de permettre à tous les étudiants désireux de s’orienter vers les métiers de l’enseignement et de l’éducation de disposer de stages en écoles et en établissements dans leur cursus de licence. Il est aussi indispensable de donner aux universités les moyens de construire un schéma global de formation préparant les étudiants aux différents concours de recrutement.
Paradoxalement, le texte, actuellement soumis à la concertation, minimise le rôle de l’université et, tout aussi singulièrement, celui de l’ESPE dans le recrutement et à l’accompagnement des apprentis mais aussi à dans la formation des maîtres d’apprentissage.
Le dispositif augmentera la charge de travail des personnels d’encadrement, déjà fortement sous tension dans les académies qui ont vocation à recruter le plus d’EAP.
Le Sgen-CFDT est intervenu sur ce point, tout comme il est intervenu pour limiter plus clairement la responsabilité déléguée aux directeurs-trices d’école par rapport aux relations administratives avec les EAP.
Pour que les EAP2 s’inscrivent dans un véritable dispositif de préprofessionnalisation, il reste beaucoup d’améliorations à apporter, en particulier dans un contexte de restriction budgétaire et alors que nous dénonçons déjà l’insuffisance des budgets des universités.
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* Dans le même temps, une expérimentation est en cours dans les académies de Guyane et de Créteil avec recrutement d’EAP en master 1 MEEF.