Dans un contexte de crise sanitaire et de "fatigue démocratique", les prochaines élections départementales et régionales paraissent souvent lointaines et peu enthousiasmantes. Et pourtant ces collectivités territoriales ont des compétences essentielles pour le système éducatif.
Leurs décisions ont un impact sur le quotidien de travail des personnels.
Pour le Sgen-CFDT, participer au débat démocratique en allant voter aux élections régionales et départementales est la seule solution pour porter une parole politique. Le Sgen-CFDT appelle les personnels à participer au débat démocratique et à voter lors de ces scrutins.
Des partenaires décisifs sur les enjeux de bâti scolaire
Départements pour les collèges et Régions pour les lycées financent les locaux :
Qu’il s’agisse de rénover, de restructurer ou de construire un nouvel établissement, ce sont les conseils départementaux (pour les collèges) et les conseils régionaux (pour les lycées) qui financent et décident dans une large mesure.
Leurs décisions impactent la qualité de vie au travail des personnels, les pratiques pédagogiques et le vécu des élèves.
Elles se fondent sur une vision de ce que doit être un établissement scolaire qui doit être davantage partagée, qu’il s’agisse de ce qu’est un lieu d’apprentissage, de vie collective ou de l’importance de l’esthétique et des enjeux de sécurité, de développement durable…
Elles mettent en œuvre l’accessibilité des activités éducatives pour les personnels et les élèves en situation de handicap. Or ces aspects sont fondamentaux pour la qualité de vie au travail des personnels et des usagers. Cela va également influencer les pratiques pédagogiques des enseignant·es avec leurs élèves
Des collectivités employeurs des agents techniques territoriaux des établissements d’enseignement
Les missions d’entretien et de restauration scolaire sont de la responsabilité des collectivités territoriales et les personnels qui y sont employés travaillent dans les collèges et lycées.
La rémunération et les conditions de travail de ces collègues dépendent en grande partie des décisions prises par ces collectivités. Or, tous ces employeurs ne se valent pas, et la politique des ressources humaines appliquée peut avoir de grandes conséquences sur la vie quotidienne des usagers et des agent·es.
Des interlocuteurs de première ligne pour les dotations de fonctionnement
Ces collectivités, comme les communes au niveau du premier degré, financent les budgets permettant le fonctionnement quotidien des établissements.
La viabilisation (chauffage, eau, électricité…) est financée par cette dotation. Elles financent également une partie des actions pédagogiques, culturelles et sportives des établissements.
La restauration scolaire est l’une de leurs compétences. Elles contribuent ainsi au bien-être de nos élèves, à leur éducation au goût, à leur capacité à pouvoir suivre les enseignements. Elles font des choix qui impactent la transition climatique : fréquence des produits carnés, agriculture biologique, circuits courts…
En matière de transition climatique toujours, leurs décisions ont un impact important : isolation des bâtiments, sensibilisation à la biodiversité, accessibilité en transports en commun, usage du vélo…
La crise sanitaire les a également mises en première ligne avec la mise à disposition de matériels de protection sanitaire. Elles sont aussi en responsabilité pour mettre en place des adaptations concernant l’aération, les capteurs de CO2…
Les conseils départementaux jouent un rôle majeur en matière d’action sociale ce qui a des conséquences importantes en matière de lutte contre la pauvreté, de logement, d’accompagnement de l’enfance en danger…
Les décisions prises par ces collectivités impactent directement la capacité de réussir de nos élèves, en particulier les plus fragilisé·es.
Dans le même ordre d’idée, ces collectivités déterminent les tarifs de restauration, versent des fonds sociaux, déterminent la sectorisation des établissements. Elles peuvent permettre la gratuité pour nos élèves de certaines ressources pédagogiques, en particulier les manuels scolaires ou les appareils numériques.
Des représentants présents dans de multiples instances
Les départements et les régions ont des représentant·es dans tous les conseils d’administration des collèges et lycées où ils côtoient les représentant·es de la communauté éducative des établissements.
La qualité de ces échanges influe sur le climat de l’établissement.
Par ailleurs les comités académiques de l’Éducation nationale (CAEN) ont la main sur la carte des formations professionnelles par exemple. Or ils sont co-dirigés par les président·es de Région et par les recteurs ou rectrices. Ils ont donc là aussi une importance majeure, et la qualité de la relation Etat/collectivité y est fondamentale.
Dans les établissements, les collectivités peuvent accompagner l’apprentissage de la citoyenneté en mettant en place des budgets participatifs par exemple.
Des collectivités parties prenantes des politiques éducatives numériques
Les conseils départementaux et régionaux financent également le numérique et conditionnent de ce fait dans une large mesure son utilisation dans le cadre pédagogique.
La mise en place de réseaux internes, l’accès à Internet, l’équipement en postes informatiques et en matériel de vidéoprojection, en classes mobiles, la dotation d’appareils individuels pour nos élèves font partie de leurs prérogatives, tout comme l’accès à des services numériques comme les espaces numériques de travail et les ressources qu’ils proposent, les services de vie scolaire et de suivi des élèves (évaluation, travail à faire, communication avec les familles…).
Ces collectivités mobilisent aussi pour cela les financements de l’État et de l’Union européenne.
L’enjeu numérique, dans la période, a montré son importance pour la continuité scolaire et dans le nécessaire équipement des élèves en matière d’outils numériques. Dans ce domaine comme dans d’autres, on voit également à quel point la nécessité d’une gouvernance commune est nécessaire : la formation des personnels, la définition d’un panier de services de base… doivent permettre de tirer pleinement profit de ces outils qui appartiennent au quotidien, tant des personnels que des usagers.
La crise sanitaire a mis en lumière les différences entre les territoires et montré qu’en cette matière comme dans d’autres, les choix politiques étaient importants.
Formation professionnelle : les régions chefs de file
Les régions, en partie fusionnées en 2015, ont vu le champ de leurs compétences s’étendre et se diversifier au fil des lois de décentralisation : soutien aux politiques d’éducation, définition de la carte des formations, information aux métiers et à l’évolution de l’emploi (avec la responsabilité très virtuelle pour l’instant des 54 heures dédiées à l’orientation dans le nouveau lycée), schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (SRESRI) et bientôt coconstruction d’un schéma directeur des formations technologiques.
La politique en matière d’orientation est particulièrement sensible dans cette période et impacte directement le travail de nos collègues psychologues de l’Éducation nationale et leurs nombreuses missions en dehors des établissements scolaires. C’est une autre illustration de l’imbrication des décisions des collectivités territoriales et de l’État.
Ces élections régionales et départementales sont donc fondamentales pour le système éducatif, le Sgen-CFDT appelle donc ses adhérent·es à se mobiliser et à voter à ces élections pour des partis républicains. Cela exclut pour notre organisation syndicale un vote pour une quelconque liste présentant des candidat·es issu·es du Rassemblement National, parti antisyndical et antidémocratique.