Le Ministère a choisi de lancer une grande enquête nationale en direction de l'ensemble des enseignant·es du premier comme du second degré, une enquête destinée à recueillir des données sur la réalité du travail des personnels et leur perception du métier.
Le Sgen-CFDT, soucieux de la qualité de vie au travail des personnels, défend l’idée de donner la parole aux agents afin qu’ils puissent s’exprimer et agir sur leur travail : Parler travail est pour toute la CFDT un élément essentiel du bien-être au travail.
Le ministère a décidé de proposer un questionnaire soumis à l’ensemble des enseignant·es. Ne nous leurrons pas, l’enquête proposée par le ministère ne poursuit pas les mêmes objectifs que ceux de la CFDT. Néanmoins, il peut être utile de s’en saisir.
Un dialogue social encore une fois mis à mal
Une première version du questionnaire avait fuité dans la presse avant la tenue de la réunion au cours de laquelle les organisations syndicales étaient sensées l’étudier et proposer des modifications. Lors de cette réunion du 2 mars 2020, de nombreuses modifications ont été suggérées par les organisations présentes, rendant pour partie obsolète le questionnaire diffusé initialement. Une communication ministérielle pour le moins hasardeuse qui, une fois de plus, traduit la fragilité du dialogue social depuis le début de ce quinquennat.
Un questionnaire destiné aux enseignants du premier et du second degré
Composé de 42 questions au départ, cette enquête doit permettre aux 871 000 enseignant·es du public et du privé sous contrat de parler de leur métier tel qu’ils/elles le vivent dans leur(s) établissement(s), leur(s) école(s). Il s’agit, pour le Ministère, de recueillir des données sur les conditions d’exercice des personnels enseignants et de créer ainsi un espace de dialogue permettant à chacun de s’exprimer sur différents sujets :
- la formation,
- les relations au sein de l’institution, de l’établissement, de l’école,
- les relations avec les collègues, les élèves, les partenaires,
- le métier en lui-même et son évolution possible,
- les perspectives.
Si établir une photographie à un instant T de la profession est plutôt une excellente idée, le Sgen-CFDT s’interroge sur l’usage qu’en fera le ministère, d’autant qu’une fois de plus l’enquête peut être remplie plusieurs fois par la même personne, et par des personnes qui ne sont pas des enseignant.e.s.
Un sujet polémique : la formation durant les congés
Parmi les sujets abordés au sein cette enquête, la présence d’une question autour de la formation durant les vacances scolaires fait débat. Cette possibilité est déjà prévue par un décret de 2019 qui avait reçu un vote unanime contre des organisations syndicales en comité technique ministériel. Ce texte en fixe les conditions et prévoit une rémunération en heures supplémentaires.
Pour le Sgen-CFDT, la formation pendant les vacances scolaires ne peut être obligatoire.
Elle doit relever du volontariat des agents et être rémunérée, deux conditions qui ne peuvent être dissociées.
Une enquête enseignants dont il faut se saisir
Cette enquête est un espace offert aux enseignants pour exprimer leurs attentes, leurs difficultés dans leur métier. Le ministère prévoit d’en dévoiler les résultats lors du colloque des 30 et 31 mars prochain. Ce serait aussi une base de travail pour améliorer la gestion des ressources humaines. Le Sgen-CFDT souligne l’intérêt de donner la parole aux personnels, de leur permettre de parler travail. Il est cependant réservé quant à l’utilisation qui en sera faite et aux suites qui lui seront données. Par ailleurs, il existe d’autres sources pour faire un état du rapport des personnels enseignants à leur travail et à leur employeur : les remontées et analyses des syndicats représentatifs, les rapports de la médiatrice de l’Éducation nationale et aussi des travaux de recherche sur le sujet. C’est en travaillant avec l’ensemble de ces ressources que l’on pourrait avancer vers une amélioration des conditions de travail et d’exercice des personnels.