Le ministère de l'Agriculture mène une politique active de lutte contre les discriminations et sur les inégalités Femmes-Hommes notamment en matière de rémunération. Les efforts déployés sont positifs mais demeurent insuffisants au regard de ce qui est un enjeu sociétal majeur pour la société.
Égalité femmes-hommes, une prise de conscience récente.
Depuis 2012, la politique interministérielle engagée vise à conduire à des changements dans les pratiques et les comportements des femmes et des hommes tant dans la sphère publique que privée. Cette politique globale vise à faire disparaître les inégalités et les discriminations notamment en raison du sexe. Le ministère de l’agriculture est concerné et impliqué.
Pour le Sgen-CFDT, il faut décupler les efforts engagés en étant pragmatique et déterminé. L’égalité entre les femmes et les hommes de même que la diversité forment des enjeux majeurs pour notre société que la CFDT souhaite plus juste, plus solidaire.
Des inégalités qui persistent.
Au niveau de la société, force est de constater que :
- Les femmes continuent d’être moins bien rémunérées. Les écarts de rémunération dits « inexpliqués » se maintiennent en moyenne autour de 10 % qu’il s’agisse du secteur privé ou du secteur public.
- Après la naissance d’un enfant, seul un père sur neuf réduit ou cesse temporairement son activité contre une mère sur deux. En 2016, 4,4 % des pères ont pris un congé parental. Pour le MAA, les congés ou mises en disponibilité de durée supérieure ou égale à 6 mois pour raisons familiales (congé parental, soins à enfant, ascendant ou personne handicapée, suivi du conjoint) sont pris à 78 % par les femmes.
- Près d’un tiers des femmes travaillent à temps partiel (souvent subi) contre 8,4 % des hommes. Pour le MAA : 17,45% des femmes et 5,5 % des hommes sont à temps partiel.
- Être une femme constitue le 1er facteur de discrimination dans l’emploi en termes de promotion professionnelle et d’accès à l’emploi. Elles sont aussi davantage touchées par la précarité et la pauvreté.
- Au foyer les femmes effectuent encore 72 % du « cœur » des tâches domestiques.
- Elles occupent trop peu les postes à responsabilités : 16 % des maires sont des femmes, seulement 6 % des conseils d’administration et de surveillance des sociétés cotées en bourse sont présidés par des femmes.
- Les violences faites aux femmes demeurent. Elles sont 10 fois plus exposées aux injures à caractère sexiste que les hommes. Chaque année, plus de 200 000 femmes sont victimes de violences physiques et /ou sexuelles.
Pour le Sgen-CFDT, la persistance de ces écarts est inacceptable au MAA comme dans la société. C’est un changement culturel de fond qu’il faut opérer. Chacune et chacun est concerné.e, dans sa vie privée comme sa vie professionnelle et doit en prendre conscience et agir.
Un ministère de l’agriculture en action, des progrès pas assez visibles.
Le MAA a engagé nombre d’actions pour faire reculer ces inégalités. Les avancées si elles sont réelles demeurent timides au regard des enjeux soulevés.
- De nombreuses campagnes d’informations et de sensibilisations ont été mises en place. Cette action favorise une prise de conscience des stéréotypes, des risques de discrimination ainsi que des obstacles persistants pour atteindre l’égalité réelle.
- L’engagement du ministère vers le double label Égalité et Diversité délivré par l’AFNOR a été un succès.
- Des instances de pilotage et d’animation pour conduire le projet «Labels» ont été formalisées et réunies à plusieurs reprises. Le réseau de référents égalité/diversité dans les directions d’administration centrale et dans les services déconcentrés (DAAF et DRAAF) a été consolidé et ses membres formés : 30 référents ont été nommés avec lettres de mission, des formations spécifiques ont eu lieu ainsi que deux réunions annuelles animées par la Haute fonctionnaire à l’égalité (HFE).
- La mise en place en 2018 d’une cellule de signalement des discriminations a marqué un tournant. Les agents peuvent être écoutés et accompagnés dans leurs demandes.
- La place des femmes aux postes à responsabilités a progressé en administration centrale depuis 2012. Par contre, pour les postes de direction en services déconcentrés (DRAAF-DAAF), pour les postes de direction dans l’enseignement d’enseignement, les résultats demeurent très modestes. Sur le total des personnels de direction (EPL, centres et exploitations) soit 790 emplois pourvus : 274 sont occupés par des femmes soit 35% (38,56 % en 2018 ; 37% en 2017 ; 36% en 2016 ; 25% en 2015). A la rentrée scolaire 2020, 26 % des EPL sont dirigés par une directrice (24,8 % en 2016) et 46 % ont une femme comme directrice adjointe.
- Des actions de formation destinées à tous les agents du ministère, et pour la plupart avec un caractère obligatoire, ont été relancées : les domaines concernés sont «diversité et lutte contre les discriminations et les stéréotypes», «recruter sans discriminer», «égalité entre les femmes et les hommes», «lutte contre les violences sexuelles et sexistes», «laïcité et neutralité des agents publics».
Le Sgen-CFDT a participé pleinement à l’écriture du plan d’action et l’a soutenu activement. Ces actions contribuent à rendre l’organisation du ministère plus juste et inscrivent le MAA dans une dynamique de recherche d’amélioration continue vertueuse. Il faut intensifier ces efforts et être pragmatique car la réalité des chiffres montre la persistance d’écarts de traitement entre les femmes et les hommes qui sont injustifiables.
Des écarts salariaux réels au sein du MAA.
Écarts salariaux moyens des femmes par rapport aux hommes, par catégorie, considéré sur temps plein :
2015 | 2016 | 2017 | 2018 | |
Catégorie A+ | – 13,4 % | -13,26 % | – 12,96 % | – 12,9 % |
Catégorie A | – 10,26 % | – 9, 86 % | – 8,87 % | – 8,1 % |
Catégorie B | – 5,4 % | – 5 % | – 4,97 % | – 4,56 % |
Catégorie C | + 2,7 % | + 0,64 % | – 0,19 % | – 0,8 % |
Au sein de notre ministère les écarts de rémunérations entre les femmes et les hommes persistent. Pour le Sgen-CFDT, cet état des lieux est intolérable et édifiant. Il indique qu’il faut plus que jamais agir, les beaux discours ne suffisent pas.
L’enseignement agricole est aussi un outil pour faire évoluer les mentalités.
Dans l’enseignement agricole de nombreuses actions pédagogiques pour défendre les valeurs d’égalité et de respect mutuel sont engagées. Il y a autant de filles que de garçons scolarisés. Il s’agit maintenant de favoriser la mixité dans toutes les filières professionnelles et de lutter efficacement contre les discriminations persistantes et les stéréotypes. Pour cela, le ministère est à nouveau signataire de la Convention interministérielle sur l’égalité filles-garçons dans l’éducation revisitée pour 2019-2024.
Égalité femmes-hommes, ce que veut le Sgen-CFDT.
Pour le Sgen-CFDT, ce problème est culturel et de masse. Les inégalités existent à tous les niveaux. Elles touchent toutes les femmes, sans que soit épargné le métier, l’avancement, les salaires, la retraite, la conciliation entre vie professionnelle et personnelle. En outre, on constate sur le terrain que les conditions de travail sont autant d’espaces d’inégalités à conquérir.
Il faut changer de paradigme. Le défi est de faire bouger les lignes dans le quotidien principalement des acteurs de l’institution : se former pour reconnaitre les stéréotypes conscients et inconscients, changer les pratiques RH (recrutement, promotions, reconnaissance…), valoriser les bonnes pratiques…
Enfin, pour le Sgen-CFDT, il faut donner encore plus de visibilité au sujet, au bénéfice de l’ensemble des personnels du ministère.
Le Sgen-CFDT se mobilisera sur cette cause prioritaire et agira avec les agents en ce sens. Pour le Sgen-CFDT, Gisèle BAULAND qui participe activement aux nombreux groupes de travail, alimente en permanence l’engagement de la Haute Fonctionnaire en charge du dossier grâce aux nombreux constats et remontées de terrain.
La CFDT a mis un seul bémol à ce plan, le ministère aura t il les moyens de son ambition ?