La rentrée médiatique s'est focalisée sur les lycées et les collèges échappent aux radars. Pour autant, où en sont-ils trois ans après une réforme qui a fait couler beaucoup d'encre et que le ministre Blanquer a à moitié effacée. Un début de réponse avec un focus sur quelques collèges bretons.
La réforme des collèges est loin derrière nous…. les temps pourraient sembler plus paisibles et la mer plus calme. Cela n’exclut pas pour autant quelques coups de vent et quelques remous à affronter parfois avec des rames peu solides….
Vestiges de la réforme du collège ?
En fonction des établissements certains points ont été conservés, d’autres abandonnés, difficile de savoir combien d’EPI ont survécu, ni si l’AP est vraiment effectif. Quelques bi-langues continuent de se justifier par la continuité avec le cycle 3, mais la recherche de moyens en primaire pour l’alimenter semble avoir faibli….. Et puis d’autres classes bilangues ont ressurgi pour des raisons moins logiques, du fait de pressions internes ou parentales….. Le dé tricotage a fait son œuvre…. Le seul point qui reste stable c’est le principe de la dotation : 26h par classe +3h de marge horaire multiplié par le nombre de classes et le seuil de 30 élèves pour créer un groupe classe à peu près respecté.
Côté effectifs : une terre de contraste
Dans notre belle académie de Rennes, nous avons un fort contraste entre une zone en pleine expansion, Rennes et ses environs soit une grosse partie de l’Ile et Vilaine, puis le long de la RN12 dans l’agglomération de Saint-Brieuc et toutes les autres zones qui sont en grosse baisse démographique.
Certains établissements sont en tension forte avec parfois la règle des 30 élèves par classe qui peut être dépassée à la faveur d’une entrée non prévue en juin et le plus souvent avec une aesh voire deux dans la classe. A 32 ou 33 personnes dans une salle de classe dont certains profils d’élèves particuliers, on peut avoir envie de pousser les murs ! Dans le même temps, certains collèges craignent pour des fermetures de classe à venir, vu la démographie, et les suppressions de postes qui en découlent.
Pour l’instant, l’administration essaie de tenir tous les bouts en alimentant les zones en augmentation et en essayant de ne pas trop faire couler les petits collèges ruraux.
Le quotidien dans une classe : des galères informatiques
Dans les collèges des Côtes d’Armor, le département a décidé de changer les unités centrales jugées trop vieilles, il équipe désormais avec des unités qui n’ont pas de lecteur de dvd ou de cd. Or les collègues, surtout en LV, en ont avec leurs manuels…. Il faudra donc racheter du matériel coûteux sur les fonds propres des établissements pour pouvoir les utiliser !
Le rectorat, quant à lui, se montre très contraignant sur les logiciels employés, de sorte que les collègues n’ont pu que constater l’absence de certains logiciels de TBI sur leurs bureaux. Impossible pour les Référents Pédagogiques des Usages du Numérique (RUPN) de les réinstaller. Et bien sûr nous ne sommes pas sur des choix de type LINUX…..
Au Sgen-CFDT Bretagne, nous avons mené une enquête il y a deux ans qui montrait un fort mécontentement des personnels de collège (la situation étant moins catastrophique en lycée) dû aux dysfonctionnements (ou parfois à l’absence de fonctionnement !) du matériel informatique : en cause surtout les problèmes de maintenance, sur lesquels le rectorat (SERIA) et le département se renvoyaient la balle et aussi une inégalité territoriale en fonction des couvertures réseau 4G.
Nous avions été écoutés et entendus, il y aurait désormais une plateforme d’assistance à distance qui viendrait compléter les visites des personnels dédiés (trop peu nombreux et pas tous suffisamment formés).
Mais le fait d’imposer des choix de matériel, sans même en discuter avec les utilisateurs, pire sans même les informer des changements est proprement insupportable.
Formation aux gestes de premier secours
Depuis août 2016 (https://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=104541 ), tous les élèves en fin de collège sont censés avoir reçu une initiation aux gestes de premier secours, le texte du BO prévoyant d’ailleurs une montée en puissance de la formation (en « 2016/2017, 50 % des élèves de troisième devront avoir reçu une formation à la prévention et secours civiques de niveau 1 (PSC1). 60 % en 2017/2018 et 70% en 2018/2019 »)
Nous avons fait au Sgen-CFDT Bretagne de cet enjeu un axe de notre congrès régional.
Nos interpellations aux deux recteurs précédents sont restées sans réponse.
Aucun chiffre n’est donné sur le taux de couverture du PSC1 dans notre académie – pourtant les principaux et principales sont sollicités à chaque fin d’année pour faire remonter leurs pourcentages…..
Notre nouveau recteur cherche visiblement à apaiser les tensions vives sous l’ancienne direction. Mais nous attendons aussi qu’il s’explique et qu’il s’engage sur ces questions.
Cette initiation est en effet un enjeu majeur de santé publique. Une fois le cap fixé, il faut donner aux marins les moyens d’arriver à bon port….Or
- si des financements sont attribués pour payer les interventions effectuées par des intervenants extérieurs (pompiers, croix rouge, croix blanche etc….) quand ce sont des Personnels de l’Éducation nationale formés par l’Education Nationale, rien n’est prévu pour les rétribuer sauf s’ils interviennent sur leur temps de cours (en supprimant donc des cours et en les remplaçant par le PSC1) ou en prélevant sur la marge horaire de l’établissement (ce qui n’est possible qu’en partie).
- idem pour le matériel, rien n’est prévu pour aider les établissements à acquérir le fonds nécessaire à la réalisation des sessions (les mannequins sont coûteux), il faut faire appel à tout le monde (conseil départemental, fse, mgen, maif etc….) sauf à l’EN qui est aux abonnés absents.
- quand les principaux arrivent à jongler pour rémunérer leur personnel, ils ne le font pas de façon équitable car un prof est payé en hse mais rien n’est prévu pour un·e cpe, un·e infirmièr·e, un·e gestionnaire etc….. (sauf là encore à jongler pour octroyer des congés au moniteur qui s’est dévoué)
Une école inclusive ?
Cette rentrée a vu la mise en place des Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés. Pour l’instant nous ne voyons pas la plus-value de ce nouveau dispositif. Comme chaque année, beaucoup d’attente et d’incertitudes pour savoir comment vont s’agencer les emplois du temps des aesh. Il faut dire que la coordination à assurer est complexe entre la MDPH, l’inspection académique, les personnels et les établissements d’accueil.
Et les AESH ont le sentiment qu’on traque les heures où elles pourraient ne pas avoir d’élèves pour rentabiliser leur contrat….au vu de leur salaire qui voisine souvent les 900 euros, il y a de quoi être amère.
Dans le même temps, des équipes incluant des rased ont la désagréable surprise de voir que des élèves dont les familles comme les enseignants avaient prévu une entrée en 6e Segpa se retrouvent en 6e ordinaire.
Là encore les bonnes intentions ne suffisent pas….
Un article de Véronique Baslé Sgen-CFDT Bretagne