Annoncé par le Président de la République le 23 avril dernier, des précisions supplémentaires viennent d'être fournies par le ministère de la transition écologique. C'est indéniablement positif mais les enjeux sont nombreux.
Il est urgent de rénover notre bâti scolaire
Le dérèglement climatique a remis au premier plan la question du bâti scolaire.
La multiplication des risques climatiques qui pèsent sur nos écoles, collèges et lycées appelle des mesures face aux fortes chaleurs, au froid, aux pluies, à la sécheresse…
Les conditions de travail et d’étude en sont affectées et cela ne va faire qu’empirer d’après les rapports du GIEC. Le ministre de la transition écologique se base sur un réchauffement de 4 degrés à l’échelle de la France pour mettre en œuvre une stratégie d’adaptation. Aux questions d’adaptation s’ajoutent les questions d’atténuation. La France s’est engagée avec l’Union européenne à une neutralité carbone en 2050. Et notre trajectoire est loin de nous y mener. D’où l’urgence là aussi de cette rénovation.
Mais de quel bâti parle-t-on ?
Les premières déclarations du Président sont claires : il évoque les écoles que les communes peinent à rénover. Il évoque la chaleur et le froid, les émissions de gaz à effet de serre et la végétalisation des cours d’école (Le Parisien, 24 avril 2023).
Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, annonce la présentation d’outils à des acteurs privés et publics pour accompagner « les projets de rénovation thermique des bâtiments publics des collectivités territoriales, et notamment de leurs bâtiments scolaires » (cité par Libération, 4 mai 2023). Il n’existerait actuellement pas de diagnostic général consolidé de l’état du bâti et le ministre de l’éducation nationale évalue la part d’écoles et d’établissements scolaires présentant une vétusté importante autour de 10 %.
Le plan concerne-t-il seulement les écoles ? Les collèges et les lycées sont-ils également pris en compte ? La confusion est grande à ce sujet et les communications de la Banque des Territoires au sujet de rénovations de collèges laisse également planer le doute.
Le bâti scolaire, ce n’est pas qu’une question de transition climatique
Le bâti scolaire, ce sont de multiples enjeux : sécurité, inclusion, santé… et bien entendu conditions de travail et pédagogie.
Le « grand plan qualité de l’air » promis par le Président en est un exemple : il concerne à la fois les enjeux sanitaires et les enjeux d’apprentissage. Nous attendons toujours sa mise en œuvre.
Sur tous ces enjeux, la communauté éducative a beaucoup de choses à dire qui sont propres à chaque lieu de travail, à chaque territoire.
Le Sgen-CFDT demande que tou·tes les collègues soient consulté·es et associé·es (y compris les personnels des collectivités territoriales).
Nous devons être considéré·es comme de vrai·es partenaires ! La question doit être inscrite à l’ordre du jour de l’instance (conseil d’école ou conseil d’administration).
Il est indispensable que ces projets de rénovation prennent en compte les problématiques de conditions de travail. Cela peut être fait à l’occasion d’une démarche DUERP, associant les personnels réalisée en amont du projet et permettant aux personnels de pointer leurs problèmes de conditions de travail liés aux bâti.
Le Sgen-CFDT invite donc les collègues à se saisir de la démarche DUERP pour faire état de leurs problématiques sur le sujet
Il y a des guides proposés par le ministère pour chaque type de local (classes, bureaux, cours de récréation…) et des méthodologies pour construire les projets (voir le site ministériel sur le bâti scolaire). De quoi outiller les collègues en lien avec les équipes Sgen-CFDT.
L’opération a des contours incertains
L’annonce faite le 9 mai par M. Béchu a des contours flous : la question du bâti scolaire ne concerne pas seulement les écoles maternelles et élémentaires, de loin les plus nombreuses cependant. Collèges, lycées, DSDEN, rectorats… autant de lieux qui doivent également être regardés sous l’angle de la transition écologique.
Le montant est également flou : 2 milliards, cela impressionne, mais pour 10 000 écoles cela ne fait plus que 200 000 € en moyenne, très en dessous du coût des projets présentés par la Banque des Territoires. On voit mal comment d’autres enveloppes (fonds privés, européens, ingénierie, fonds verts, certificats d’économie d’énergie…) pourront venir abonder les budgets des collectivités territoriales.
Pour terminer, les délais sont déjà très longs. D’ici 2027, de nombreux événements climatiques peuvent avoir lieu et tous les lieux de travail n’ont pas les mêmes besoins.
Nous demandons donc qu’une véritable planification soit mise en œuvre qui permette aux équipes de faire face aux enjeux.
Et nous rappelons que là où on ne pourra pas intervenir rapidement, certains aménagements moins onéreux peuvent déjà réduire les impacts du dérèglement climatique.