Les déclarations du Président MACRON, faisant de l'éducation un domaine présidentiel réservé, interpellent. Le Sgen-CFDT réaffirme que c’est un domaine qui doit être partagé avec toutes ses parties prenantes. Ces annonces sont hors-sol, loin des enjeux de l'enseignement agricole et de ses défis.
L’enseignement agricole n’est pas un domaine réservé
Les dernières annonces du Président MACRON concernant l’éducation, considéré par ce dernier comme étant un « domaine présidentiel réservé » ont surpris. Elles génèrent une forte inquiétude, que ce soit du côté de l’Éducation nationale comme au sein de l’Enseignement agricole. La fédération Sgen-CFDT considère que l’éducation est un domaine partagé qui doit faire l’objet d’un dialogue social de qualité et d’échanges nourrit. Pour le Sgen-CFDT, les réformes du système éducatif ne peuvent se faire qu’avec les personnels et leurs représentant.es et dans la concertation. Pour citer le Président en son discours « il faut faire cela ensemble ».
Luc MAURER (adjoint au DGER) a indiqué en réponse que « le DGER et moi-même sommes attachés à un dialogue social de qualité dont nous reconnaissons l’importance qu’il soit formel ou informel. Nous le souhaitons le plus constructif et organisé possible ». Le Sgen-CFDT est dans cet état d’esprit.
Nouveaux calendriers, nouvelles réformes
Le rythme actuel des reformes met à la peine les équipes, qu’elles soient pédagogiques ou de direction. Le Sgen-CFDT le souligne régulièrement. L’annonce du changement de calendrier des épreuves anticipées du bac général était attendu par les enseignants comme les familles. Ce qui pourrait apparaître comme une bonne nouvelle va aussi à nouveau désorganiser, pour un temps, le travail d’équipes fatiguées par ce type d’annonces déstabilisantes. Il apparaît plus que jamais, nécessaire de mesurer ce qui signifie sur le terrain, une réforme de plus, qui défait ce qui a été fait. L’institution perd sa crédibilité.
L’administration a indiqué que les épreuves du baccalauréat dites anticipées de mars seront de nouveau replacées en juin.
L’histoire et l’éducation civique valent mieux que ca
Dans cette même déclaration, le président a présenté sa conception de l’enseignement de l’histoire et de l’éducation civique et morale. Le Sgen-CFDT ne la partage pas. Malgré cette réserve, pouvez-vous nous en dire plus ? Comment cette mesure s’appliquera-t-elle dans l’enseignement agricole ? Vous aurez compris que le Sgen-CFDT sur ce point n’est pas demandeur.
Luc MAURER a indiqué que les dispositions relatives à la laïcité, appliquées à l’Education nationale, seront appliquées à l’identique dans l’enseignement agricole.
De nombreux défis à emporter
Pour le Sgen-CFDT, les enjeux propres à l’enseignement agricole sont d’une autre nature. Pour se développer, pour répondre aux attentes sociétales, notre système de formation doit être renforcé en conservant son identité sans être marginalisé. Les axes de développement à poursuivre sont connus, nous les présentons à nouveau au sein de cette instance :
- améliorer l’orientation des élèves de collèges issus de l’Éducation nationale et une meilleure visibilité de notre système de formation. Un système trop peu connu malgré ses nombreuses qualités et mettre en place les moyens idoines pour recevoir ces élèves.
- une politique de communication performante portant sur notre offre de formation. Sans oublier l’enseignement supérieur avec une attention particulière sur les métiers de l’agro-alimentaire.
- plus de moyens humains et financiers, y compris au sein de votre direction générale, pour que ces moyens soient en adéquation avec les ambitions affichées.
- améliorer les conditions de travail et de rémunérations des agents, titulaires et contractuels. Il faut rendre à nouveau attractif des métiers qui attirent de moins en moins de candidats et de nouveaux talents.
- positionner l’enseignement agricole comme un acteur clé pour accompagner les transitions en cours.
- développer la formation initiale et continue des agents. C’est un levier incontournable pour que notre système de formation conserve ses atouts et sa dynamique.
Réponse de la DGER
Luc MAURER a indiqué que « l’enseignement agricole a su convaincre. Avec ses atouts et ses spécificités. L’administration reconnait que les éléments de la réforme de la voie professionnelle ne nécessitaient pas d’être appliqués dans ses établissements. Seule la mise en place de l’allocation financière concerne l’enseignement agricole. La DGER fera un point en octobre/novembre 2023 avec le ministre sur le temps de travail et la rémunération des agents contractuels rémunérés sur le budget des établissements et qui sont employés en apprentissage et en formation continue (ACB FPCA). La DGER se donne comme objectif de résorber, en lien avec les autorités académiques et les directeurs d’établissement, les situations locales qui ne respectent pas le droit dans la gestion des ACB FPCA ».
Le mot de la fin
Le Sgen-CFDT revient sur cette phrase prononcée par le Président. « C’est qu’on y met de l’argent, au moins 500 millions d’euros sur le fonds d’innovation pédagogique. (…) et que cet argent sera au plus près du terrain et qu’il doit être déboursé au plus vite. Donc je veux des procédures simples. Et je veux qu’on puisse aller très vite pour accompagner ces innovations… ».
Le Sgen-CFDT demande ce qu’il en est aujourd’hui de la partie du fonds d’innovation pédagogique dédié à l’enseignement agricole? et comment cet argent sera déboursé « rapidement » et « au plus près du terrain » ?
Luc MAURER a précisé que « le dispositif d’appel à manifestation d’intérêt (AMI) est aussi une voie de financement nouvelle. La DGER accompagnera les équipes des établissements dans l’acculturation de cette mécanique complète. Elle proposera des webinaires. «
Article co-rédigé avec Béatrice Laugraud (élue Sgen-CFDT au CSAEA).